Manipulation et auto-organisation

Mouv manipulateurs
Lors de la manifestation du 31e vendredi à Alger-Centre. PPAgency

Par Kaddour Naïmi – Partout dans le monde, et depuis toujours, tant qu’un mouvement populaire ne se dote pas d’une auto-organisation libre, égalitaire et solidaire, il est victime de soi-disant représentants autoproclamés. Ils manipulent le mouvement populaire, lui faisant croire d’adopter ses objectifs. Parallèlement, ces manipulateurs neutralisent quiconque dénonce cette manipulation, par la stigmatisation, sinon la violence, occulte sinon déclarée.

Quelles que soient les «bonnes» intentions des manipulateurs, ils infiltrent le mouvement populaire (ou son organisation autonome, s’il parvient à la constituer), se proclament (en arguant de leur «savoir» académique ou autre) défenseurs des objectifs du peuple et, finalement, parviennent à faire élire les représentants des manipulateurs. En fait, le mouvement populaire est utilisé uniquement comme masse de manœuvre permettant aux manipulateurs de conquérir le pouvoir étatique, remplaçant ainsi l’oligarchie vaincue par une autre inédite.

Une fois parvenue à son but, cette dernière continue sa manipulation, en se présentant au peuple comme «démocratique», «révolutionnaire», «populaire» ou «sacrée» (accomplissant la volonté divine).

Cependant, les actes montrent qu’ils servent d’abord les intérêts spécifiques de l’oligarchie nouvelle ; accessoirement, si le mouvement populaire présente encore une certaine force, il est calmé (manipulé) par des «amortisseurs sociaux» : des miettes des ressources nationales, dont l’essentiel sert, toutefois, à enrichir et consolider la domination de l’oligarchie nouvelle.

Révolution française, mais de quel type ?

En France, entre 1789 et 1793, les autoproclamés représentants du peuple, l’utilisant comme masse de manœuvre, ont éliminé l’oligarchie féodale puis, une fois au pouvoir, ils ont réprimé les représentants authentiques des intérêts populaires (babouvistes, hébertistes, «enragés», sans-culottes), pour finir par établir une oligarchie bourgeoise capitaliste. Les «droits de l’Homme» servaient d’abord les droits de l’Homme capitalistes.

Révolution russe, mais de quel type ?

En Russie, entre 1917 et 1922, les autoproclamés représentants du peuple, Bolcheviks, ont agi pareillement aux «révolutionnaires» français jacobins dont ils admiraient l’étatisme centralisateur et le recours à la terreur sanglante, non seulement contre les féodaux royalistes mais tout autant contre tout mouvement populaire contestant leur dictature.

Avec les Bolcheviks, on constate une spécificité inédite. Le déclenchement du mouvement populaire parvint à instaurer des Soviets (conseils, comités, assemblées) autonomes, libres et solidaires dans tous les domaines sociaux. Lénine publia, alors, sa fameuse brochure Tout le pouvoir aux Soviets ! On crut donc qu’il les soutenait. En fait, ses militants infiltrèrent les Soviets, manipulèrent de telle façon que leurs militants furent élus comme représentants de ces Soviets. Alors, ces derniers furent réduits à de simples courroies de transmission de la dictature du parti bolchevique, masquée en «dictature du prolétariat».

Quelques Soviets, parvenus à demeurer autonomes, dénoncèrent ce qui était en réalité une dictature d’une oligarchie nouvelle sur le prolétariat. Parmi les Soviets autonomes se distinguèrent ceux de Kronstadt et d’Ukraine. Conséquence ? Lénine et Trotski les accusèrent de collusion avec les impérialistes étrangers et la réaction interne, ou, encore, d’«anarchistes». Ainsi la nouvelle «Armée rouge», commandée par Trotski, massacra les partisans de «Tout le pouvoir aux Soviets» : des milliers de morts, des milliers d’autres condamnés à ce qu’on créa alors : des goulags.

Les Bolcheviks firent croire avoir instauré le socialisme (ou communisme), jusqu’à proclamer leur Etat «soviétique». Machiavel aurait admiré. Mais, juste après les massacres d’authentiques partisans des Soviets, dès 1921, le parti bolchevik instaura la NEP (Nouvelle politique économique) : un capitalisme d’Etat, au profit d’abord de la nouvelle oligarchie «soviétique» et, accessoirement, créant des «amortisseurs sociaux» pour neutraliser les revendications populaires.(1)

Guerre de libération nationale, mais de quel type ?

