Le Parlement européen appelle à la libération «immédiate» de tous les détenus d’opinion en Algérie
Par Mounir Serraï – Le Parlement européen a adopté une résolution sur l’Algérie au ton très fort. En effet, cette institution hautement politique, qui représente les gouvernements des 27 membres de l’UE, apporte clairement son soutien à la révolte populaire pacifique des Algériens et appelle à la satisfaction des revendications du Hirak.
Le Parlement européen condamne ainsi, et de manière vive, «les atteintes aux droits de l’Homme, l’arrestation arbitraire et illégale, la détention, les intimidations et les attaques de journalistes, de syndicalistes, d’avocats, d’étudiants, de défenseurs des droits de l’Homme et de la société civile ainsi que de tous les manifestants qui participent aux manifestations pacifiques du Hirak».
Il demande aux autorités algériennes «la libération immédiate et inconditionnelle de toutes les personnes inculpées pour avoir exercé leur droit à la liberté d’expression, et notamment Hakim Addad, Abdelouahab Fersaoui, Massinissa Aissous, Djalal Mokrani, Ahmed Bouider, Kamel Ould Ouali, Karim Boutata, Ahcene Kadi, Wafi Tigrine, Khireddine Medjani, Samir Belarbi, Karim Tabbou, Fodil Boumala, Lakhdar Bouregâa, Samira Messouci, Ibrahim Daouadji, Salah Maati, Sofiane Merakchi, Azeb El Cheikh, Fouad Ouicher, Saïda Deffeur ainsi que les autres manifestants pacifiques, défenseurs des droits de l’Homme et journalistes arbitrairement détenus alors que leurs activités sont autorisées par le droit algérien et conformes aux instruments internationaux en matière de droits de l’Homme que l’Algérie a ratifiés». Le Parlement européen réclame également «la levée de l’interdiction de déplacement et de la condamnation avec sursis de Slimane Hamitouche, Abdelmonji Khelladi et de Mustapha Bendjama».
Il appelle le pouvoir algérien à supprimer toutes les restrictions aux manifestations pacifiques qui ne sont pas absolument nécessaires ou proportionnées au sens des dispositions de l’article 21 du pacte. Il appelle «les autorités algériennes à effectivement supprimer et à empêcher toute forme de recours excessif à la force par les forces de l’ordre lors de la dispersion de rassemblements publics». Les députés européens condamnent vivement le recours excessif à la force qui s’est traduit par la mort de Ramzi Yettou.
Le Parlement européen estime dans sa résolution qu’«une justice indépendante est l’un des éléments fondamentaux du fonctionnement d’une démocratie et invite les autorités algériennes à encourager et à assurer l’indépendance de la justice».
Il invite «le Service européen pour l’action extérieure, la Commission et les Etats membres à soutenir les groupes de la société civile, les défenseurs des droits de l’Homme, les journalistes et les manifestants, notamment par l’organisation de visites en prison, le suivi des procès et des déclarations publiques, à soutenir la commission du BNUA et d’autres organisations actives dans la défense des droits de l’Homme, ainsi qu’à suivre de près la situation des droits de l’Homme en Algérie au moyen de tous les instruments disponibles, dont l’instrument européen pour la démocratie et les droits de l’Homme».
Il demande «la libération immédiate et inconditionnelle des 42 manifestants arrêtés pour avoir brandi le drapeau amazigh» et considère qu’«une solution soit trouvée à la crise sur la base d’un processus politique pacifique et ouvert». Le Parlement européen se dit «convaincu que des réformes démocratiques et un dialogue constructif et inclusif assurant la stabilité politique, économique et sociale de l’Algérie permettrait de relancer une Union du Maghreb arabe prospère, condition d’une coopération réussie entre les deux rives de la Méditerranée».
Le Parlement européen charge son président de transmettre la présente résolution à la vice-présidente de la Commission et haute représentante de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, au Conseil, à la Commission, aux gouvernements et aux parlements des Etats membres, à la délégation de l’Union européenne à Alger, au gouvernement algérien, au secrétaire général des Nations unies, au Conseil des droits de l’Homme des Nations unies et au Conseil de l’Europe.
M. S.
Comment (82)