Palestine : obscur aurore de l’occupation !

Gaza Israël
Lors de la dernière attaque d'Israël sur Gaza. D. R.

Une contribution d’Ali Akika – Israël, avec sa énième opération «Aurore», menace d’assassiner les dirigeants palestiniens, c’est une habitude chez lui. Il l’a déjà fait en assassinant un vieux monsieur, le Cheikh Yacine sur sa chaise roulante en mars 2004. Ce «fait d’arme» n’a pas pour autant mis fin aux illusions de gagner une guerre avec la vile méthode de la terreur. L’assassinat de dirigeants politiques, signe de désarroi, n’a jamais mis fin à une guerre et notamment celle de la libération des peuples. Une guerre, c’est de la politique et non un spectacle clownesque pour apaiser sa propre dépression. Apparemment en Israël, on est plus sensible à l’ivresse de chimériques opérations pour chasser les nuages qui s’accumulent au-dessus de la tête. Nous sommes en Palestine dont les autochtones font un seul homme/femme avec leur cause de la libération du pays. L’histoire du pays est sa muraille et son rapport au temps, c’est la patience du peuple, inépuisable trésor.

L’histoire et le temps, voilà les armes secrètes qui labourent la conscience des Palestiniens. Contrairement à leurs occupants pressés et compressés par le temps qui les somme d’en finir avec les causes de leur dépression, les Palestiniens bénéficient de la clarté de l’esprit face à l’adversité. Et l’outil de cette clarté, c’est leur langue arabe qui a l’intelligence, comme d’autres langues, de nommer le temps par deux mots qui évitent de confondre el-hâdhir (le présent) mesuré par le tic-tac de l’horloge du temps et le zamen (le passé) enregistré dans le grand Livre de l’Histoire. En résumé, les lumières de zamen éclairent leur marche dans le présent. C’est beau une langue qui invente des mots conformes aux multiples propriétés du temps qui ne se laisse pas enfermer dans l’étroite formule, le temps c’est de l’argent. Ridicule et imbécile formule qui sous-entend que le temps est redevable à l’argent alors que c’est ce dernier qui court derrière le temps que rien ni personne ne peut retenir, ni obstruer sa marche. Voici un conte algérien qui va illustrer la métaphore de l’occupant et de l’occupé connue sous d’autres cieux sous l’image de l’arroseur arrosé.

C’est l’histoire d’un brave homme nommé Ajha (1) forcé de quitter sa maison. Il demande à l’homme qui va occuper sa maison de pouvoir fixer un clou dans un mur de la maison. L’occupant sûr de sa force ne voit aucune gêne à la présence d’un clou dans un mur. Et le clou en Palestine, c’est la clé de la maison que chaque Palestinien a emportée avec lui et qu’il oppose depuis son exil dans son propre pays, comme un droit inaliénable face aux chimères de l’occupant. Et la deuxième métaphore de la Palestine, c’est l’arbre de l’Olivier enraciné dans cette terre qui a vu défiler tant de conquérants qui ont fini par plier bagage. L’histoire est témoin de ces grands empires construits par les Jules César, les Napoléon et les illuminés du 3e Reich qui ont évalué à mille ans l’espérance de vie de leur satané empire.

On sait aujourd’hui pourquoi ces empires n’ont pas résisté au temps qui passe. En Palestine, les oliviers sont indéracinables car ils sont la Palestine et les illuminés qui tentent de les brûler sous la protection de l’armée d’occupation feront chou blanc. Ces oliviers sont non seulement le gagne-pain des paisibles paysans palestiniens mais aussi un message de résistance pour que cette terre de prophétie retrouve la paix dans la dignité. La prophétie de libération de la terre dans notre époque sécularisée se réalisera. Ce sont les enfants de ces paysans qui portent aujourd’hui des armes de la libération en clamant, bézef, trop c’est trop, ça suffit, bastaenough pour se faire entendre par un monde plongé dans une torpeur complice. Une conviction habite les Palestiniens et les anime, celle de la défaite de ces illuminés qui cesseront de faire la loi sur cette terre blessée et irriguée de sang par tant d’années de guerre. Avant d’aller plus loin dans ce récit, je rappelle que toutes les infos qui vont alimenter ce texte proviennent de la presse et télés israéliennes. Ainsi, bien avant le déclenchement de la guerre préventive du 5 au 7 août 2022, villes et villages à la lisière de Gaza, ont ressemblé à des lieux-fantômes, pareilles à ces contrées abandonnées en Amérique à la fin de la ruée vers l’or.

