«Embargo» sur le pétrole russe ou quand l’Europe montre qu’elle manque de courage
Une contribution d’Aziz Ghedia – A travers la lecture de certains commentaires sur les pages du Monde ou du Figaro, on a l’impression que les peuples européens sont plus conscients que leurs leaders politiques. Sauf que ces peuples restent au stade du seul constat. Ils n’agissent pas concrètement dans le sens de changer les choses. Mais cela dit, je me rappelle de la fameuse réplique dans le film le Guepard où il est dit que – je paraphrase – «tout doit changer pour que rien ne change».
En effet, l’UE vient d’annoncer une énième sanction contre la Russie et qui consiste en un embargo, à partir d’aujourd’hui, sur le pétrole et ses dérivés. Mais, dans un premier temps, il s’agit en fait que de l’embargo du pétrole qui est acheminé par voie maritime. Autrement dit, l’UE montre par ce fait qu’elle manque de courage politique en restant toujours dans l’application des demi-mesures. Elle n’ignore sans doute pas que l’application stricte de toutes les mesures énoncées jusqu’ici équivaudrait, stricto sensu, à la signature de son arrêt de mort. Economiquement parlant.
D’autant plus que l’hiver est là… Je ne dis pas «le Général hiver» car celui-ci concerne en premier lieu l’Ukraine. C’est elle qui est officiellement en guerre avec la Russie même si elle ne constitue en réalité qu’un pion, un proxy que l’OTAN utilise pour affaiblir la Russie avant de s’occuper de l’autre puissance économique qu’est la Chine.
Plafonner le prix du pétrole de la Russie ou de quelque autre pays signifie ni plus ni moins qu’«amputer la main invisible d’Adam Smith». Est-ce raisonnable sachant que dans une économie libérale de type occidental, normalement l’Etat, quel qu’il soit, de droite ou de gauche, progressiste ou conservateur, démocratique ou républicain, n’a pas à intervenir pour réguler le marché ? Des matières énergétiques ou d’autre chose.
Si elle devait être sérieusement appliquée, cette politique de plafonnement des prix serait non seulement contraire à toutes les règles et les lois du marché prônées par le libéralisme économique mais aussi elle porterait gravement atteinte d’abord aux économies des pays de l’Europe qui sont largement dépendants des hydrocarbures et du gaz Russes.
Ceci sans compter le fait que, dorénavant, le reste du monde ne fera plus confiance à l’Occident qui prônait pourtant le libre marché.
A. G.
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