La France de Macron : un régime sécuritaire bâti sur la répression (II)

LBD France
Dans la France des droits de l'Homme, le recours aux LBD est quasi systématique. D. R.

Une contribution de Khider Mesloub – De manière générale, ces récentes années, au pays des droits de l’Homme, lors des manifestations, systématiquement les forces de l’ordre utilisent des LBD (lanceurs de balle de défense), véritables armes de guerre. En effet, dans la France «démocratique», cette arme létale de maintien de l’ordre fut adoptée par la police en 1995 pour éviter les traditionnelles interactions physiques, symbolisées par les confrontations (le corps à corps) entre forces de l’ordre et manifestants, aux fins d’épargner les policiers des risques de blessures graves ou létales liés aux opérations de neutralisation directes.

Usage massif des LBD, armes létales, contre les manifestants

C’est d’ailleurs l’argument avancé par l’Etat pour légitimer la généralisation de cette arme (létale), permettant aux policiers d’attaquer les manifestants à distance, au moyen de ces lanceurs de «balles létales» et des «grenades de désencerclement», sans encourir aucun risque au cours de leurs opérations répressives.

Le LBD, ressemblant à un fusil, possède la précision d’une arme de guerre. L’usage de cette arme peut présenter à courte distance des effets traumatiques pouvant entraîner des lésions graves irréversibles, voire létales. A l’origine, le LBD était initialement employé par les policiers de la BAC (Brigade anticriminalité) patrouillant dans les quartiers populaires de banlieue, ces cités-dortoirs où sont parquées les classes populaires assimilées aux classes dangereuses. Après expérimentation sur les populations paupérisées, souvent issues de l’immigration postcoloniale, notamment algérienne, l’usage de cette arme de guerre fut généralisé, banalisé, «démocratisé», puisqu’elle fut ensuite massivement utilisée lors des répressions policières contre les manifestants pour pacifier leurs ardeurs revendicatives, leur apprendre la docilité, l’obéissance, la soumission.

Désormais, dans la France de Macron, aussi bien dans les manifestations que dans les quartiers populaires, la police n’hésite plus à utiliser cette arme de guerre contre la foule dans ses opérations de contention ou de neutralisation. Car les LBD ont pour caractéristique d’induire une véritable logique de guerre. Cet arsenal a pour vocation de mutiler et de terroriser la population turbulente ou révoltée.

Ces dernières décennies, en France, les répressions policières se sont étendues des marges de la société turbulente et insurgée à la population civile pacifique. Particulièrement vrai lors des mobilisations populaires revendicatives, toujours en pleine expansion du fait de l’accentuation de la crise économique et du durcissement autoritaire du gouvernement Macron.

Cependant, même en temps ordinaire, les exactions et brutalités policières sont devenues fréquentes, notamment lors des récurrentes interpellations musclées, illustrées par les techniques de neutralisation militaires extrêmement violentes, symbolisée par la technique dite de la clé d’étranglement respiratoire ou sanguin et le plaquage ventral, employée ordinairement par les policiers et les gendarmes.

Ces techniques d’arrestation sont régulièrement responsables de centaines de «bavures policières», ces crimes institutionnalisés couverts par la Police des polices (institution policière opaque en charge de la protection de leurs frères d’arme, les voyous policiers) et la justice, cette autre institution de classe au service des classes possédantes. A cet égard, le 25 mai 2021, pour garantir une totale impunité policière en France, le gouvernement Macron fit adopter par le Parlement une loi dite «Sécurité globale» visant à interdire la diffusion d’images de policiers dans l’exercice de leurs «pacifiques fonctions de maintien de l’ordre», assurée, comme tout le monde le sait, dans le respect des citoyens et des manifestants. Au vrai, cette loi «Sécurité globale» vise à couvrir les violences et bavures policières par l’interdiction faite aux journalistes comme à tout «citoyen» de filmer les visages des policiers tabasseurs. Selon ce texte de loi machiavélique, ces films et ces photos pourraient mettre en danger les policiers accomplissant humainement leur «devoir» de répression. Et tout contrevenant sera condamné à 45 000 euros et un an de prison. Dans la «France démocratique» de Macron, loi constitue désormais un véritable blanc-seing accordé aux policiers, leur permettant ainsi de réprimer en toute invisibilité et impunité.

La banalisation de la répression policière

Aussi, en France, assistons-nous à la banalisation de la répression, à la généralisation des violences policières. Ces exactions et brutalités policières ne sont en rien une exception. En France, les contrôles et interpellations de la police «démocratique», notamment contre les jeunes ou les immigrés, s’effectuent quotidiennement avec des méthodes vexatoires et avilissantes, dans le mépris de la loi et de la personne, assorties des coutumières insultes racistes et propos humiliants.

