Actions marocaines contre l’Algérie : la lettre confidentielle qui démasque Rabat
Par Kamel M. – Un document classé confidentiel, mais dont Algeriepatriotique détient une copie, révèle une tentative échouée de corruption d’ONG africaines par le régime monarchique de Rabat pour accuser l’Algérie d’exactions. En effet, dans un courrier adressé par le représentant permanent du Maroc à New York au ministre des Affaires étrangères, Omar Hilale fait part à son supérieur de son «regret» suite aux «réticences des ONG africaines à se saisir de l’affaire de l’assassinat de deux Sahraouis des camps de Tindouf».
L’ambassadeur marocain écrivait à Salah-Eddine Mezouar, en février 2014, pour l’informer que «les ONG africaines traditionnellement amies du Maroc ont décliné poliment [notre] demande de soulever la question de l’assassinat […] de deux Sahraouis habitants des camps et d’envoyer des lettres au secrétaire général de l’ONU, au haut-commissaire aux droits de l’Homme et aux haut-commissaire pour les réfugiés, conformément à votre note […]». On comprend donc que la demande émanait de Rabat et que l’ambassadeur marocain n’a pas réussi à accomplir la mission qui lui avait été confiée.
Hilale expliquait à son ministre que le conseiller en charge des ONG africaines avait eu une réunion avec trois d’entre elles, mais que ces dernières ont refusé de se prêter à ce jeu pour une raison toute simple : le régime marocain n’avait pas mis la main à la poche pour payer ces organisations mercenaires qu’il avait nommées, à savoir l’Action internationale pour la paix et le développement dans la région des Grands Lacs (AIPD-GL), le Comité international pour le respect et l’application de la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples (Cirac) et l’Organisation pour la communication en Afrique et de promotion de la coopération économique internationale (Ocaproce International).
Les interlocuteurs d’Omar Hilale «se sont plaints de la non-satisfaction de leurs besoins financiers, alors que, pour leur part, ils ont toujours accompli leur devoir envers leur pays frère, le Maroc» et lui ont rappelé «la promesse non tenue […] suite à la réunion de préparation», précise l’inamovible représentant du Maroc à l’ONU qui nous apprend, ainsi, qu’une séance de travail avait été organisée au préalable par le Makhzen pour marchander une action de ces ONG contre l’Algérie auprès des Nations unies.
Les trois ONG en question auraient, par ailleurs, justifié leur refus d’exécuter le plan marocain par des «frictions avec des ONG pro-Algérie» et des «harcèlements réguliers» de la part d’«individus pro-Polisario et pro-Algérie à travers des lettres, des appels et des menaces». Omar Hilale fait clairement état d’une volte-face des trois entités qui lui ont «poliment» demandé d’«examiner le dossier, alors qu’auparavant, ils exécutaient immédiatement». Le diplomate marocain rappelle à sa hiérarchie la nécessité de débloquer des financements pour faire en sorte que les trois ONG ne leur filent pas entre les doigts, d’autant qu’il a déjà donné l’alerte. «Il y a lieu de rappeler les signaux qui ont été envoyés […] appelant à l’octroi d’un soutien financier aux ONG africaines», soulignait-il à l’endroit du prédécesseur de Nasser Bourita, qui précisait que celles-ci n’avaient reçu aucun soutien financier depuis trois ans.
Omar Hilale réitérait dans son courrier sa «demande urgente de transférer l’enveloppe budgétaire qui a été agréée lors de la réunion préparatoire du plan d’action du Maroc», présidée par le ministre des Affaires étrangères.
K. M.
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