Les guerres de libération nationales, entreprises au nom du peuple, ont éliminé le système colonial. Là aussi, le peuple fut utilisé comme simple masse de manœuvre. Ensuite, ceux qui ont pris le contrôle de l’Etat indépendant ont réprimé les mouvements authentiquement populaires, là encore en les accusant de «contrerévolutionnaires», complices de l’impérialisme et de la réaction interne, ou simplement d’«anarchie». En Algérie, ce fut le cas notamment de l’autogestion ouvrière et paysanne, puis de l’organisation syndicale. Résultat : établissement d’oligarchies indigènes.

D’une manière générale, quand une guerre de libération nationale veut s’approfondir par une libération sociale, cette dernière est éliminée par un coup d’Etat ou l’assassinat de leaders authentiquement populaires : Patrice Lumumba, Mehdi Ben Barka, Thomas Sankara, etc. Cette élimination permet à l’oligarchie au pouvoir de se maintenir, généralement avec le soutien de l’ancienne oligarchie coloniale qui, après l’indépendance du pays ex-colonisé, y maintient des «intérêts» économiques.

Election

Dans le cas où des représentants du peuple sont démocratiquement élus (mais sans mandat impératif, ni limite de rétribution financière), généralement ils deviennent une caste qui défend prioritairement ses intérêts spécifiques et, accessoirement, si la pression populaire est trop forte, ils établissent des «amortisseurs sociaux» pour calmer le peuple.

Dans les démocraties parlementaires, le phénomène est systématique. Dans les organisations syndicales, y compris autonomes, comme dans les partis politiques, y compris «populaires», le phénomène de formation de caste privilégiée généralement se répète.

D’où la nécessité pour les citoyens non seulement d’élire démocratiquement leurs réels représentants, mais de satisfaire quatre autres conditions. 1) Ces représentants doivent être limités par un mandat impératif : il consiste à supprimer à tout moment le mandat du représentant, dans le cas où il trahit la mission confiée. 2) Ces représentants ne doivent pas recevoir un salaire supérieur au salaire moyen d’un travailleur, autrement, dans le cas d’un salaire supérieur, le risque est certain de voir des opportunistes présenter leur candidature pour jouir de privilèges, constituant ainsi une caste aux intérêts contraires à ceux du peuple. 3) L’auto-organisation implique l’autofinancement, dans une totale transparence, autrement la manipulation est inévitable. 4) L’auto-organisation implique une action pacifique, excluant toute forme de violence, physique ou psychologique.

Pourquoi ces conditions ? Par respect du principe : la fin doit correspondre au moyen. Une société réellement démocratique, – donc pacifique, libre, égalitaire et solidaire -, ne se construit pas avec des moyens dictatoriaux, violents, de contrainte, hiérarchiques et sélectifs.

Soit dit en passant, des organisations telles que les Frères musulmans ou des officines comme la NED étatsunienne s’inspirent directement de l’une ou de la combinaison entre plusieurs des manipulations ci-dessus décrites.

L’impossible possible

Où donc a existé une telle auto-organisation populaire ? Les exemples les plus significatifs ont été : la Commune de Paris (1870-1871), les Soviets en Russie (1917-1922), les «Colectividad» en Espagne (1936-1939), les comités d’autogestion ouvrière et paysanne en Algérie (1962-1965).

Ces auto-organisations populaires furent écrasées, les trois premières dans le sang. La Commune de Paris, par l’armée bourgeoise, avec la complicité de l’armée d’occupation allemande. Les Soviets russes, par les «communistes» bolcheviks, commandés par Lénine et Trotski, dont certains généraux étaient d’ex-officiers tsaristes. Les «Colectividad», par la coalition de la partie fasciste de l’armée espagnole, avec le concours de l’armée nazie, de l’armée fasciste italienne, des «communistes» espagnols et des représentants de Staline en Espagne. Quant à l’autogestion algérienne, elle fut bureaucratiquement étouffée, et le syndicat des travailleurs devint une courroie de transmission étatique contrôlant les adhérents. Les récalcitrants furent réprimés au nom du «socialisme» et de la «démocratie populaire».

Est-ce à dire que ces formes d’auto-organisation ne peuvent plus exister ? En histoire sociale, rien n’est impossible, ni le pire ni le meilleur. Tout dépend essentiellement d’au moins deux facteurs.

