Des imams attaquent Benghebrit : l’Etat ne contrôle plus les mosquées ?
Par R. Mahmoudi – Lors du prêche du vendredi, des imams dans certaines mosquées du pays ne se sont pas gênées de s’en prendre ouvertement à la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, en relayant la campagne qui a été lancée dans les médias et sur les réseaux sociaux au sujet de la prière dans les écoles.
Selon des comptes rendus de la presse locale, des imams ont considéré que toute atteinte à la prière est «une atteinte à la religion», qui doit être, selon eux, «une ligne rouge à ne pas franchir». D’autres ont choisi de consacrer le thème de leur prêche aux «bienfaits de la prière» ou à «l’apprentissage de la prière aux enfants», allusion claire à la mesure d’interdiction prise par la ministre de l’Education. D’autres, encore plus hardis, citent des hadiths mettant en garde ceux qui incitent les gens à abandonner la prière.
Un imam de la ville d’El-Eulma s’est même permis, selon des correspondants locaux, d’ironiser sur cette décision de Mme Benghebrit, en lançant : «Ils ont fermé les yeux sur tous les fléaux et dérives qui infestent les milieux scolaires et n’ont vu que cette petite minorité d’élèves qui font leurs prières à l’intérieur des écoles !»
Au-delà de la polémique qui met aux prises la ministre de l’Education aux milieux conservateurs, l’implication des imams dans une campagne visant un membre du gouvernement dans la conjoncture sonne comme un double affront à ce même gouvernement : contre la ministre de l’Education mais, surtout, contre le ministère de tutelle, qui est censé avoir le contrôle sur la conduite de tous les personnels des mosquées, ainsi que sur le contenu des prêches qui y sont prononcés.
Ces attaques viennent mettre en doute les assurances du ministre des Affaires religieuses, Mohamed Aïssa, sur la reprise en main de la situation dans les mosquées du pays, après les tentatives de sédition lancées, il y a quelques mois, par des groupes de salafistes pour faire main basse sur les lieux de culte. Le ministre a été à nouveau mis à l’épreuve par une contestation, initiée, curieusement, à la même période par des syndicats d’imams, officiellement pour réclamer des droits sociaux. La suite des événements a montré qu’au moins une partie d’entre eux voulait plus de pouvoir.
R. M.
Comment (38)