Cynisme éhonté

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Scène surréaliste : des pro-Trump envahissent le Capitole. D. R.

Par Mrizek Sahraoui – Pendant quelques heures, les images du Capitole, temple de la démocratie américaine, pris d’assaut par des fans de Donald Trump en furie, ont littéralement fait ombre et dominé, toute la soirée de mercredi, l’actualité internationale. Logique, un sacrilège venait d’être commis. Le responsable, c’est le milliardaire déchu, aussitôt désigné par des manifestants spontanément sortis dans les rues de la ville de New York, à la suite de l’attaque, lançant cette accusation : «Trump is guilty», slogan écrit en lettres capitales et brandi durant de longues heures.

Les scènes de chaos semé à Washington ont scandalisé les Américains restés fidèles aux valeurs et principes fondamentaux de la démocratie, mais aussi à travers la planète. Et les réactions ont fusé de partout accusant Donald Trump, coupable d’avoir incité la foule à des actes d’insurrection, de violence. Ce qui n’est pas faux, puisque le Président mis au ban n’a eu de cesse de chauffer à blanc des supporters intimement convaincus que la victoire leur a été volée.

Cependant, que des Américains s’indignent après de tels actes de violence, après la violation du Capitole, «un moment de grand déshonneur et de honte pour la nation», s’est indigné Barack Obama, c’est parfaitement et franchement compréhensible. Mais – un grand mais – l’on est totalement dans le cynisme éhonté à entendre ceux-là mêmes qui ont eu à partager sa politique empoisonnée, destructrice, et ont dû adhérer aux laïus guerriers de Donald Trump, alors fou de montaison, néanmoins à l’apogée de sa gloire.

«Le cynisme, c’est connaître le prix de tout, et la valeur de rien», dit un jour Oscar Wilde. Les frappes combinées, décidées par Donald Trump, Theresa May et Emmanuel Macron, contre un pays souverain, la Syrie, en avril 2018, au mépris du droit international et de la légalité internationale, sous les yeux bien évidemment fermés des Nations unies, sont inscrites dans le palimpseste des grandes forfaitures de l’histoire. Surtout, elles demeurent vivaces dans les mémoires, notamment de celles des familles des Syriens ayant péri, cette nuit-là. N’eût été la sagesse de Vladimir Poutine qui refusa la surenchère, le monde aurait pu se diriger droit vers l’apocalypse.

A propos de la Russie, a-t-on oublié le renvoi des diplomates russes et les sanctions qui ont frappé ce pays après l’affaire de l’agent double Sergueï Skripal, décidées de façon unilatérale par la communauté internationale, comprendre les Etats-Unis et ses Etats-clients, comme les appelle Noam Chomsky ?

A son crépuscule, le galéjeur, qui, tout au long de son mandat, avait substitué le droit international à la loi de la jungle, les relations internationales, au café du commerce, le bilatéralisme, à la joint-venture, n’a pas hésité à vendre le Sahara Occidental au royaume du Maroc en contrepartie d’une soi-disant normalisation entre les deux derniers colonisateurs de la planète. Une vente concomitante, rappelons-le, à peine commentée par qui on sait, les objurgateurs d’aujourd’hui qui s’étaient par ailleurs tus lorsque l’ambassade américaine avait été transférée à Jérusalem pour ne pas heurter l’humeur généralement coléreuse du Président des Etats-Unis d’Amérique.

C’était avant la mort du petit cheval.

M. S.

Comment (9)

    Anonyme
    9 janvier 2021 - 15 h 51 min

    Trump finira en prison certainement. Les Démocrates ont la majorité dans les deux chambres et ils vont lancer la procédure de destitution qui ira jusqu’au-delà de la fin de son mandat.

    Elephant Man
    8 janvier 2021 - 17 h 25 min

    L’affaire Skripal je n’ai pas souvenir que ce soit Donald Trump qui ait appuyé sur la détente.
    Quant à Obama « un moment de grand déshonneur et de honte pour la nation » et son prix Nobel de la paix effectivement les Libyens les Syriens les Yéménites ont sauté de joie !!
    Nombreux les internautes ont ironisé avec l’invasion en Irak et l’invasion du capitole.
    Le seul Président Américain anti-système et opposé notamment au nucléaire israélien c’était JFK paix à son âme d’où son assassinat.
    Maintenant il faut reconnaître à Trump le charisme d’avoir su mobiliser ses troupes.