1) D’abord, les dynamiques sociales, plus exactement les conflits entre exploiteurs-dominateurs et exploités-dominés ; tant que ces derniers supportent leur situation, et les premiers la gèrent convenablement, l’idée d’auto-organisation populaire est ignorée.

2) Ensuite, les idées circulantes. Celles d’auto-organisation populaire sont actuellement minoritaires. Outre à la dynamique sociale, évoquée en premier, l’autre cause est la suivante : les producteurs d’idées sont, dans leur majorité, une caste privilégiée ; elle veille donc à le rester. En s’autoproclamant, évidemment au nom de «connaissances» et diplômes académiques, représentant le peuple, les membres de cette caste lui dénient logiquement toute «vocation à s’autostructurer», parce qu’ils prétendent savoir mieux que le peuple ce dont il a besoin.

Concernant le possible en histoire sociale, rappelons deux faits. A l’époque de l’esclavagisme, puis du féodalisme, l’idée d’égalité entre tous les êtres humains semblait inconcevable, une utopie, à l’exception de quelques très rares penseurs : dans l’antiquité : Antisthène, Diogène, Epicure, Spartacus, Zhuang Zi, et à l’époque féodale : Thomas Müntzer, Diderot, Rousseau, etc. (2)

Aujourd’hui, époque de domination du capitalisme et, dans la «gauche», du marxisme, tous les deux sont basés sur l’autorité de caste d’«experts» (en gestion sociale, en «révolution» ou en volonté divine), que le peuple doit suivre. Par conséquent, l’idée d’auto-organisation populaire est considérée comme inconcevable, impraticable, une utopie d’idéaliste, de l’anarchie au sens de désordre. Les expériences d’auto-organisation populaire qui ont existé sont au mieux ignorées, au pire stigmatisées comme «aventurisme», donc sans aucun intérêt. L’histoire des peuples décidera.

Qui donc est un réel défenseur, pour ne pas dire représentant, des intérêts du peuple ? N’est-ce pas celui qui contribue à ce que le peuple s’auto-organise de manière démocratique pour défendre ses propres intérêts ? Tout au plus, si ce défenseur dispose de connaissances utiles, il lui suffit de les mettre au service du peuple, en respectant l’autonomie décisionnelle de ce dernier. Car, enfin, prétendre savoir mieux que le peuple ce dont il a besoin, est-ce logique, rationnel, honnête, démocratique dans le sens authentique du terme ?

K. N.

[email protected]

(1) Voline, La Révolution inconnue, http://kropot.free.fr/Voline-revinco.htm

(2) Pas Voltaire. Partisan d’une monarchie «éclairée», où les philosophes auraient une place prépondérante, il écrivit : «L’esprit d’une nation réside toujours dans le petit nombre qui fait travailler le grand nombre, est nourri par lui, et le gouverne.»

Comment (9)

    Karamazov
    6 juillet 2020 - 17 h 24 min

    Mettre les koumitis au même niveau que la Commune de Paris les Soviets en Russie c’est dans le même délire que celui qui qualifie le Hirak de mouvement révolutionnaire.
    Rien absolument rien ne permet de dire cela. Outre le fait que le n’est qu’une réaction épidermique à l’aberration du cinquième mandat , il y a une foultitude de raisons qui démontrent que ce n’est pas un mouvement révolutionnaire.

    D’abord il n’a rien changer ni en lui même ni dans le paysage politique.
    Le pouvoir n’est pas prêt à céder les clefs à qui que ce soit.

    La clientèle, les ayant-droit ,les héritiers , le FLN le RND, le MPA, le MSP sont toujours disponibles pour le soutenir.

    Les partis politiques dit d’oppositions qui ont saturé l’espace politique sont toujours cramponné à leurs pré-carrés et nesont absolument pas prêt à céder au Hirak le moindre pouce.

    A supposer que le Hirak s’organise quelle place occupera-il dans l’échiqquier politique ?

    Elephant Man
    6 juillet 2020 - 16 h 25 min

    L’exemple de l’Amérique Latine en matière d’auto-organisation de coopératives… n’est pas en reste.

    Karamazov
    6 juillet 2020 - 9 h 55 min

    Pendant que j’y suis , une pensée pour Ennio Morricone et à Tuco .

