Sofiane Djilali : «Le pouvoir devra accepter des changements fondamentaux»
Par Mounir Serraï – Le président de Jil Jadid, Sofiane Djilali, estime que le pouvoir n’a pas le choix que de faire des concessions dans le sens voulu par le Hirak. «En apparence, il vient de remporter une manche. Formellement, il s’est donné une légalité juridique avec cette élection. En réalité, le régime politique s’est effondré. L’Algérie aura donc à en reconstruire un nouveau», affirme ce chef politique qui considère que le pouvoir est contraint de «changer très largement le personnel politique et exécutif, d’une part, et de faire évoluer significativement l’organisation de l’Etat et des règles de son fonctionnement», d’autre part.
«Le pouvoir devra donc accepter des changements fondamentaux et dans le sens de la demande populaire. Il n’a plus le choix car le chaos guette le pays», soutient Sofiane Djilali. Il devra, selon lui, convaincre les Algériens en faisant des concessions significatives pour ressouder le pays dont l’unité a été mise en danger par ses pratiques.
Sofiane Djilali affirme que «des signaux lourds ont été envoyés à l’opinion publique. Le score rachitique de l’association FLN-RND, intentionnel, reflète la disgrâce de ce tandem, éternels instruments de l’escroquerie politique et morale de l’ancien régime». «Le choix des candidats et la répartition des scores du scrutin annoncent donc une reconfiguration générale du champ politique. Elle se fera au détriment d’une classe politique, pour l’essentiel obsolète et inutile et, pourquoi pas, en faveur du Hirak, et des nouvelles générations qui s’en réclament», poursuit-il.
Tout en refusant toute imposture présentant des individus propulsés par les appareils médiatiques comme représentants du Mouvement populaire, Sofiane Djilali ne tourne pas totalement le dos au dialogue. Assurant qu’il n’a pas soutenu l’élection présidentielle, ni aucun candidat d’ailleurs, il précise que Jil Jadid interagira avec responsabilité avec le président de la République, qui l’est ainsi de fait. «Nous aurons à prendre position, en toute indépendance, sur les différents sujets. Nous jugerons, au fur et à mesure, des actes concrets que décideront les autorités, en fonction des objectifs du Mouvement populaire, soit la construction de l’Etat de droit – dans les faits et non pas dans les discours – et la démocratie», souligne Sofiane Djilali, qui dit attendre donc «des gestes forts de la part du Président, avec une libération immédiate des détenus d’opinion, la libération des champs médiatique et politique avant l’entame d’un dialogue inclusif, sincère et sérieux pour formaliser dans un accord global la volonté populaire».
Cependant, Jil Jadid affirme qu’il n’acceptera pas de subterfuges, ni de fausses solutions.» «Il s’agira d’obtenir de vraies avancées pour le pays et, en aucun cas, une négociation sur un quelconque partage de responsabilités. C’est le sens profond de notre position de principe : aider le pouvoir à s’en aller et non pas à mieux rester», insiste Sofiane Djilali qui ne veut pas «de postes politiques en dehors de ceux que pourraient lui attribuer des électeurs dans un cadre transparent». Il ne participera donc «à aucun gouvernement, ni à aucune fonction politique en dehors de la volonté populaire».
M. S.
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