Sofiane Djilali : «La préoccupation de l’institution militaire est de rester maîtresse du jeu»
Par Mounir Serraï – Le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali, exprime de vives inquiétudes quant à l’avenir du pays. Le maintien de l’élection présidentielle du 12 décembre constitue, selon lui, un danger qui risque d’entraîner le pays dans «un désordre chaotique». «Le pouvoir a montré une grande incompétence politique, à tel point que l’on se demande parfois s’il n’aggrave pas la situation volontairement ! Alors que les Algériens exigeaient des changements politiques profonds, la préoccupation de l’institution militaire est de rester maîtresse du jeu», affirme cet homme politique dans un entretien publié aujourd’hui dans les colonnes d’El-Watan.
«Dans sa posture, elle avait, de son point de vue, quelques arguments à faire valoir : l’effondrement du régime politique ne devait pas entraîner l’affaiblissement de l’Etat algérien ; le passage à un nouveau système politique devant être ménagé car le spectre des années 1990 est toujours là», souligne le président de Jil Jadid qui regrette que «le pouvoir s’est révélé incapable d’opérer de telles mutations. Il n’a pas su communiquer ni être convaincant dans ses intentions. Il a lancé, sans cesse, des signaux contradictoires aux citoyens. Pourtant, la question de la confiance est au cœur de la crise.»
«Aller à l’élection présidentielle dans ce climat aggravera la crise. En plus, si l’on devait se fier aux rumeurs persistantes sur le choix du futur Président, il faudrait s’attendre à une immense désapprobation populaire. Après près d’une année de manifestation, l’armée n’aurait pas trouvé mieux que de remettre en selle le RND et le FLN, symboles du régime honni ! Sincèrement, tout cela ne présage rien de bon», poursuit Sofiane Djilali qui appelle le pouvoir à se ressaisir afin de ramener la sérénité et le calme dans le pays et rétablir la confiance entre l’Etat et le citoyen.
«On ne peut prendre la responsabilité de gérer une situation aussi délicate en ayant comme seule méthode l’entêtement», estime-t-il, considérant que l’annulation de cette élection est plus que nécessaire pour aller vers un règlement définitif de la crise et construire une nouvelle Algérie démocratique.
Sofiane Djilali appelle dans ce contexte l’opposition à unifier ses forces pour préparer une issue à cette crise. «Dans tous les cas de figure, l’opposition doit rester calme et travailler à faire émerger, malgré les obstacles, un consensus politique. Tôt ou tard, le pouvoir devra retrouver sa lucidité et faire les concessions impérieuses pour assurer au pays un avenir serein. L’Algérie a besoin de tous ses enfants, sans exclusion. Chacun doit être libre, tout en respectant la liberté des autres», soutient-il.
M. S.
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