Hamrouche : «L’Algérie fait face à un vide politique et institutionnel terrible»
Par Abdelkader S. – Mouloud Hamrouche a affirmé que le pays «se débat dans les mêmes erreurs», en appelant à «chercher les raisons de ce manque d’assimilation des fautes commises par le passé». L’ancien chef de gouvernement n’a pas caché sa crainte devant la situation générale qui prévaut actuellement. «L’Algérie a besoin d’une Constitution qui libère le peuple et la terre de toutes les peurs, de tous les doutes, du mensonge, de l’hypocrisie, de la violence et de la domination», a-t-il souligné.
Pour Mouloud Hamrouche, qui s’est exprimé dans une tribune parue dans les colonnes du quotidien arabophone El-Khabar, «c’est la forme des institutions et la position des élites, ainsi que leur volonté et leur résolution qui dessinent les contours de la situation du pays et fixent les conditions de la gestion du pouvoir». «Tous ces facteurs ont un rôle essentiel dans les processus de cohésion et de développement, mais aussi de la stabilité, de la sécurité et du niveau de confiance, de paix, des liens sociaux, du progrès permanent et du développement durable», a-t-il estimé.
«Ces facteurs, a-t-il précisé, ne sont pas que de simples conditions nécessaires pour notre peuple qui ressent un immense besoin de changement profond.» Il appelle les élites, notamment les décideurs, à «créer des bases» et à «lancer des processus politiques pour la construction d’une société du droit et des libertés». Mouloud Hamrouche insiste notamment sur «la protection des droits et des libertés de chaque citoyen en veillant à harmoniser le mode de gouvernance et les lois avec tous les droits et toutes les libertés». Pour ce faire, «les dirigeants se doivent de représenter la volonté du peuple et ses intérêts communs, de garantir ses choix, d’assurer sa stabilité et de veiller à son progrès permanent, en réalisant le développement permanent dans tous les domaines».
Mouloud Hamrouche appelle également à «examiner l’essence du pouvoir et son modèle, ainsi que l’opportunité de ses mécanismes, de ses méthodes, de son rôle et de son efficacité et la nature de ses relations sociales et locales», à chaque fois que le pays traverse une crise ou enregistre un échec. «Le temps est venu de nous poser ces questions hic et nunc, quand bien même derrière certains principes, certains concepts, certaines convictions, certaines revendications, certains slogans et certaines rivalités peuvent se cacher des intentions de division, un grand nombre de contrevérités diversives, de fautes fatales, de mensonges graves et d’impressions imaginaires», a encore affirmé l’ancien chef de gouvernement sous Chadli Bendjedid.
«Les libertés collectives, démocratiques, politiques et syndicales, les contre-pouvoirs et le contrôle souffrent d’un manque de compréhension, d’une mauvaise assimilation, d’une sous-utilisation et d’une néfaste absence de conscience dans les pratiques politiques, syndicales et sociales, alors que celles-ci sont nécessaires pour les individus et les groupes et sont fondamentales aussi pour la pérennité de l’Etat, pour son immunité et pour la bonne pratique du pouvoir et la protection des gouvernants», a ajouté Mouloud Hamrouche, selon lequel «nier ces pratiques équivaudrait à mettre l’immunité de l’Etat en danger et rendre les gouvernants tributaires des conjonctures, ce qui ouvrirait la voie devant les ingérences étrangères».
«Nous sommes face à un vide politique et organisationnel terrible», s’inquiète l’ancien candidat à la présidentielle de 1999. «Il n’existe aucune structure institutionnelle ou politique hormis les services de sécurité et les administrations territoriales, les seuls qui jouissent d’une crédibilité», a-t-il noté, en ajoutant qu’«il n’existe ni organisation politique ou syndicale fondée sur une légitimité organique sûre, ni représentation sociale respectable, ni structure économique ou financière capable d’influer de façon décisive sur l’économie nationale».
A. S.
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