     » Quand on tire, on raconte pas sa vie ». Tuco

    Doummage ! je voyais bien un Film sur le Hirak réalisé par Seregio Leone avec une musique d’Ennio Morricone.

    Abou Stroff
    6 juillet 2020 - 8 h 52 min

    « Manipulation et auto-organisation » titre K. N..
    je pense que la manipulation est tout à fait envisageable pour ne pas dire inévitable tandis que l’auto-organisation est un voeu pieux qui découle d’une incapacité à analyser concrètement une situation concrète et à confondre ses connaissances livresques avec l’acte de croquer (transformer) une poire pour connaitre son son goût, c’est à dire sa substance
    la manipulation est envisageable pour ne pas dire inévitable. en effet, si nous admettons que le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation ne génère pas les conditions de son propre dépassement, i., e., qu’il ne produit pas ses propres fossoyeurs, alors, nous devons admettre que le hirak n’a pas de substance autre que celle de servir de défouloir (chacun aura remarqué la liesse qui s’empare des hirakistes à chaque fois qu’ils se mettent en mouvement. le hirak permet ainsi à toutes et à tous de noyer la misère sociale ambiante et le vide sidéral du vécu quotidien -pas de cinéma, pas de concerts de musique, pas de théatre, pas de drague civilisée, etc.- dans une catharsis qui ne dit pas son nom.) à un ensemble amorphe (que j’ai qualifié, depuis son apparition, d’ensemble de tubes digestifs ambulants) qui peut être manipulé par n’importe qui, y compris par le pouvoir en place (n’a t on pas entendu tebboune himself parler du hirak el moubarek, je crois inutile de citer de pauvres hurluberlus du genre addi ou bensaada, ou zitout, ou d’hina, etc.).
    si la manipulation d’un mouvement sans substance est tout à fait envisageable et même inévitable, l’auto-organisation est IMPOSSIBLE pour la simple raison qu’un caillou couvé par un coucou ne produira JAMAIS un poussin et ceci, quelle que soit la masse ou la volume de chaleur qu’il reçoit.
    en d’autres termes et pour reprendre une formule célèbre, « Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu’elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s’y substituent avant que les conditions d’existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vieille société », le système basé sur la distribution de la rente et sur la prédation qui ne génère pas les conditions de son propre dépassement, ne disparaîtra donc qu’à la condition nécessaire d’un tarissement de la rente et uniquement qu’à cette condition.
    quant à la question de « prétendre savoir mieux que le peuple ce dont il a besoin, est-ce logique, rationnel, honnête, démocratique dans le sens authentique du terme? » il suffit de remplacer « peuple » par « ensemble de tubes digestifs ambulants » pour qu’une réponse positive soit la seule et unique réponse appropriée.
    PS: je m’interroge sur la signification de « démocratique dans le sens authentique du terme » et je m’imagine nécessairement dans une formation sociale composée de clones, et non de classes sociales aux intérêts antagoniques et où tout le monde, il est beau, tout le monde, il est gentil, et tout le monde, il est musulman (point de contradiction à l’horizon, point de conflit,, l’Eden en somme).

    Zombretto
    5 juillet 2020 - 20 h 41 min

    « En Algérie, ce fut le cas notamment de l’autogestion ouvrière et paysanne,… »
    Le fameux « Comité de Gestion » des années 60, el-koumiti, comme l’appelaient les misérables paysans qui le composaient. Je me le rappelle bien, ayant vécu dans une ferme autogérée. Ce koumiti n’avait absolument rien de spontané ou d’indépendant, rien à voir avec un quelconque « mouvement authentiquement populaire. » C’était une expérience tentée par le Pouvoir de l’époque et aucun des paysans parmi lesquels j’ai vécu ne voyait el-koumiti comme quelque chose émanant d’eux-mêmes. Ils le voyaient tous comme des ordres venant du Pouvoir. Ils travaillaient à la journée (jorni) et étaient payés à la quinzaine (kanza.) Ils ne se partageaient pas le profit à la vente de la récolte. La récolte était vendue par les représentants en dehors du koumiti local et l’argent appartenait au Pouvoir, pas aux paysans du koumiti. Comment peut-on parler de « mouvement populaire » dans ces conditions?
    Je jure que tout jeune à l’époque, il m’est arrivé de pleurer en voyant l’état de misère dans lequel se trouvaient ces paysans, avec leurs pauvres loques souvent tellement rapiécées qu’il y avait plus de pièces que d’étoffe originale, leurs yeux creux, leurs peau recouvrant à peine leur peau. S’ils avaient divisé le profit entre eux ils auraient tous été cent fois mieux rémunérés, mieux nourris et mieux habillés.
    Et ce koumiti n’a pas été écrasé par le Pouvoir ou une faction dudit Pouvoir mais a tout simplement été abandonné pour essayer autre chose.

