La conversion de la laïcité en dogme de stigmatisation des musulmans
Une contribution de Khider Mesloub – Ces dernières années, les Français, pourtant en proie à la dégradation dramatique de leurs conditions d’existence, sont abondamment nourris au dogme de la laïcité revendicative et vindicative, complaisamment distillée par leur classe politique et les médias.
Dans le département des Yvelines, comme l’a rapporté le journal local 78Actu, dans son édition du 5 juillet, la formation laïcité de l’Education nationale dispensée aux professeurs s’apparente à une réelle entreprise d’endoctrinement idéologique antimusulmane. Pour preuve : plusieurs professeurs d’un collège des Yvelines, «scandalisés», dénoncent les amalgames et discriminations véhiculées et banalisées par la formation laïcité de l’Education nationale dans le module «Valeurs de la République et laïcité» dispensée par l’Education nationale.
Ce module obligatoire, d’une quinzaine d’heures, a été institué pour le personnel des établissements scolaires au lendemain de l’affaire Samuel Paty, du nom de l’enseignant tué en octobre 2020 par un terroriste à Conflans-Sainte-Honorine pour avoir montré des caricatures du Prophète Mohamed à ses élèves. Comme le relaye le journal 78Actu, cette formation, censée instruire les professeurs sur les sujets controversés liés notamment aux revendications religieuses, au prosélytisme et à la discrimination en milieu scolaire, est jugée «stigmatisante» par de nombreux enseignants. «On ne nous a donné que des exemples qui ciblaient l’islam», dénonce l’un d’eux. «Ce n’est pas en pointant du doigt une religion qu’on réglera un prétendu problème du vivre-ensemble, ajoute sa collègue. On a eu le sentiment que les formateurs partaient du principe que tous les élèves étaient formatés par la religion, prêts à partir en croisade dans la cour. C’est en décalage avec ce que l’on vit au quotidien.»
Ils déplorent aussi un certain nombre d’«amalgames» entre le culturel et le cultuel et un «fond raciste». «On nous a parlé de la main de Fatma, de l’abayya, de la djellaba. Ce ne sont pas des signes religieux, les formateurs ont fini par le reconnaître. Mais pour eux, cela pose problème quand même parce que ça témoigne de l’appartenance à un groupe.»
Selon ces enseignants, les formateurs de l’institut de formation laïcité de l’Education nationale, croyant fanatiquement à leur délire idéologique laïcard, laisseraient entendre que le port de tenues traditionnelles et religieuses «empêche de réussir», autrement dit, elles seraient responsables de l’échec scolaire, exonérant ainsi le système éducatif français en plein déliquescence.
Scandalisés par le contenu idéologiquement marqué du module de formation, plusieurs professeurs stagiaires auraient protesté.
«C’était houleux», décrit l’un des enseignants. L’attitude des formateurs, deux professeurs du second degré, est également mise en cause. «On avait l’impression d’un discours recraché, sans aucune prise de recul», a confié un professeur. «On était confrontés à un mur. Face à nos remarques, on nous répondait c’est comme ça. Il n’y avait pas de dialogue possible», a-t-il précisé.
Les professeurs stagiaires déplorent l’instrumentation du phénomène religieux. «Ces jeunes profs ont eu le sentiment qu’on cherchait à grossir le phénomène à grand renfort d’approximations. Ce qui n’est pour eux que des cas isolés aurait été érigé en généralités», écrit le journal local.
«Je ne suis pas du tout étonné de ce genre de retour. C’est conforme à ce que j’ai entendu de la part de collègues. C’est dans la droite ligne du ministère depuis Blanquer : utiliser la laïcité pour taper sur l’islam», a déclaré un enseignant syndiqué.
Cette croisade «laïcarde», montée en épingle à la suite de l’assassinat du professeur Samuel Paty, a pris des proportions inouïes. En tout état de cause, elle tombe à point nommé pour la classe dominante française en proie à une crise économique et sociale insoluble, couplée à une crise de légitimité institutionnelle, illustrée par la flambée de l’abstentionnisme.