Mais laissons de côté les westerns du cinéma américain, et voyons ce que signifie la désertion des territoires jouxtant Gaza, sous la protection de l’armée qui reçut les renforts de 25 000 réservistes. Sage décision qui prouve que cette armée avait anticipé les dangers provenant d’un ennemi qu’elle ne sous-estime plus. Mais une armée qui prend de telles décisions laisse apparaître des bribes de sa vision de la guerre et de ses angoisses. Ainsi, des réservistes pour protéger la population, des assassinats de chefs combattants qui ne font qu’attiser la haine, autant d’actes, apparemment contradictoires, qui renseignent que le feu se propage sur une terre rebelle. Une armée faite pour la guerre mais qui passe son temps à faire plus de victimes parmi la population est le signe que son opération «obscur Aurore» retarde seulement la venue du crépuscule…

Parlons de cette guerre qu’Israël mène sans la profondeur stratégique du territoire qui fait terriblement défaut à son armée d’occupation. Jadis, cette armée pratiquait la guerre de mouvement, une tactique militaire dans les territoires de l’ennemi. Mais de nos jours, la guerre est à l’intérieur d’un pays occupé où l’ennemi et le danger peuvent surgir à tout moment. Voilà pourquoi l’armée a incité les gens à vider les lieux et aller trouver refuge chez leurs familles ou dans des centres de vacances qui ont réduit leurs tarifs de moitié. Pareils bouleversements dans la vie des gens ont provoqué la saturation des services des soins psychologiques. En dépit de tout ce chaos, la machine de propagande crie victoire. Quant aux morts de la tragédie vécue par le peuple palestinien, ô misère de la conscience, ils font partie de cette «Aurore».

Mais le problème de cette armée d’occupation ne se réduit pas à l’absence d’une profondeur stratégique du territoire. D’autres problèmes pointent le nez à l’horizon et dans un proche avenir. Avec les technologies nouvelles, cette armée sera amenée de plus en plus à affronter des combattants dotés d’armes modernes et diablement efficaces et, cerise sur le gâteau, salement moins chères. Des spécialistes de l’armement ont calculé que les «exploits» du Dôme de fer du 5 au 7 août ont coûté la bagatelle de 150 000 dollars contre quelques milliers de dollars des roquettes «terroristes». Heureusement, la providence est venue au secours de la vaillante armée, en raccourcissant le nombre de jours de guerre que les planificateurs de l’état-major avaient évalués à une semaine.

Imaginons la note des dômes de fer si la guerre avait duré plus de trois jours. Tout ça pour rappeler qu’une guerre longue est un cauchemar pour l’Etat d’Israël. On se souvient lors de la guerre d’octobre avec l’Egypte en 1973, l’armée israélienne avait manqué de munitions. Alerté, le grand Oncle Sam a fait appel au docteur Henry Kissinger qui organisa un pont aérien et sauva Sharon et son armée. Si on ajoute à ces problèmes d’intendance d’une armée, les usines et les champs agricoles avec leurs baisses de production par manque de bras mobilisés pour la guerre, les fuites en avant de la politique d’Israël vont finir par épuiser ses forces en dépit des aides généreusement distribuées par le Congrès américain chaque année…

Et, enfin, il y a la doctrine militaire de cet Etat qui a cru faire de son aviation une arme fatale, capable à la fois de protéger l’avance de son infanterie et ramener le pays ennemi à l’âge de pierre, expression préférée des généraux israéliens. Stratégie de l’attaque donc dirigée vers l’extérieur pour éviter de faire «chez-soi» sa guerre. Hélas pour cette aviation, elle est en train de nos jours de perdre quelque peu de sa suprématie car la défense anti-aérienne la tient plus facilement en respect. La guerre en Ukraine fait la part belle aux missiles et force l’aviation à plus de prudence.

Tous ces bouleversements dans le domaine de l’armement et des tactiques de combat sont les bienvenus chez les peuples encore colonisés. Et les Palestiniens abandonnés par les régimes féodaux et matraqués par l’insupportable propagande des médias dominants résistent en dépit de leur semi-solitude dans un monde qui a ses victimes préférées.

