Interview – Abdallah Zekri : «On doit rester unis face aux menaces racistes !» 

Abdallah Zekri
Abdallah Zekri. D. R.

Algeriepatriotique : Un ressortissant tunisien vient d’être lâchement assassiné en France. Comment réagissez-vous à ce crime raciste, en tant que président de l’Observatoire de lutte contre l’islamophobie ?

Abdallah Zekri : D’abord, mes pensées vont à sa famille endeuillée par cet acte ignoble qui nous a tous secoués. C’est un crime abject commis par un raciste nourri à la mamelle de l’extrême-droite et poussé à commettre ce geste par le climat délétère ambiant qui n’augure rien de bon, malheureusement. J’ai eu à avertir la communauté musulmane de France, après l’assassinat du jeune Malien Aboubakar Cissé, de faire très attention car les jours à venir sont porteurs d’une grande menace pour nous. Ça n’a pas manqué. Quelques semaines à peine après le drame de La Grand-Combe, voilà qu’un frère tunisien tombe sous les balles d’un homme haineux, chauffé à blanc par des médias et des hommes politiques complices.

Justement, comment expliquez-vous le silence des médias et des responsables politiques suite à ce drame, pourtant grave ?

Quand Macron parle de séparatisme, j’ai la nette impression que ce qu’il insinue, c’est que tous les citoyens vivant sur le territoire français ne sont pas égaux devant la loi. Ce silence ahurissant face à ce qu’il vient de se passer – il y a mort d’homme – ne peut que semer le doute quant à la sincérité des dirigeants de ce pays vis-à-vis d’une frange de la société qui représente, tout de même, la deuxième plus grande religion de France.

Ce crime intervient au lendemain de la fuite organisée du rapport sur les Frères musulmans. Y voyez-vous un lien ?

Le tapage fait autour du rapport sur les Frères musulmans dans le contexte électrisé actuel n’a fait qu’exacerber la haine raciale et l’islamophobie, conduisant à cet acte que les grandes chaînes de télévision ignorent superbement, détournant les regards de l’opinion publique d’un véritable fléau social qui va en s’aggravant, celui de la violence qui, si elle n’est pas endiguée de façon sérieuse, échappera à tout contrôle.

Quel commentaire le contenu de ce rapport sur les Frères musulmans vous inspire-t-il ?

Je me contenterai de dire que c’est un attrape-nigaud qui ne servira strictement à rien pour ceux qui en sont les instigateurs. L’opinion française est consciente des véritables enjeux qui menacent sa sécurité. Les Français savent pertinemment que toute cette mascarade est motivée par un seul objectif, celui de semer la terreur pour camoufler la gestion apocalyptique des présidents et des gouvernements successifs depuis plusieurs années maintenant. Tous les indicateurs sont dans le rouge, et pour jeter un voile sur cet état lamentable dans lequel les dirigeants français ont mis le pays, sur les plans économique et social notamment, ces derniers inventent des menaces qui seraient imminentes : tantôt c’est la Russie qui va diriger ses missiles nucléaires vers Paris, tantôt ce sont les Frères musulmans qui phagocytent la société française, tantôt c’est l’Algérie qui attente à l’intégrité de la France. Bref, tous les biais sont bons pour motiver cette fuite en avant qui sera fatale à la longue.

Craignez-vous une recrudescence des crimes racistes à l’avenir ?

Oui, je le crains fort. Mon inquiétude est d’autant plus grande et justifiée que tous les ingrédients favorables à une augmentation des agressions contre les musulmans et des attaques contre les mosquées sont réunis. Le discours dominant dans les médias mainstream tend à encourager le passage à l’acte, sans que cela incite les autorités à intervenir pour éviter l’irréparable. Je ne saurais dire si cette attitude amorphe cache quelque plan prémédité pour je ne sais quel but, bassement électoraliste ou autre, ou si elle est symptomatique d’une faiblesse de l’Etat. Dans un cas comme dans l’autre, cette situation ne peut durer, et les membres du gouvernement actuel, qui ont fait du dénigrement de l’islam sous couvert de lutte contre l’islamisme politique, un marchepied pour atteindre l’Elysée en 2027 et faire le plein lors des prochaines élections municipales, doivent laisser leur égoïsme de côté et penser à l’ensemble de la société.

