Approvisionnement en gaz : l’Italie mise sur son partenaire historique algérien

gaz Italie
Claudio Descazi, administrateur délégué d'Eni. D. R.

De Rome, Mourad Rouighi – Ayant bien à l’esprit l’incertitude quant aux répercussions économiques de la pandémie du Covid-19 sur l’économie italienne, nombre d’experts de la Péninsule explorent depuis quelques semaines des rapports illustratifs sur la tendance de l’activité économique en Italie au cours de la période 2021-2022 sous diverses hypothèses alternatives et tout spécialement sur les besoins énergétiques qui devront l’accompagner.

Certains d’entre eux se sont confiés à Algeriepatriotique, faisant remarquer que l’évolution du marché du gaz ce trimestre dépendra largement de la capacité des fournisseurs de gazoducs à intensifier leurs approvisionnements pour répondre à la demande en cas de froid. Toujours compte tenu de l’extrême volatilité des prix dans cette période caractérisée par la pandémie de coronavirus, qui, en fait, pourrait conduire à des changements de direction soudains en des temps relativement courts.

Les fournisseurs historiques de l’Europe, nous dit-on – la Russie, la Norvège et l’Algérie – ont cependant tous les trois la capacité de combler tout vide laissé par une baisse des importations de GNL, exception faite des interruptions graves imprévues. Cela devrait permettre à l’Europe d’être approvisionnée de manière adéquate. Et avec des sites de stockage de gaz encore pleins à 73% à la fin de 2020, selon les données de Gas Infrastructure Europe, l’Europe devrait être en mesure de faire face à toute demande de pointe.

Ce constat somme toute optimiste est toutefois nuancé par les récentes polémiques entre le haut-représentant de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Josep Borell et le chef de la diplomatie russe, Sergeï Lavrov, sur fond de menaces de sanctions de part et d’autre, ce qui ne cesse d’amplifier des craintes en Europe et en Italie.

En effet, la décision prise par les dirigeants russes de riposter durement aux ingérences européennes au sujet de la détention de l’opposant Alexeï Navalny risque d’avoir l’effet d’une bombe dans les marchés européens.

Selon le quotidien La Repubblica, la Russie qui assure un bon tiers de l’approvisionnement en gaz du Vieux Continent, si elle venait à subir de nouvelles sanctions de la part de l’Union européenne, ne manquera pas d’utiliser son influence sur le marché énergétique international, entre autres, par une demande de révision plus réaliste des contrats de fourniture, la liant avec certains pays d’Europe, de l’Est comme de l’Ouest.

En Italie, les dirigeants d’Eni ont décidé d’anticiper d’éventuelles retombées négatives sur l’approvisionnement national et de réunir le Comité d’évaluation du marché gazier. Les rencontres se succèdent, et Rome prend très au sérieux les risques d’une querelle énergétique entre Moscou et Bruxelles.

Selon des sources bien informées, les réunions évaluent l’impact éventuel de la baisse des importations provenant de Russie sur l’approvisionnement italien et analyse la situation et les mesures à adopter pour faire face à une situation nouvelle, y compris le recours aux sociétés italiennes importatrices, leur demandant de porter le volume de leur import à un niveau maximum.

A ce propos, le conseiller économique du Parti démocratique, Gianni Bessi, auteur de plusieurs ouvrages sur ce thème éminemment stratégique, a souligné que l’Italie se doit d’envisager tous les scénarii, sans pour autant créer un climat d’incertitude, nuisant à sa politique de diversification de son approvisionnement.

De son côté, l’administrateur délégué d’Eni, Claudio Descazi, tout en rappelant que le deuxième fournisseur en gaz de l’Italie, l’Algérie – 25% du total des importations italiennes cette année – pouvait suppléer ce manque temporaire, il a émis le vœu que ces deux sources d’approvisionnement, la Russie et l’Algérie, aussi importante l’une que l’autre soient renforcées et garanties.

Selon Descalzi, qui s’est rendu récemment à Alger et y a rencontré le ministre de l’Energie, Abdelmadjid Attar, et le PDG de Sonatrach, Toufik Hakkar, les synergies du «chien à six pattes» avec notre pays iront en se renforçant de manière stable et continue, et l’Italie est résolument intentionnée à mieux orienter ce partenariat, en l’associant aux perspectives d’intégration entre les marchés européen et africain, notamment à travers le programme ambitieux portant sur les énergies renouvelables, que les deux groupes comptent lancer à brève échéance.

Car, nous informe-t-on à Rome, un des aspects les plus intéressants de la collaboration à venir entre Eni et Sonatrach sera l’utilisation de sources renouvelables pour l’exploitation des infrastructures mixtes de production.

A cet effet, Eni et Sonatrach ont déjà construit une centrale photovoltaïque dont l’exploitation fait partie d’un plan plus large visant à réduire la consommation de gaz naturel pour l’extraction de pétrole et, par conséquent, à réduire les émissions de dioxyde de carbone. Les deux groupes s’engageant à élargir leur collaboration en Algérie et dans d’autres pays, travaillant en tandem sur divers projets. Tout cela sans perdre de vue l’objectif de limiter les émissions de dioxyde de carbone à long terme et de minimiser les pertes de gaz naturel.

Un partenariat énergétique, celui entre Eni et Sonatrach, aux implications hautement politiques, nous assure un diplomate italien, à un moment où les alliances se font et se défont au gré du locataire de la Maison-Blanche, Rome et Alger préférant miser sur l’élan insufflé par une donne immuable : la géographie.

M. R.

Comment (5)

    Algeriens/italiens ensembles nous irons loin Incha-Allah.
    16 février 2021 - 22 h 26 min

    Excellente initiative.
    Nos amis italiens sont des partenaires, des collaborateurs de première qualité.
    Nos pays sont très proches.
    Bienvenue en Algérie amies italiens.

    Gushtalt
    16 février 2021 - 15 h 06 min

    Quelque soit l’histoire, une chose ne semble point mais est une constante dans ce scenario ou n’importe quel autre: Les uns apportent le savoir et pouvoir FAIRE et les autres, l’aimabilite’, servitude et autres compromissions necessaires pour que les Italiens accedent a la matiere morte algerienne et non la matiere grise. D’ailleurs, les 80% de la population algerienne vit le long de la mer, et les « cooperants Italiens ou autres » volent au dessus pour aller plus loin au sud… a des milliers et milliers de kms. Cette realite’ est une autre CONSTANTE IMMUABLE, que vous evitez de mentionner. La question evite’e biensur est celle de POURQUOI DONC l’Algerie a-t-elle besoin de VENDRE plutot que d’ACHETER, comme tout le monde, du Gaz, petrole, ou autres biens?
    Dat iz di kwechon !!!

    ****CAPTAIN ALGERIA****
    16 février 2021 - 11 h 22 min

    Une ère glacière va bientôt arriver et les patriotes Algériens doivent (absolument) protéger son gaz sur TOUT LES PLANS !

    Elephant Man
    15 février 2021 - 23 h 09 min

    Exactement encore une fois partenariat gagnant-gagnant et dans le respect mutuel.

    karimdz
    15 février 2021 - 20 h 03 min

    L’Algérie est un client fiable, et relié à l’Europe par 2 gazoducs. L Italie fait le bon choix, et elle développer avec notre pays, des relations privéligiées.

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