Révolution du système éducatif ou l’école 3.0 (2)

éducatif
Classe d'informatique. D. R.

Par Mourad Hamdan(*)   Les traces laissées sur l’e‐portfolio par l’apprenant favorisent la prise de conscience de son activité à un niveau métacognitif. Enfin, l’utilisation d’un tel outil peut encore permettre à chaque individu de prendre conscience de sa propre manière d’apprendre et de développer ses capacités conatives en apprenant à gérer ses efforts, son implication, ses émotions, son temps, sa mémoire, sa motivation pour entretenir, renforcer ou réactiver le désir d’apprendre.

Quand l’IA s’immisce dans le champ éducatif

La technique d’intelligence artificielle (IA), très en vogue en ce moment, est l’apprentissage automatisé. Une méthode qui nécessite des données, des exemples et des observations pour être calibrée. La plupart des technologies modernes font que notre utilisation laisse une trace : opérations bancaires, clics sur des sites web, contenus de nos messageries, etc. C’est en observant notre comportement (grâce aux traces laissées) que les IA s’y adaptent !

Ce processus d’apprentissage se fait de façon transparente pour nous, et à moins de vouloir définir la manière dont la machine va apprendre (l’apanage des concepteurs et des premiers utilisateurs, aux besoins mal définis), la technologie fonctionnera pour vous.

«Tenter de distiller l’intelligence dans une construction algorithmique peut s’avérer le meilleur chemin pour comprendre le fonctionnement de nos esprits», dixit Demis Hassabis. Pour gagner en efficacité et être capable d’accomplir des tâches de plus en plus complexes dans le monde réel, l’intelligence artificielle ne cesse de combiner «les meilleures techniques de l’apprentissage automatique et des neurosciences des systèmes (sous-domaine des neurosciences qui étudie le fonctionnement du système nerveux sous l’angle de l’analyse des systèmes et des réseaux) pour aboutir à de puissants algorithmes d’apprentissage généraliste». En combinant la technique d’apprentissage automatique dite «deep learning» avec une technique appelée «apprentissage par renforcement» (qui est inspirée par les travaux de psychologues tels que B. F. Skinner notamment sur le conditionnement opérant) on aboutit à la technique fusionnée nommée «deep reinforcement learning» qui consiste à apprendre en effectuant des actions et en observant les effets et conséquences, de la même manière que les humains ou les animaux. Dit autrement, une partie du processus d’apprentissage suppose une analyse des expériences passées à plusieurs reprises pour tenter d’en extraire des informations plus précises pour agir plus efficacement à l’avenir. Ce mécanisme est très proche de ceux qui ont lieu dans le cerveau humain.

C’est donc en n’utilisant plus qu’un seul réseau neuronal d’apprentissage profond contre deux précédemment (association du «réseau de décision» de type décisionnel et du «réseau de valeur» de type prédictif) que cette nouvelle technique d’apprentissage (issue de la fusion des deux réseaux neuronaux) est beaucoup plus puissante en raison du fait que les limites de la connaissance humaine ne la contraignent plus. Ses prouesses sont si étonnantes qu’elle est même capable d’apprendre en partant d’une feuille blanche !

Cependant, bien qu’il puisse évoluer en se passant de données humaines, un programme d’IA (en l’état de l’art actuel) a besoin de travailler sur un problème structuré avec des règles claires et un minimum d’imprévu. Mais ce qu’il faut bien retenir, c’est que de telles capacités ouvrent des perspectives très prometteuses aux apprenants en leur offrant la possibilité d’apprendre à l’aide d’un assistant et ce dans toutes les matières et à tous les niveaux.

Google Classroom 2019

Depuis déjà plusieurs années, les écoles tendent à devenir de plus en plus numériques. La dernière version de Google Classroom arrive avec de nouvelles fonctionnalités pour rendre plus simple non seulement l’organisation des classes mais aussi l’apprentissage.

L’objectif principal de Google est de faciliter l’expérience utilisateur. De cette façon, Classroom présente une nouvelle conception, avec des couleurs, des typographies ou encore des formes plus intuitives pour les utilisateurs. 78 nouveaux thèmes sont lancés afin de mettre en avant les matières telles que l’histoire, la géographie, les sciences naturelles ou encore les mathématiques avec des illustrations adaptées. Les enseignants vont être ravis car Google Classroom vient directement accompagner le parcours de la classe. Il est désormais possible de :

  • discuter en temps réel avec sa classe ;
  • organiser son planning de cours à travers l’application ;
  • faire glisser instantanément les fichiers dans les zones de travail et transmettre ainsi aux élèves les sujets.

Pour rejoindre le groupe mis en place sur Classroom, il suffit aux élèves d’entrer un code unique. De plus, il est tout à fait aisé de corriger et donner ses retours directement sur les dossiers des élèves.

L’école tend donc à utiliser de plus en plus de technologie. Au Japon, un robot a d’ores et déjà pris la place du professeur. Le futur de l’école paraît être en pleine (r)évolution !

Conclusion

La conception d’un outil de suivi pour l’élève de ses propres activités dans un environnement d’apprentissage à distance (EAD) débouche sur de nombreux concepts qui touchent autant le domaine de l’ingénierie des traces numériques que celui des portfolios électroniques. Les bénéfices d’utilisation d’un portfolio électronique sont plus importants lorsqu’il est lié à une approche d’apprentissage ou d’enseignement plutôt que comme une entité discrète.

Un site instructif constituant un EAD et proposant des activités d’étayage pédagogique en rapport avec les objectifs d’apprentissage (connaissances à acquérir et compétences à développer), voit la métaphore choisie de l’école renforcée par la mise à disposition d’une identité virtuelle destinée aux utilisateurs du site en question.

Désormais, un apprenant peut disposer d’un espace personnel assorti d’une fonctionnalité essentielle de collecte de traces volontaires laissées lors de l’exercice d’une activité et d’un outil de suivi (pour apprendre mais aussi apprendre à apprendre) de son parcours, tous susceptibles d’évoluer. La conception d’une interface professeur qui permet de créer une classe virtuelle, donne la possibilité de suivre l’activité d’un groupe d’élève et ainsi d’adopter une posture de tuteur ou d’accompagnement de l’apprentissage dans une optique de guidage.

Ce dernier point ouvre la voie vers le développement de fonctionnalités essentielles de communication et de connexion. La plateforme d’apprentissage à distance que représentait le site web éducatif se transforme de ce fait en une ébauche d’environnement personnel d’apprentissage. A la lumière d’un paradigme d’apprentissage plutôt que d’enseignement, ce dispositif met l’élève au centre de la gestion et de l’acquisition de ses savoirs. Il permet à l’apprenant de développer son autonomie et des capacités d’autoévaluation à travers une prise de conscience des apprentissages réalisés.

L’intégration des fonctionnalités des e‐portfolios dans un EAD constitue un saut qualitatif du fait qu’elle aboutit à l’obtention d’un outil à potentiel élevé. Les intentions pédagogiques qui sous‐tendent l’utilisation d’un tel système et les bénéfices attendus des fonctionnalités essentielles ouvrent des perspectives d’évolution.

Les plans futurs de développement capitaliseront les points de vue concepteur et développeur (en ingénierie pédagogique des environnements informatiques d’apprentissage humain (EIAH) et en intelligence artificielle pour implémenter des fonctionnalités nouvelles à même de permettre une utilisation optimale du potentiel très important de ce nouvel outil.

M. H.

(*) Consultant en management

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