Amnesty et HRW : «La torture est une pratique courante au Maroc»
Amnesty International a appelé à un «procès équitable» en appel pour les militants du mouvement du Hirak déclenché en 2016 par la mort d’un vendeur de poissons, broyé dans une benne à ordure en tentant de s’opposer à la saisie de sa marchandise. Entre mai et juillet 2017, les forces de sécurité marocaines ont arrêté des centaines de manifestants du mouvement, dont des dizaines de mineurs. Depuis, la justice marocaine continue de déclarer coupables des centaines de manifestants, journalistes et défenseurs des droits humains.
L’ONG de défense des droits de l’homme a dénoncé, à l’occasion, des condamnations en première instance «fondées sur des ‘’aveux’’ extorqués sous la torture et des conditions inhumaines» de détention des accusés. «Les autorités judiciaires du Maroc doivent veiller à ce que le procès en appel ne se résume pas à un nouveau simulacre de justice émaillé de plaintes pour torture et autres violations du droit», déclare l’organisation dans un rapport rendu public ce matin.
Le procès en appel du chef de file du Hirak, Nasser Zefzafi et de ses compagnons du mouvement de protestation dans la région du Rif (Nord), a débuté le 14 novembre à Casablanca, cinq mois après leur condamnation en première instance à des peines allant jusqu’à 20 ans de prison. «Le gouvernement marocain a utilisé (une) procédure légale entachée d’irrégularités pour sanctionner et réduire au silence d’éminents manifestants pacifiques (…) et pour dissuader les citoyens de s’exprimer», a déclaré Heba Morayef, la directrice régionale d’Amnesty dans un communiqué, en dénonçant une «erreur judiciaire flagrante».
Nasser Zefzafi avait déclaré en audience que des policiers «l’ont frappé lors de son arrestation le 29 mai 2017 et ont menacé de violer sa mère âgée devant lui», rappelle Amnesty. Après son arrestation, Nasser Zefzafi «a été placé à l’isolement plus de 15 mois» pendant l’enquête «dans des conditions s’apparentant à de la torture», selon Amnesty. Un de ses camarades, Hamid El Mahdaoui, est détenu à l’isolement depuis plus de 470 jours, une période si longue qu’elle constitue un acte de torture», poursuit l’ONG dans son rapport repris par de nombreux médias.
L’organisation Human Rights Watch (HRW) avait déjà appelé, elle aussi, la justice marocaine à tenir compte de rapports médicaux faisant état de tortures pendant la procédure. Toutes les accusations de violences policières ont jusqu’à présent été systématiquement rejetées par les autorités marocaines, regrette HRW.
S. S.
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