La comédie du Théâtre traditionnel japonais Kyogen «Kobu Uri» s’invite à Alger

théâtre, Kyogen tradition
Théâtre traditionnel japonais, dit Kyogen. D. R.

La pièce de théâtre «Kobu Uri», (Le vendeur de  laminaires), tiré du registre «Kyogen», forme comique du théâtre japonais traditionnel, a été présenté dimanche soir à Alger, devant un public relativement nombreux.

Accueilli à la salle Ibn Zeydoun de l’Office Riadh El Feth (Oref), «Kobu Uri», spectacle d’une quarantaine de minutes créé pendant la dictature militaire des «Shôgun Tokugawa» (1603-1867), illustre l’attitude moqueuse et insolente de la plèbe, envers les «Daimyos» (membres de l’aristocratie militaire féodale du Japon qui avait alors régné du IXe jusqu’à la fin du XVIIIe siècles).

Dans le strict respect du texte et de la mise en scène originels, Tadashi Ogasawara, dans le rôle du «Daïmyo» et son fils Hiroaki, dans celui du jeune «vendeur de laminaires» (algues marines), vont, sur une scène nue et un éclairage standard, se donner la réplique dans des échanges directs, à la diction délibérément grotesque, entretenus dans la langue japonaise, avec un sous-titrage en français.

Montrant l’utilité du «rire libérateur menant au bonheur», selon la tradition japonaise, assumée par le genre comique Kyogen, le spectacle a permis une «subversion des valeurs» et une «inversion momentanée de la hiérarchie sociale».

Daïmyo, grand guerrier se retrouvant sans serviteur pour lui porter son sabre, décide de se rendre seul au Festival de Kyoto.

Sur son chemin, il fait la rencontre d’un jeune vendeur de laminaires, auquel il propose de l’accompagner, lui confiant le statut de l’un de ses serviteurs pour lui permettre ensuite, de porter son sabre.

Embarrassé au départ, le vendeur de laminaires a fini par accepter, subissant les injonctions répétées de son «nouveau maître». Ne pouvant plus supporter, le jeune vendeur se sentant plus fort car en possession du sabre, se retournera  contre son maître lui ordonnant de lui vendre ses algues en chantant, puis en dansant.

Dans des accoutrements traditionnels (kimonos), le père et le fils, menant la trame dans une gestuelle lente avec deux éventails comme accessoires, ont séduit l’assistance qui s’est difficilement adaptée à la pièce au départ, avant de prendre du plaisir à la suivre par la suite, en présence du ministre de la Culture Azzeddine Mihoubi et de l’ambassadeur du Japon en Algérie, Kazuya Ogawa.

Art du rire, le Théâtre Kyogen, «créé il y a 650 ans», selon Tadashi Ogasawara, constitue avec les drames traditionnels représentés dans le «Théâtre du No», apparus bien après, un duo inséparable qui a donné lieu à un théâtre d’une grande richesse, désigné au Japon sous l’appellation générique de «Nôgaku», inscrit en 2008 sur la liste du patrimoine immatériel de l’Organisation internationale pour l’Education, la Science et la Culture (Unesco).

Cette pièce de théâtre «Kobu Uri», programmée à la salle Ibn Zeydoun les 3 et 4 novembre, a été organisée par l’ambassade du Japon en Algérie, en collaboration avec l’Oref.

R. C.

Commentaires

    Ch'ha
    18 novembre 2018 - 1 h 14 min

    Les japonais ont beaucoup d’humour contrairement à ce que les occidentaux pensent, ils n’ont tendance à voir que leur côté très discipliné qui est pour moi une qualité et non un défaut. Ils ont un respect de l’individu.
    En côtoyant des japonais nous échangions bien sûr en anglais…. et quand ils m’ont demandé de quel pays j’étais originaire Algeria et eux m’ont répondu Northern Africa et je dois dire que sur le moment ça m’a fait bizarre d’entendre Northern Africa car en France c’est arabe qui est associé et même « sale arabe »..
    Ce sont vraiment des êtres charmants très très respectueux et avec beaucoup d’humour.
    La pièce devait être un régal.
    J’ai vu un spectacle de danse japonaise moderne et toujours ce sens très épuré qui est très plaisant d’ailleurs.

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