Un dernier mot, toutes les informations contenues dans cet article illustrant cette réflexion, je le redis, sont tirées des médias israéliens et de déclarations du ministre de la Défense, Benny Gantz. Pour ne pas me laisser ensevelir sous les tombereaux d’infos de ces médias, je tenais à entourer les mots et les images d’un filet d’écran pour éviter de reproduire les lieux communs et autre désinformation de la communication officielle et celle de médias où «le poids des mots et le choc des images» (2) sont devenus l’étalon de mesure de l’«objectivité». C’est cette «objectivité» qui permet à Israël de retarder la libération de Bassam Saïd, un combattant palestinien à l’origine de la guerre préventive du 5 août.

Israël se cache derrière une décision de sa justice pour gagner du temps. Technique vieille comme le monde pour ne pas reconnaître l’échec imposé par la résistance des combattants d’en face. Voilà pourquoi l’obscure «opération Aurore» a duré trois jours au lieu d’une semaine programmée. Israël a pris au vol la proposition de trêve de l’Egypte tandis que la résistance traînait des pieds pour que les Egyptiens prennent des engagements quant à la libération de deux dirigeants palestiniens. La visite du représentant de l’ONU au prisonnier de guerre Bassam Saïdi et à sa famille est un indice de la future libération des prisonniers. L’Egypte et l’ONU ont accepté que la libération des prisonniers passe par la case de la justice car on est dans un Etat de droit, n’est-ce pas ! Sauver la face à bas prix contre la libération des deux prisonniers ne dérangeait pas la résistance car elle n’est pas soumise à la cuisine électorale comme Yaïr Lapid, Premier ministre d’Israël. Dilemme car si Israël ne respectait pas la parole donnée, la prochaine fois, il sera bien seul pour sortir du piège d’une guerre longue. Dilemme, oui car que faire quand on sait que le mensonge n’a jamais détrône la vérité. Celle-ci est l’enfant du zamen, ce temps qui accouche de l’histoire. Il serait plus sage que les généraux israéliens ne l’oublient pas.

A. A.

1- J’ai adapté un conte d’Ajha aux circonstances de l’époque pour faire ressortir l’aspect universel des contes contenus dans chaque culture.

2- Slogan publicitaire inventé par l’hebdomadaire Paris-Match, un fleuron de la presse de la société du spectacle, dénoncé par le cinéaste et intellectuel Guy Debord.

Comment (8)

    Ansem
    18 août 2022 - 0 h 44 min

    Bonjour notre ami concitoyen Ali AKIKA.
    Pourriez vous descendre un cran dans vos visions analytiques de manière qu’à notre niveau on puisse vous saisir clairement et interagir avec vos idées ?
    Avec nos remerciements.

      akika
      18 août 2022 - 11 h 07 min

      Cher Ansem. Merci pour votre commentaire. je vais en tenir compte mais vous savez parfois c’est difficile d’analyser des situations compliquées sans passer par des notions ou concepts nécessaires pour saisir la vérité de l’histoire. Quand il s’agit de la Palestine, il faut en même temps combattre les mensonges et la propagande d’une presse, donner de vraies infos sur l’histoire et combattre les mensonges sur des faits de cette même histoire. En tout cas, j’essaierai en sorte que les phrases soient moins chargées et moins longues pour faciliter la lecture. Merci et bon courage.

    Adel
    15 août 2022 - 15 h 29 min

    Entité sioniste-marochie, le colloque de la paix
    (…)
    Entre pourris, ils se comprennent!!!!!!!

