Rached Ghannouchi propose une médiation entre l’Algérie et le Maroc
Par R. Mahmoudi – Le site britannique Middle East Eye révèle que le leader du parti islamiste tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, aurait contacté il y a quelques jours le Premier ministre algérien, Ahmed Ouyahia, et le chef du gouvernement marocain, Saâdeddine El-Othmani, pour leur proposer ses bons offices, afin, dit-il, d’«atténuer les tensions» entre l’Algérie et le Maroc. Mais cette source n’indique pas à quel titre le leader islamiste tunisien fait cette proposition : l’a-t-il fait au nom de son mouvement ou de l’Etat tunisien, dont il semble représenter, depuis quelque temps, une sorte de diplomatie parallèle ?
Selon Middle East Eye, le chef du gouvernement marocain, Saâdeddine El-Othmani, a démenti avoir reçu toute communication de Rached Ghannouchi. De son côté, Ahmed Ouyahia aurait décliné l’offre, en répondant à son interlocuteur tunisien qu’il ne voyait tout simplement pas «la nécessité d’une quelconque médiation», puisque c’est «au Maroc de cesser sa campagne médiatique ciblant l’Algérie». Allant dans le même sens, une source diplomatique algérienne a expliqué que cette proposition «a peu de chances d’aboutir, car la décision concernant la crise actuelle entre Rabat et Alger dépend complètement du Palais royal».
Ghannouchi semble avoir été motivé dans sa démarche par de précédentes expériences, lorsqu’il a été reçu par le président Bouteflika à Alger, puis par Ahmed Ouyahia lui-même, dans le cadre des efforts diplomatiques entrepris tous azimuts auprès des protagonistes de la crise libyenne.
Ce nouveau rôle que se donne Rached Ghannouchi survient au lendemain de la victoire de son mouvement aux dernières élections municipales, qui lui permet de revenir peu à peu aux commandes du pays, après sa débâcle aux élections législatives de décembre 2017. Lors de la campagne électorale, il avait promis de reconquérir le pouvoir par la base, tout en continuant à composer avec le parti majoritaire, Nidaa Tounes.
Quelques semaines plus tôt, Ghannouchi avait été reçu en chef d’Etat à Bruxelles par la Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Federica Mogherini. Ce qui a été perçu par nombre d’observateurs internationaux de l’Union européenne comme un encouragement fort pour l’accession – ou le maintien – des Frères musulmans au pouvoir dans la région arabe.
R. M.
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