Mai douloureux

1er Mai crise
La situation des travailleurs algériens s'est énormément détériorée. PPAgency

Par Mounir Serraï – Jamais la célébration de la Journée internationale des travailleurs n’est intervenue dans un contexte de crise aussi massive et aussi profonde que celle que nous vivons depuis deux mois. La pandémie persistante du Covid-19 a fortement impacté le monde du travail à travers la planète, mais aussi chez nous.

De très nombreuses couches sociales subsistant grâce à de petits métiers et des emplois journaliers des plus précaires ont perdu durant cette période exceptionnelle toutes leurs sources de revenus. Beaucoup d’Algériens sont contraints de recourir à la solidarité nationale pour pouvoir affronter ce début de Ramadhan où les produits alimentaires connaissent une hausse substantielle des prix. Rien qu’à voir les files interminables pour obtenir un sac de semoule ou quelques sachets de lait subventionnés pour mesurer la détresse sociale que vivent les couches populaires, confinées sans ressources financières.

A cela s’ajoutent les pertes d’emplois de plus en plus importantes dans le secteur commercial formel, dans le secteur productif et dans les services. Si aucune quantification n’a été encore faite, les premières évaluations font état d’une future catastrophe socioéconomique annoncée. Le taux de chômage a assurément flambé durant cette période de confinement. Et la crise économique risque d’être d’une plus forte magnitude en raison, notamment, de l’amenuisement des ressources financières de l’Etat à cause du crash pétrolier inédit.

Des spécialistes mais aussi des opérateurs économiques tirent la sonnette d’alarme en évoquant le tout proche chaos économique national qui risque de dépasser de loin la crise vécue au début des années 1990. L’Algérie a consommé durant les quatre premiers mois de l’année en cours 10 milliards de dollars de ses réserves et, à ce rythme, il ne restera que des miettes d’ici la fin de l’année, en raison de la chute vertigineuse des recettes pétrolières.

Des lendemains sombres attendent donc les travailleurs qui célèbrent dans la douleur cette fête qui renvoie aux luttes des aînés afin qu’ils aient des droits dans un monde plongé profondément dans une mondialisation des plus cruelles.

Dans son message adressé aux travailleurs algériens, Abdelmadjid Tebboune a tenté de rassurer, en affirmant que «même si toute notre attention est focalisée, ces derniers temps, sur la préservation de la vie et de la santé des citoyens, du fait de la propagation du coronavirus, je tiens à vous réaffirmer mon engagement à résoudre tous les contentieux en suspens, annuler l’impôt sur les petits revenus et préserver les acquis sociaux». Un pari qui reste difficile à tenir dans une conjoncture économique mondiale des plus catastrophiques.

M. S.

Commentaires

    Felfel Har
    1 mai 2020 - 17 h 12 min

    Que sont-elles devenues les festivités qui accompagnaient la Fête du Travail, donc des travailleurs? Depuis le retour de Bouteflika, on ne célèbre plus rien, même pas nos fêtes nationales (1er novembre et 5 juillet) pour ne pas mettre Paris dans la gêne, parait-il, avec ses défilés sur l’avenue de l’ALN (la France par contre, continue de faire étalage de ses forces armées). L’UGTA, naguère le porte-drapeau de la classe ouvrière, s’est glissée, sous la férule d’un Raspoutine alias Sidi Said, dans le lit du pouvoir et du capital.
    Covid-19 n’a donc rien à voir avec les multiples attaques frontales contre ceux qui constituent la colonne vertébrale de la société. Les coupables sont ailleurs!

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