    Anonyme
    15 août 2022 - 8 h 25 min

    Il faut resister et mener plusieurs combats,le combat culturel.le combat de l histoire reelle de la Palestine,le combat demographique,le combat educatif des prochaines generations,le combat de se maintenir au sol Palestinien,le combat sur les reseaux sociaux et la cybertechnologie,le combat mediatique,le combat d une presence permanente dans les organisations internationales et les associations de la societe civile internationale,le combat diplomatique pour gagner des soutiens internationaux,le combat de propager toutes les photos et videos reelles des crimes contre l humanite commis par l etat terroriste d Israel et de ses generaux criminels de guerre…etc..La resistance est la meilleure voix pour arracher son droit a l autodetermination a la liberte et a l independance totale dans ses frontieres conformement a l initiative arabe du sommet de Beyrouth en 2002 ,renouvelee au sommet arabe de Riadh en 2007…que l etat terroriste d Israel n y a meme pas juger d y repondre…car son projet c est toute la Palestine sans les Palestiniens qui a ete mis en echec par la lutte et la resistance farouche des combattants Palestiniens… Malheureusement Certains dictateurs « arabes  » ont cedes aux promesses et aux discours mielleux des generaux criminels de l etat terroriste d Israel et des pressions americaines pour se jeter dans leurs bras et normaliser leurs relations dilomatiques,militaires et economiques (et non regulariser ) …en miroitant des exploits economiques contre la normalisation des relations qu aucun peuple arabe n a acceptee a ce jour….c est a dire faire oublier le fond du sens des deux initiatives arabes de Beyrouth et de Riadh pour une normalisation fondee sur le principe de l evacuation des terres occupees en 1967 avec l independance de l Etat de la Palestine avec Jerusalem comme capitale . et non la creation de l Etat de la Palestine car l Etat de la Palestine a toujours existe… c est l’Assemblée Générale de l’ONU qui vota la Résolution 181 et adopta un plan de partage du Mandat britannique en deux états.Le 29 novembre 2012 , l’État de Palestine est reconnu comme État observateur non-membre de l’ONU. En 2017, l’État de Palestine est reconnu par 136 États (70,5 % des 193 États membres que compte l’Organisation des Nations unies.Donc aux medias arabes y compris AP de ne jamais prononcer le mot  » creation d un Etat Palestinien « .L Etat Palestinien existe mais il est sous occupation de l etat terroriste d Israel..Les jeux sur les mots ont une importance capitale dans la diffusion de l information pour tromper l opinion publique internationale et l etat sioniste en a fait une arme pour manipuler la realite et la modeler selon ses objectifs…Nos journalistes doivent utiliser leur strategie en retour en etalant les verites historiques et les diffuser a grande echelle….Ceci dit il faut rappeler que l armee criminelle de l etat terroriste d Israel doit etre designee en tant que telle et non designee par le mot « Tsahal  » comme vous le rapportez souvent…car le mot « Tsahal  » veut dire en hebreux :  » armee de defnse  » ce qui n est pas exact…c est une armee formee de criminels de guerre formee pour tuer des civiles et pour assassiner des journalistes et des militants des droits de l homme…et de detruire des habitations civiles…

      Christopher Keller
      15 août 2022 - 14 h 23 min

      Israël n’a pu être créé et reconnu comme état par 163 nations, que parce que beaucoup de Juifs (ceux qui en migrant avaient tenu à garder leur culture), dont les métiers furent en particulier en Europe, désapprouvés par l’église (en particulier les métiers d’argent) avaient fini par rendre paranoïaques leurs concitoyens non juifs, du fait de leur puissance croissante dans les affaires.

      Le rêve d’un état-refuge fut rendu populaire avec l’aide de quelques mensonges où on exagéra les persécutions subies, mais il y eut bien une paranoïa tenace et la haine des Juifs.

      L’issue de la première guerre mondiale permit une vente massive de terrains palestiniens à des Juifs, en toute légalité… Sauf que le droit qui permit ces ventes viola un certain droit islamique !

      Le recours à la force fut décidé par les musulmans, qui sous-estimèrent leurs adversaires, et depuis plus de 70 ans, rêvent d’une victoire digne de ce nom. Seul le Hezbollah paraît assez sage pour menacer Israël, mais la victoire n’est pas certaine en cas de conflit, surtout si les alliés d’Israël interviennent.

      (…)

      IL faut éviter les transports émotionnels et agir froidement car sinon le jugement est faussé, et fait prendre les mauvaises décisions.

        Anonyme
        16 août 2022 - 21 h 18 min

        Un esclave soumis vivant de la corruption et croyant a la poule aux oeufs d or,finira comme une ordure au fond des egouts….Votre narration des faits est totalement fausse en grande partie…

    Salim Samai
    15 août 2022 - 8 h 22 min

    Lisez Al Manar du 13/08/2022 sur l`Attaque du 11/11/1986 marquant l`AUBE d`1 NOUVELLE PHASE de la Course aux Armements! Son Chahid n`avait que 19ans; Allah Yarhamou!

    Cette Course ne S`ARRETE JAMAIS car la TRANSMIISSION, le PROGRES et l`APPRENTISSAGE ne s`arretent jamais non plus! SEULE LA PAIX et la COEXISTENCE GARANTISSENT LA SECURITE ABSOLUE! Par contre la Hogra/Domination nourrit la Menace, les Ennemis, la Panique, l`Obssession, l`INSECURITE & PLUS de Guerrres!

    dz
    14 août 2022 - 17 h 15 min

    ils resistent les palestiniens malgre la traitrise des monarchies arabes et de l egypte premier a ouvrir le bal tous et erdogan quif quif … tous dans le meme panier a crabes

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