Des mères de détenus incarcérés pour port du drapeau amazigh témoignent
Par Kamel M. – Zahwa Oudihat, Farida Ouidir et Tassadit Bouzidi, mères éplorées de manifestants incarcérés pour avoir brandi le drapeau amazigh, ont témoigné leur colère contre le régime «funeste» que dirige le chef d’état-major de l’armée d’une main de fer.
«Nos fils sont jeunes et ils aiment leur pays. Ils sont sortis manifester pour réclamer leurs droits», se sont indignées les trois mères, en affirmant que tout le peuple soutient leurs enfants injustement emprisonnés.
«Nos enfants et tous les autres jeunes manifestent contre l’injustice et la mal-vie», a expliqué l’une d’elles, qui rapporte les propos de son fils avant de quitter le domicile familial en direction d’Alger pour participer au mouvement populaire de contestation du vendredi. «L’Algérie est ruinée, laisse-moi me révolter ! Que nous reste-t-il ? Le pays est rongé par le népotisme et le déni de justice. Nous sommes des morts-vivants !» s’est exclamé le jeune privé de liberté pour avoir affiché son identité amazighe. «Si Gaïd-Salah renie son identité, c’est son problème !» a affirmé cette mère qui retenait ses larmes courageusement pour ne montrer aucun signe de faiblesse face au pouvoir.
S’exprimant sur la chaîne Berbère Télévision, ces mères expliquent qu’au début, il n’était question que d’une garde à vue de 48 heures. Mais il semble que des instructions soient «venues d’en haut» pour conduire les manifestants à la prison d’El-Harrach dans ce qui s’apparente à une provocation.
Les trois mères n’ont pas manqué de rendre hommage au moudjahid Lakhdar Bouregâa «qui a fait la guerre pour libérer le pays et qui a fini en prison», ont-elles regretté avec dégoût. «Nos familles comptent de nombreux martyrs morts pour que le pays soit entre les mains de Gaïd-Salah. Nous avons perdu nos parents, maintenant ils prennent nos enfants, c’est un régime qui nous réserve des jours sombres», ont-elles dénoncé avant de défier Gaïd-Salah : «Le drapeau amazigh sera brandi aujourd’hui et demain, c’est leur pays, ils marchent et défilent comme ils veulent, ils sont libres !»
Et de sommer le chef de l’armée de libérer tous les détenus «obligatoirement». «Ce n’est pas un service qu’il nous rendra», ont-elles souligné avec force, en fustigeant un «pouvoir injuste» dont les tenants «partiront tous et laisseront ce pays à ses enfants qui le travailleront et le développeront».
K. M.
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