Accord UE-Maroc : le Parlement européen trahit les Sahraouis
Par Sadek Sahraoui – Le Parlement européen a donné ce mercredi son feu vert à une modification de l’accord commercial entre l’Union européenne et le Maroc afin qu’il inclue le Sahara Occidental occupé. Saisie par le Front Polisario, la Cour de justice de l’Union européenne avait estimé, en décembre 2016, que l’accord UE-Maroc de 2013 ne pouvait s’appliquer au Sahara Occidental, à moins que des représentants de ses habitants n’y consentent et que le territoire soit explicitement mentionné dans le texte de l’accord. Mais le Parlement européen est passé outre la décision de la CJUE. Il encourage de fait l’occupation illégale par le Maroc du Sahara Occidental.
Le Front Polisario a condamné fermement la décision «illégale» et à «courte vue» du Parlement européen. «Le vote d’aujourd’hui a été pris dans un climat dépourvu de sérieux et de transparence», a souligné le ministre représentant pour l’Europe du Front Polisario, Mohamed Sidati, dans un communiqué publié suite au vote du Parlement européen approuvant l’accord de libre-échange entre l’UE et le Maroc étendu au Sahara Occidental. «Cet acte porte un coup non seulement aux défenseurs des droits humains et au droit international, mais aussi au processus de paix conduit par l’ONU que l’Union européenne prétend elle-même défendre», a dénoncé le ministre sahraoui. «Nous pressons les Etats membres de l’UE de reconsidérer le vote non obligatoire d’aujourd’hui et de changer de cap immédiatement», a-t-il insisté.
Le responsable sahraoui a souligné, en outre, qu’après 40 longues années, un «processus de paix crédible conduit par l’ONU est en voie de réalisation», ajoutant que «grâce à la gestion active de l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU et au leadership des Etats-Unis, il existe enfin une possibilité réelle de s’atteler à la tâche difficile de forger une paix soutenable». Mais la décision prise aujourd’hui par le Parlement européen vient saper, a-t-il déploré, «ces progrès et préjuge de l’issue des négociations de paix». «Il est absurde que l’UE nous demande régulièrement d’éviter des pas qui pourraient saper le processus de paix ou préjuger de son issue et qu’elle adopte elle-même, volontairement, une démarche aussi déstabilisante en allant contre les jugements de sa propre Cour de justice», a encore dénoncé la diplomate sahraoui, invitant l’UE à développer «une politique cohérente qui soutienne la paix dans notre région». M. Sidati a également appelé l’UE «à différer la mise en œuvre de cet accord commercial et, à la place, proposer un plan qui fasse du commerce un encouragement à un accord de paix négocié».
En attendant, le Front Polisario, agissant au nom du peuple du Sahara Occidental, envisage, selon M. Sidati, de suivre «toutes voies légales pour renverser la décision d’aujourd’hui», précisant qu’«un défi juridique immédiat contre cet accord» sera engagé par le Front. «Nous avons une très grande confiance, soutenue par nos conseillers, dans le fait que la décision européenne ne survivra pas à un examen juridique», a-t-il fait savoir, avant de souligner que le Front Polisario «n’hésitera pas à faire respecter le droit international et les droits du peuple sahraoui» et que «l’UE doit maintenant réfléchir à son attitude» à l’égard de cette question.
«La paix exige de chacun de jouer un rôle constructif. L’ONU exerce ses responsabilités, le Conseil de sécurité a émis une position claire, de même que les Etats-Unis et l’Union africaine. Comme partie prenante du processus de paix, le Front Polisario donne une chance réelle aux négociations. Malheureusement, l’Union européenne exerce par cette décision une influence négative vis-à-vis de l’effort collectif international et renforce un statu quo inacceptable», a rappelé M. Sidati.
S. S.
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