Certes, initialement, les répressions policières violentes s’étaient exercées en guise d’expérimentation et d’entraînement, uniquement contre les marges de la société, les couches pauvres des cités populaires, notamment contre les jeunes livrés à eux-mêmes, sans emploi, ni perspective d’insertion professionnelle, horizon devenu, aujourd’hui, en France la norme. Cependant, avec l’aggravation de la crise économique et sociale sur fond de précarisation et de paupérisation des classes moyennes désormais en pleine prolétarisation mais, également, régulièrement en pleine agitation sociale, ces répressions se sont étendues de plus en plus à l’ensemble de la population laborieuse fréquemment mobilisée pour protester contre la dégradation de ses conditions de vie et de travail.

Ainsi, en France, après avoir sévi longtemps contre les manifestations politiques et les quartiers populaires en ébullition, les répressions policières se sont généralisées à toute la «société civile», mobilisée dans les mouvements sociaux. Elles s’abattent désormais sans distinction sur tous les rassemblements et manifestations, quel que soit le but des revendications. Comme on l’observe actuellement à la faveur des mobilisations contre la réforme des retraites.

Ainsi va la société sécuritaire française, fondée sur une insécurité sociale et économique généralisée. Incapable de nourrir sa population paupérisée, le gouvernement Macron est réduit à la nourrir de terreur, de matraques et de LBD, de restrictions de ses libertés et de répressions généralisées.

Le renforcement de l’usage de la force contre les manifestants est un aveu de faiblesse de la bourgeoisie française sénile, incapable de perpétuer le règne de sa domination sans répression systématique. Avec l’approfondissement de la crise économique et sociale doublée de son lot de chômage et de misère, le gouvernement Macron n’ignore pas que les prolétaires ne demeurent jamais inactifs. Leur imminente riposte sera à la hauteur de leur détresse sociale : radicale. Dans un article publié par l’hebdomadaire Challenges, ce média rapporte la terreur qu’inspire au président Macron la crise multidimensionnelle actuelle : «L’Exécutif est tétanisé par le risque d’explosion sociale», écrit Challenges. De là s’explique le durcissement autoritaire du pouvoir, le récent «tournant répressif» du gouvernement Macron.

Au reste, le régime macronien a profité de la pandémie de Covid-19 pour accentuer son volet répressif dans les quartiers, les espaces publics, les transports. Et contre les manifestations. A cet égard, il est important de rappeler qu’entre 2015 et 2022, la population française aura été soumise au régime de l’Etat d’urgence plus de la moitié de ces six années. Preuve de la militarisation de la société française, illustrée avec la gestion sécuritaire de la crise sanitaire : dès l’apparition de la pandémie, Macron avait érigé le Conseil de défense (où siègent des généraux) en organe de direction politique de la gestion de la crise, transformant le Conseil des ministres en simple instance de figuration, et l’Assemblée nationale en simple chambre d’enregistrement (aujourd’hui chambre de figuration, à observer le rythme effréné de lois votées par le recours au despotique 49.3, ce dispositif dictatorial «constitutionnel», dégainé systématiquement par le cow-boy Macron, ce vacher du Capital atlantiste, aussi prompt à user de l’arme coercitive et répressive pour faire plier «son peuple» que l’arme exécutive 49.3 pour neutraliser l’Assemblée nationale.

Avec la loi «Sécurité globale», les institutions étatiques disposent désormais d’instruments technologiques sophistiqués pour intensifier le contrôle de la population française, dignes des pays totalitaires comme la Chine. Cette loi «Sécurité globale» va permettre la généralisation de technologies de surveillance, notamment par la densification du quadrillage des populations grâce à la mobilisation de drones, l’usage massif de caméras et de technologies de reconnaissance faciale. Symptomatique de la tournure despotique du régime français, même l’ONU, ordinairement chargée à se prononcer sur les violations des droits humains dans les pays dictatoriaux, a déclaré que la loi globale est «incompatible avec le droit international des droits de l’Homme».

De toute évidence, les mois de confinement avaient constitué un terrain d’expérimentation idéal à la militarisation de la société française. En effet, les périodes de confinement totalitaire furent accompagnées d’un durcissement autoritaire du comportement de la police. Ces multiples confinements pénitentiaires dessinèrent les prémices de la future société spartiate fondée sur le triptyque «boulot, métro/auto, dodo», sur fond de limitation stricte des droits de circulation, de manifestation et de réunion des personnes, voués à se généraliser et pérenniser en France.

Un système militaro-sécuritaire construit sur la rente impérialiste

Dans le cadre de l’Etat d’urgence sanitaire et la proposition de loi Sécurité globale, la dérive autoritaire du gouvernement Macron devient flagrante. Le gouvernement français ne dissimule plus ses projets liberticides : trois décrets furent publiés en décembre 2020 permettant le fichage des personnes en raison de leurs «opinions politiques, des convictions philosophiques, religieuses ou une appartenance syndicale», décrets entérinés par le Conseil d’Etat le 4 janvier 2021. Ainsi, la police et la gendarmerie pourront ficher les opinions politiques, les convictions philosophiques, religieuses, l’appartenance syndicale et données de santé au nom de la «sûreté de l’Etat». Le spectre de Big Brother est ressuscité, symbole de l’Etat totalitaire et du contrôle drastique des libertés et de la vie privée, dont la devise est «Big Brother is watching you» («Big Brother vous regarde»). Bienvenue dans la France despotique de Macron. Le scénario du futur drame de la France pourrait s’intituler : Silence, on vous surveille ! Motus, on vous réprime !