      Karamazov
      6 juillet 2020 - 8 h 57 min

      Camarade je te salue

      Tu ne pouvais pas mieux dire en nous parlant de cette épisode postindépendance . Saint Qeddour nous parle de cette expérience comme si d’un seul coup les paysans se sont revotés pour faire une révolution et s’approprier les terres pour les travailler. Or il ne s’agit pas du tout de cela. Toi qui connais bien Guezgata tu sais que nous avions beaucoup de colons. A l’indépendance l’Etat a nationalisé leurs terres et les a fait gérer par des « comites de gestion » qui employaient des ouvriers agricoles. Ces ouvriers y allaient pour toucher leur maigre salaire de 210 DA (si ma mémoire est bonne). ils n’avaient aucune conscience autogestionnaire. Quand on leur demandait ce qu’ils faisaient ils répondaient qu’ils travaillaient chez « lkoumiti » .Il y avait même des saisonniers qui ne travaillaient que pendant les vendanges, avant que le manitou de l’époque ne fasse arracher tous les vignobles.
      Or , ce n’est pas ce que dit la littérature qui présente ça comme la plus grande expérience autogestionnaire de tous les temps. C’est de la même façon qu’on veut bidouiller une histoire au Hirak.

        Zombretto
        6 juillet 2020 - 16 h 30 min

        Salut, Karamazov!… Pour ajouter de l’eau à ton moulin – et au mien – je me rappelle que les paysans allaient la nuit voler des fruits et légumes des champs du koumiti sur lesquels ils travaillaient pendant la journée. Des hommes parfaitement pieux et honnêtes pas ailleurs. Ils chargeaient leurs ânes par processions dans le noir. Absolument personne n’y voyait un problème moral. On admirait même le voleur qui ne se faisait pas attraper. Les gens ne voyaient pas du tout ça comme un vol. Ça « partient au koumiti » donc au guivirnemma, donc pas à nous, donc c’est de bonne guerre. Celui qui avait des scrupules passait pour un idiot.

    Karamazov
    5 juillet 2020 - 17 h 40 min

    Il ne manquait qu’un et c’est celui-là.

    Vouala Saint Qeddour fraichement hymènoplastifié, lui aussi, qui nous revient nous rajouter une dose d’anesthésique pour qu’on ne s’avise pas de sortir de notre léthargie.

    Que la populace croit qu’il suffit de processionner en brayant des slogans pour changer sa misérable condition ,ça eût passé. Mais que des intellos de pacotille viennent lui mettre ses fantasmes en prose , ou en poésie, en musique , ou en film, ça me navre , ça me désole , ça me désespère définitivement.

    Wech khesek ya l3ami : khelkhel, il a dit.

    Une révo-c… et que je te les envois pieds nus se faire pédicurer les petons , ces salonnards, loin des villes en plantant des topinambours et du riz , à la mode à la mode de chinou. Ivawen daghène, wi.

    Hier il nous expliquait pourquoi le Hirak c’est une révolution et aujourd’hui pourquoi c’en n’est pas.

    Ouqsimou billeh que vous pourriez nous faire la radiographie , un scanner, la chirurgie, l’histologie, l’histoire , la sociologie, la théologie , l’autopsie , toutes les sciences disponibles , et y ajouter la danse du ventre, du scalp, des canards, et toutes les contorsions du langage , pour nous faire croire , que vous voyez ce qu’on ne saurait voir à propos du Hirak, vous ne ramèneriez rien d’autre qu’une simple opinion. A la rigueur une singulière opinion, mais qui ne vaut pas plus que les nôtres.

    Et n’allez pas dire que je suis jaloux ou que je ne fais que dénigrer. Vous avez vu comment les plus prudes et les plus savants parmi nous se sont traités avec des mots que n’ont même pas zozés les manuels d’ornithologies et des charretiers.
    Nous avons vu comment nos sachants se traitèrent mutuellement d’ignares ici-même en se répétant qu’un diplôme ne fait ni la raison ni la notoriété. Et pourtant quand ils ramènent leur sachience c’est es-qualité qu’ils essaient de nous en imposer.