      Mohwali
      8 janvier 2021 - 18 h 21 min

      L’affaire Sergueï Skripal a eu lieu le 4 mars 2018, donc, Donald Trump avait appuyé sur la détente. Ta mémoire te joue un petit tour camarade.

        Elephant Man
        8 janvier 2021 - 20 h 09 min

        @Mohwali
        Ce n’est absolument pas une question de date l’ami votre mémoire vous joue plus que des tours camarade .
        Trump n’est pas connu pour être russophobe !!!

          Mohwali
          8 janvier 2021 - 21 h 21 min

          ÉléphantMan,
          L’affaire s’était déroulée sous la présidence Trump et c’est ce dernier qui a, en premier, décidé de renvoyer des diplomates russes. Ce sont des faits avérés, après vous pouvez dire ce que vous voudrez. Trump n’est pas russophobe est une autre paire de manches, mon cher.

          Elephant Man
          9 janvier 2021 - 0 h 43 min

          @Mohwali
           » En réponse à ces déclarations, la Russie a nié l’existence d’accusations de la part de Donald Trump. « Le président américain n’a avancé aucune accusation directe », a indiqué à la presse le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov ».

    Karamazov
    8 janvier 2021 - 12 h 35 min

    Iben moua je pense que, même si salafou mal kamim , ce personnage qui mériterait à peine un second rôle dans un vaudeville ou une place de courtisan dans la cour d’ Ubu ne mérite ni l’indignation ni les écrits qu’on lui consacre.

    Je sais que tout constitue une occasion de sortir les vieilles casseroles à accrocher à Marikène.

    On ne peut pas dire que ceux qui ont envahi le Capitole sont nés pendant le mandat de Trump qui n’a fait que saisir l’occasion de raviver les vielles métastases chroniques et récidivantes des profondeurs de l’Amérique mais qui n’ont cessé d’activer à l’occasion. La  » régression profonde » chère à Addi.

    Tout ce qu’il a réussi c’est faire sortir des entrailles de l’Amérique ce qu’elle a de plus nauséabond comme d’autres l’ont réussi chinou pendant la triste décennie noire, comme si c’était eux qui faisaient les rois en Amérique. On voudraient faire croire que c’est son folklore qui a fait de l’Amérique une puissance technologique, économique , spatiale, et militaire qu’on ne s’y prendrait pas autrement.

    Et il y en a qui voudraient nous faire pendre ça pour un coup à quatre bandes , de la très haute stratégie pour revenir par la grande porte pour un futur mandat.

    Mon œil ! La Géorgie vient de nous donner un bel exemple de ce qu’il peut constituer comme repoussoir avec la branlée que viennent de se prendre deux députés républicains aux sénatoriales qui viennent de s’y dérouler.

    C’est qu’en Amérique tout ce joue ailleurs qu’à la Maison Blanche , là comme je l’ai déjà si judicieusement dit ils peuvent placer un âne que cela n’y changera rien. La preuve lors de ces dernières élections ils n’ont eu de choix qu’entre un débile loufoque et un vieillard sénile.

      Abou Stroff
      8 janvier 2021 - 14 h 55 min

      Komrad K., je te salue!
      apparemment, il y a toujours des naïfs qui croient que les dirigeants américains sont effectivement élus par les électeurs américains.
      ces naïfs, ne possédant pas les lunettes théoriques que, nous (avec toute la modestie qui nous étouffe) maitrisons, n’ont pas compris que les dirigeants américains sont toujours désignés par le complexe militaro-industriel (qui se confond avec les sociétés cotés à Wall Street) secondé par le lobby hyperpuissant de nos « cousins ».
      moralité de l’histoire: la démocratie, telle qu’appréhendée au moment présent, est synonyme de dictature de la bourgeoisie et croire, un seul instant que les républicains et les démocrates défendent des intérêts contradictoire ne peut relever que de la psychiatrie.

        Anonyme
        8 janvier 2021 - 15 h 59 min

        Arrêtez votre délire l’article parle du cynisme éhonté des dirigeants qui ont partagé la politique destructrice de Trump et puis, une fois déchu, ils l’attaquent. C’est tout.
        Merci AP pour ces articles, une délectation mais serait il possible que Monsieur Sahraoui nous donne de temps en temps son avis sur la politique nationale algérienne

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