Les étudiants exigent «une rupture totale» avec le système de gouvernance actuel
Par Mounir Serraï – Fidèles à leur engagement depuis le début du Hirak le 22 février 2019, les étudiants se mobilisent pour leur 54e marche de mardi. A Alger comme dans plusieurs villes universitaires du pays, les étudiants maintiennent la pression en refusant d’abdiquer, de céder à la pression ou à la tentation répressive persistante.
De la place des Martyrs à la Faculté centrale, des milliers d’étudiants, venus de plusieurs campus universitaires de la capitale, réclament un véritable changement et une rupture totale avec le système de gouvernance en marche depuis l’indépendance de l’Algérie, en 1962.
Rejetant le pouvoir de fait et sa démarche réformatrice, les étudiants continuent, comme chaque mardi, de réclamer une période de transition démocratique qui permettra de baliser le terrain pour l’avènement de la nouvelle Algérie dont tout le monde parle. «Makach hiwar, makach hadra, à talqou Karim Tabbou et Fersaoui (pas de dialogue, pas de discussions, libérez Tabbou et Fersaoui)», «Koulna issaba trouh, koulna issaba trouh, ya h’na ya n’touma (on a dit que la bande doit partir, soit nous, soit vous)» ou encore «Echaâb houwa li yeqarrar dawla madania (c’est le peuple qui décide, un Etat civil)» scandaient les étudiants, soutenus et accompagnés par de nombreux citoyens dont des enseignants universitaires.
De par leurs slogans et leurs pancartes, les étudiants s’engagent ainsi à mener le combat jusqu’au bout, estimant qu’il est capital d’en finir avec les pratiques de l’ancien système et d’arriver à mettre en place un système démocratique, avec des garde-fous et des contre-pouvoir afin de permettre au pays d’avancer et d’entrer dans l’ère du développement. «Nous sommes sortis pour faire partir le système dans son intégralité. Il ne s’agit pas seulement de faire tomber Bouteflika et ses hommes mais aussi de marquer une rupture avec ce système qui a ruiné le pays et détruit l’Etat et ses institutions. Nous sommes déterminés à poursuivre le combat pacifique jusqu’à ce que nous arrachions le changement voulu pour un Etat démocratique et social et une Algérie où régnera le droit et le respect des libertés individuelles et collectives», lâche un étudiant de la Fac centrale qui assure n’avoir jamais raté une seule marche depuis le début du Hirak.
La mobilisation a été également appréciable à Oran, à Constantine, à Béjaïa et à Tizi Ouzou. Comme à Alger, les étudiants réclament un processus constituant, rejette l’agenda du pouvoir et dénonce la poursuite de la répression des manifestants. Les étudiants ont également brandi les portraits de détenus politiques, à l’instar de Karim Tabbou et d’Abdelwahab Fersaoui, réclamant leur libération. «Militer et faire de la politique ne sont pas un crime», scandaient des étudiants.
M. S.
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