Le président Macron avait lui-même patronné cette croisade laïcarde avec son projet de loi populiste contre le «séparatisme», visant en réalité à faire des populations de confession musulmane les boucs émissaires de la crise multidimensionnelle actuelle, populations présentées comme menaçant la sécurité des bons citoyens français respectueux, eux, de l’ordre établi (sic).
Cette entreprise de propagande antimusulmane, toujours aussi prégnante, est souvent justifiée et légitimée au nom de la laïcité. Or, la laïcité, originellement fondée sur la neutralité vis-à-vis des religions, est aujourd’hui convertie en instrument de stigmatisation des adeptes de la religion musulmane. En effet, historiquement, aux yeux des républicains français de la fin du XIXe siècle, la laïcité constituait un instrument politique brandi pour soustraire à l’Eglise catholique son emprise sur l’éducation des enfants en vue de la transférer à l’Etat, mais jamais une arme de guerre contre la religion. Au reste, tel était le «programme pédagogique» de Jules Ferry pour qui «l’enseignant avait pour mission de ne pas s’opposer aux croyances religieuses des parents d’élèves».
Entre les mains des classes dirigeantes françaises contemporaines en plein ensauvagement sociétal et hystérisation belliqueuse, ces dernières décennies la laïcité est devenue un instrument de stigmatisation de la religion musulmane, actionnée pour diviser les classes populaires de France, affaiblir leur unité sociale par les fausses divisions religieuses délibérément accentuées pour acculer les Français de confession musulmane à se dissocier de leurs «frères de classe» de «souche française», du fait de leurs supposés particularismes confessionnels incompatibles avec les valeurs républicaines et laïques de la France (sic).
Certes, il faut combattre l’emprise réactionnaire religieuse, notamment islamique, mais non au moyen de mesures coercitives étatiques stigmatisantes et intimidantes, comme l’applique insidieusement l’hystérique gouvernement Macron qui jette en pâture les Français et immigrés de confession musulmane à la vindicte populeuse afin de dévoyer les griefs et la colère de la population française formulés contre la gestion calamiteuse gouvernementale de la crise sanitaire du Covid-19 et la dégradation sociale de ses conditions de vie.
Rationnellement, si ce n’est pour des mobiles idéologiques machiavéliques, est-ce la conjoncture opportune d’ouvrir cette croisade laïcarde ? Les fous de Dieu islamiques ont trouvé en face d’eux un président fou de la laïcité, une classe politique française fanatique du laïcisme.
C’est sur le front de la lutte contre la crise sociale et économique que la population française attend toujours la démonstration de force du président Macron, qui fait preuve d’une faiblesse coupable pour combattre le chômage, la détérioration des conditions sociales. A croire qu’il tire un plaisir jouissif à déclencher sa croisade laïcarde, quitte à envenimer les hostilités internationales contre la France, à enhardir les vrais fanatiques islamistes établis à l’étranger, ravis de trouver un nouveau pays de combat pour perpétuer leur entreprise terroriste djihadiste contre l’innocente population française civile désarmée, mise en péril par les déclarations et mesures laïcardes incendiaires de ses dirigeants, notamment dans les établissements scolaires et les instituts de formation pédagogique, devenus des officines de propagande antimusulmane.
En vrai, en ces temps de crise multidimensionnelle, la classe dirigeante française va-t-en-guerre, animée d’un bellicisme hystérique et d’un racisme décomplexé, focalise l’attention du prolétariat de France sur la «question religieuse islamique» pour tenter de désamorcer l’inévitable foudroyante riposte de classe, déclenchée au-delà des différences religieuses et ethniques, à la hauteur des exigences historiques actuelles marquées par une dégradation dramatique des conditions de vie de l’ensemble de la population, Français et immigrés.
K. M.
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