Jour sombre
Par Sadek Sahraoui – Les événements le confirment de jour en jour. La destitution de l’ancienne présidente brésilienne Dilma Vana Rousseff et l’emprisonnement de son mentor Lula da Silva n’ont absolument rien à voir avec une prétendue volonté de moraliser la vie publique brésilienne.
La neutralisation de ces deux personnalités ayant consacré l’essentiel de leur parcours et de leur engagement à réduire les inégalités sociales au Brésil et à combattre le néo-libéralisme sauvage au plan international sont en fait les victimes d’un plan machiavélique consistant à empêcher la mise en place d’un ordre mondial économique et social plus juste et à éviter que ne se constitue un front international contre le néocolonialisme.
La complicité affichée entre Bolsonaro et le juge Sergio Moro, responsable de l’incarcération accélérée de Lula et désigné ministre de la Justice, prouve qu’au Brésil les coups d’Etat judiciaires ont remplacé les coups d’Etat militaires.
Le nouveau président brésilien, Jair Bolsonaro, est donc clairement à considérer comme un agent actif et dévoué du néocolonialisme qui consacrera l’essentiel de son exercice à détruire sur son chemin toutes les initiatives auxquelles ont pris part Dilma Roussef et Lula da Silva pour un monde multipolaire et solidaire.
La première initiative prise par Jair Bolsonaro a d’ailleurs été d’annoncer tambours battants, hier, sa décision inique de transférer l’ambassade du Brésil en Israël de Tel-Aviv à Jérusalem. «Comme nous l’avons déjà annoncé lors de la campagne, nous avons l’intention de transférer l’ambassade du Brésil de Tel-Aviv à Jérusalem. Israël est un Etat souverain et nous devons respecter cela pleinement», a-t-il indiqué sur Twitter.
Dans un entretien publié le même jour par le journal israélien Hayom, favorable au Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, Bolsonaro avait déjà estimé qu’Israël devrait être libre de choisir sa capitale, confirmant ainsi son intention de fouler aux pieds les droits légitimes des Palestiniens (pourtant reconnus par la communauté internationale) et de contribuer activement même à l’exécution du plan orchestré par Israël pour exterminer le peuple palestinien. «Lorsqu’on me demandait, lors de la campagne, si je le ferais une fois devenu président, je répondais : “Oui, c’est vous qui décidez quelle est la capitale d’Israël, pas les autres nations”», a-t-il affirmé toute honte bue à ce quotidien.
L’arrivée de Jair Bolsonaro au pouvoir au Brésil est sans conteste à considérer comme un jour sombre. Un jour sombre annonciateur de tempêtes tumultueuses dans plusieurs régions du monde, à commencer par l’Amérique latine.
S. S.
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