L’aboi de Tanger : quand Nasser Bourita et ses «ex-» africains brassent du vent
Par Mohamed K. – S’il fallait d’une phrase dépeindre à la fois l’événement et l’ambition démesurée de ce kabuki pitoyable et piteux dit «appel de Tanger», lancé initialement le 2 novembre 2022, on le qualifierait grandement et définitivement de forfaiture. Une initiative du ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita, qui a trituré le texte à Marrakech, le 28 janvier dernier, pour être enfin rafistolé et prêt à porter deux jours plus tard à Rabat, par la publication d’un soi-disant «Livre Blanc», adopté par un groupe d’anciens Premiers ministres et ministres africains dont la quasi-totalité d’entre eux sont connus et reconnus pour leur obédience, voire aliénation au royaume du Maroc, ce même Maroc qui les fait danser – du ventre – par sa «politique de la main généreuse» pour travestir la vérité historique du Sahara Occidental.
Et qui sont-ils ces anciens responsables africains précipités dans l’arène d’on ne sait d’où comme des gladiateurs obsédés par l’argent et le pouvoir ! Que veulent-ils ? D’où viennent-ils ? Premier ministre d’un jour, marchand de légumes, entraîneur de football, ministre des Sports, voilà en gros la composition des signataires du soi-disant «Livre Blanc».
Pour ne citer que le gouvernement du Lesotho, qui a affirmé ainsi qu’il se dissocie de cette prétendue signature de cet appel par son ancien ministre des Affaires étrangères, Makgothi, et réitéré au contraire sa position de principe de longue date sur la République démocratique (RASD). «Le royaume du Lesotho et le Sahara Occidental entretiennent des relations bilatérales cordiales et les gouvernements successifs du Lesotho ont maintenu leur soutien au Sahara Occidental», indique son communiqué.
Outre la campagne d’influence propagandiste marocaine, dont l’idée a germé lors du forum MEDays 2022, organisé le 2 novembre dernier à Tanger, sous le haut patronage du roi Mohammed, avec le thème central «De crise en crise : vers un nouvel ordre mondial ?» l’on a noté à cet égard que la pédagogie marocaine n’a pas bien traduit le contexte international, marqué notamment durant ces trois dernières années par des bouleversements sans précédent, en mettant en avant maladroitement, comme à l’accoutumée, la soi-disant «pertinence de la version marocaine» pour montrer in fine ce qui est qualifié à Rabat de «justesse de la cause marocaine» et qui consiste à aboutir injustement à «l’expulsion de la RASD», disent-ils.
Il y a longtemps que l’on s’était habitués à ce kabuki japonais dans lequel cette partition télécommandée, livrée par d’anciens Premiers ministres et anciens ministres africains, dont le moins que l’on puisse dire est qu’ils font preuve dans cette affaire de «manigance», de «conciliabule» et d’«intrigue» pour admettre, selon cette version concoctée au Maroc, que la présence de la RASD au sein de l’Union africaine illustre «la vulnérabilité institutionnelle de l’Organisation et représente un frein incontestable à l’intégration économique régionale et continentale» (sic).
Contrairement à cette posture, l’on remarque qu’après les coups d’Etat à répétition, la pandémie et le terrorisme, voilà un nouveau caillou dans la chaussure de l’Union africaine (UA), dont le but inavoué est le parasitage du prochain Sommet de l’Union africaine et la relance de la question du statut d’observateur d’Israël au sein de l’organisation panafricaine, en dépit de la position de principe de plusieurs poids lourds diplomatiques et économiques du continent qui refusent de dialoguer avec Israël au nom des atteintes aux droits de l’Homme perpétrés dans les Territoires palestiniens.
Pour les signataires de l’appel lamentable dit «de Tanger», «le moment est venu de suspendre la participation de la RASD au sein de l’UA», mais les chances d’aboutir de cette cabale, de très mauvais goût vis-à-vis de la RASD, sont très minces, voire microscopiques car le royaume du Maroc, qui a ratifié l’Acte constitutif de l’Union africaine, omet à dessein que ce dernier ne prévoit aucunement dans ses dispositions ce cas de figure.
Contrairement à ces assertions marocaines véhiculées par ce groupe d’anciens responsables africains, il importe de leur présenter une antithèse qui devrait cibler en ce sens le Maroc et non pas la RASD car, au commencement, l’acte d’agression émanait de Rabat. Et ça, tout le monde le sait.
M. K.
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