    On aurait cru que Bensaada dont la sachience est exhaustive avait épuisé le sujet au point que ce serait lui faire un affront que de revenir dessus.
    Que nenni Y.B a saisi la perche pour surfer sur la vague pour nous faire oublier qu’ on en assez soupé et qu’à force de nous resservir le même plat ça nous gave et ont fini par nous en lasser.

    Ce n’est pas parce que Flène est électricien qu’il peut nous faire prendre des vessies pour des lanternes . Pas plus qu’un urologue ne saurait nous faire prendre des lanternes pour des vessies.

    Or le Hirak n’est ni un mouvement clandestin ni une organisation secrète moyenâgeuse que seuls des chercheurs chevronnés sauraient nous découvrir.

    Nous l’avions tous vu naître le Hirak et nous l’avions suivi à la trace de puis le 22 février. Mais nos sachants veulent à tout prix lui trouver une paternité putative. Comme l’histoire du Hirak est d’une désespérante banalité , il faut à nos sachants qu’ils lui trouve une intrigue , pour nous le romancer.

    En vérité ces sachants n’en ont rien à dire de plus que tout ce que nous savons à propos du Hirak. Et comme za3ma c’est des sachants il ne faut surtout pas qu’ils disent des choses qu’on connait tous.

    Vouzali kamim pas nous faire croire que c’est la CIA ou des Think thank qui les manipulent à leur insu et les poussent à sortir. Ils ne savent même pas eux-mêmes de quoi ça retourne . Sinon comment Addi et Bensaada leur fourgueraient leur sachience ? Et pour que ça marche il faut qu’ils nous la vendent à nous aussi.

    Aujourd’hui le Hirak a vécu, il ne reste de lui que la nostalgie et ce que les sachants en disent. Il survit plus dans la littérature que dans la réalité. ceci splik cela. Sauf que dans la littérature il faut avoir beaucoup d’imagination et y mettre du suspens , de l’intrigue, du complot, du lyrisme, ou comme au cinéma: sex, blood , and money.

    Il reprendra peut-être son rituel du vendredi ba3d t’hour , comme ses tarawih du ramadhan sans demander sans compte, mais juste comme accompli.

    Et enfin, à part les zozos enflammés qui ne sont pas encore revenus de leurs lubies , qui peut croire encore que le Hirak va dégager le pouvoir actuel ?

    Iwi ! Quand on vous disait que le Hirak est un troupeau de tubes digestifs ambulants, un mouvement processionnaire incantatoire .

    Chkoun irouh doka ?

    Karamzov
    5 juillet 2020 - 16 h 57 min

    Platon haïssait les poètes et pour cause .

    Nous on leur a dit que si la société ne se transformait pas , il ne servira à rien de changer de dirigeants , pour changer le mode de distribution de la rente. Ou du moins fallait-il commencer par une critique radicale de la culture de la rente et de la religion. Saint Qeddour lui voudrait juste l’édulcorer. Une théologie désaliéniante où des loups végétariens feraient mumuse avec les agneaux.

    L’autre il a dit ce qui manquait au Hirak pour son apothéose ce n’est pas de le sortir de l’histoire par la grande porte en lui faisant affronter la « Horde sauvage » comme Jacques de Beauregard dans « mon nom est personne ».

    Alla khati, ils ont dit nos intellos de pacotille ! Il est si fragile, on ne va pas le sacrifier comme azgar enni ( comme le bœuf qui a trop labouré) . Dayène thoura le Hirak a trop marché il faut lui faire une une allégorie , un film, une poésie, une rhapsodie . Sinon ma3lich si c’est en prose kane sous forme de théologie qu’il psalmodiera en égrainant son chat-pelé ave des sobhane allah soubhane allah , ça aussi ça peut marcher. Chochotte !

    Et c’est comme ça qu’ils ont mis dans leur littérature tous les désirs les aspirations et les rêves du Hirak et même ceux qui lui ont manqué en lui transférant leurs propres fantasmes, en plus élaborés 3lakhatar bruts de décoffrage ça l’eût mal foutue .

    Jtijore que quand je vois comment ils ont lui chargé le chwari au Hirak, même si c’est que des bons sentiments , il aura du mal à les porter.

    Hassoun , jipalta de continuer mon commentaire : J’va finir mon travail sur un autre fil et j’va reviender.

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