En tout état de cause, la crise sanitaire tout comme le confinement constituèrent, plus qu’un révélateur, un aggravateur des clivages sociaux. Et la loi sur le séparatisme, intervenue dans une période de crise économique et sociale aiguë, n’est pas innocente : elle permet de diviser le front des exploités (du prolétariat de France d’origine et d’obédience diverse), de jeter à la vindicte populeuse raciste les «citoyens» d’origine étrangère, les populations de confession musulmane.

Force est de constater que la militarisation de l’Etat français s’explique par sa crainte d’une explosion sociale, et non par les menaces (fantasmagoriques) terroristes islamistes (par ailleurs politiquement instrumentalisées par le pouvoir). Actuellement, en France, la militarisation de la société se manifeste par l’armement des polices municipales (véritables milices), le suréquipement des forces de l’ordre, la multiplication des caméras de vidéosurveillance dans les lieux publics, la modernisation de tout l’arsenal répressif : armes, blindés, renseignements. En l’espèce, pour la bourgeoisie française décadente apeurée, dans un contexte de tensions sociales accrues, il s’agit de l’adaptation de son appareil répressif aux futures imminentes luttes sociales, affrontements de classes.

Sans nul doute, avec l’aggravation de la crise économique, l’augmentation exponentielle de la misère et du chômage, le prolétariat et ses jeunes générations sacrifiées n’auront pas d’autre choix que de s’engager dans la lutte pour défendre leurs conditions de vie et de travail dramatiquement dégradées, comme on le constate avec la relance du mouvement de lutte actuel. Immanquablement, ces prolétaires se heurteront, lors des manifestations et protestations, aux forces de l’ordre de l’Etat.

C’est dans cette perspective d’affrontements de classe qu’il faut inscrire la politique d’augmentation exponentielle des budgets de la police et de l’armée.

Après la phase de militarisation de la répression exécutée avec des instruments de neutralisation technologiques rudimentaires, l’Etat français rentre désormais dans la phase de la répression militaire opérée avec des moyens matériels et humains exceptionnellement sophistiqués et meurtriers.

K. M.

(Suite et fin)

Comment (3)

    Anonyme
    25 mars 2023 - 9 h 17 min

    Pour faire court , cette histoire de réforme des retraites n est que la partie Émergée de l Iceberg qui va exploser la Société française à partir de 2027 . Il faut reconnaître au CRIF , Administrateur Délégué du Territoire de France pour compte de ……..Tel Aviv , la capacité de Concevoir , planifier , et exécuter des Opérations de déstabilisations et de « Retournements » qui permettent au Nazisionistes de mettre la main sur la « République de Franc » . D aucuns auront remarqué que dans cette affaire , les Fascistes du RN ( devenu une Annexe du CRIF depuis l Allégeance de la Marine Le Pen et la prise en main de l État-major du parti par les « juifs » Sionistes ) sont devenus les « Sauveurs des Masses Populaires «  . Au point ou La Marine appelle déjà a « Voter pour Ellle » en 2027 , après avoir déposé la Motion de Censure du gouvernement Macroniste . Attali à planifié cette opération et c et ainsi qu elle sera exécutée …….sauf sursaut des Élites patriotes républicaines françaises

    Anatole France
    24 mars 2023 - 16 h 53 min

    Emmanuel Macron a fini sa mue, il est devenu fasciste. La France est une dictature répressive ultra violente.Les CRS et les gendarmes mobiles sont les milices du régime de Macron le poudré. La police française s’est militarisée ces vingt dernières années. Comme à la guerre, la junte française balance des grenades GLI F4, GM2L et autres, sur les manifestants. Elle mutile et elle tue. La police française peut revêtir les couleurs camouflages de l’armée. C’est une junte qui est au pouvoir à Paris.

      Soso
      27 mars 2023 - 5 h 51 min

      La France a toujours été rasciste comme tout les occidentaux mais que contre les africains et les arabes spécifiquement il y a juste à regardez le traitement fait aux ukrainien, la lybie cet a 200 km de la première côte Europe (italie)la Syrie aux porte aussi avec la Grèce le danger en tant de guerre doit être encore pire car cet presque dans leurope pas aux porte comme « l’ukrainistan »et ont vois bien comment la différence et énormément flagrante, des milliards et des milliards jettez dans cette poubelles fachiste ukrainienne la distance avec l’Europe et de 3000km le racisme cet sa…
      Nous sommes arabes et africains nous sommes pour les un à la création de toute richesses que porte cette planètes et pour l’autre une lumière qui a éclairé la science la médecine les chiffres et pourtant un fachiste du « banderistan »ukrainien à plus de valeurs car blanc et « chrétienne rascime dans toute sont affreuses splendeur et certains dirigeants arabes et africains reste et resteront soumis à ses mêmes fachiste rasciste sans aucune espèce de valeurs d’honneur ou de morale.
      La France es et restera rasciste cet sont adn.

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