Que conseillez-vous aux musulmans de France dans cette atmosphère chargée de haine à leur égard ?

Je leur conseille de rester solidaires et de ne surtout pas répondre aux provocations. Je leur conseille également de signaler tout comportement suspect à la police ou à la gendarmerie, et de prendre les mesures nécessaires pour se prémunir de toute agression physique. Parmi ces mesures, je préconise d’éviter de circuler seuls et de ne pas s’exposer à des réactions violentes de racistes psychopathes endoctrinés par les dangereux outils de propagande qui font office de pseudo-chaînes d’information.

Propos recueillis par Karim B.

Comment (6)

    Anonyme
    3 juin 2025 - 10 h 43 min

    Si l’on glisse malheureusement, comme vous le prétendez, il y a peut être une raison, voire plusieurs !

    Semite001
    3 juin 2025 - 9 h 49 min

    On devait s’attendre à quoi avec un ministre de l’intérieur non légitime qui appelle au pogrome contre les sémites musulmans. Ce ministre doit passer en justice pour incitation au terrorisme incitation à l’anti sémitisme ce Tunisien qui a était tué en raison de sa religion sémite. ce tunisien parle une langue sémite il est probable qu’il soit descendant de phéniciens donc 3 fois plus sémite que. ces faux sémites qui nous prennent le choux à longueur de journée Alors oui c’est un acte terroriste et anti sémite .

      Karim
      3 juin 2025 - 11 h 54 min

      Semite001 vous avez tout à fait raison nous sommes tous sémites même les chrétiens, nos compatriotes rejettent ce terme de sémite ,ils pensent tous à tort que cela signifie être de confession judaïque,
      le reta yo. Est arrivé à ses fins inciter les fachos de son clan à passer à l’acte et ce type veut être président ,
      Hier ils se sont tous déplacés pour un tag sur les murs extérieurs d’une synagogue et ils ont bien. Raison mais le meurtre d’un fidèle musulman dans une mosquée ne vaut pas le déplacement voilà la réalité dans la nouvelle France

    Anonyme
    2 juin 2025 - 19 h 35 min

    Pour être unis, il faut avoir les mêmes droits judiciables et équitables. Mais votre unité n’est basée que sur votre communauté et celle qui représente la communauté musulmane, qui ne sont que les religieux, les imams, les mosquées, etc. On crame un Coran ou une mosquée, vous êtes là, même les États se lèvent pour leurs mosquées, mais des ressortissants qui meurent, vous faites de la politique sur le dos des morts !

    Les ressortissants qui meurent ne sont que des sujets que vous vous servez pour votre cause…

    La HAINE n’est pas Naturelle
    2 juin 2025 - 17 h 05 min

    La HAINE n’est pas Naturelle
    Elle est FABRIQUEE et ORIENTEE par des Officines et des Cellules de Communication prête à être diffusée par les Médias

    Au delà des Fantasmes , J. Attali a peut-être raison sur certains points
    …cf J. Attali
    La France va très mal.
    Plus mal que tous les autres pays de l’Union européenne.
    Pour la première fois depuis des siècles, le niveau de vie des Italiens, en parité de pouvoir d’achat, est devenu supérieur à celui des Français.
    Les Espagnols, les Portugais, les Grecs, ont moins de déficits que les Français, qui ne travaillent pas assez…”
    ….
    …cf J. Attali
    “Encore une fois, comme à chaque fois depuis l’élection présidentielle de 1995, sinon même celle de 1988, les électeurs n’auront le choix qu’entre des personnes, affublés de programmes improvisés à la dernière minute, sans aucune vision ni ambition crédible.
    La droite extrême s’arc-boutera sur son refus de l’immigration et de la réforme des retraites.
    La droite se joindra à l’extrême droite sur l’immigration et parlera d’Europe.
    La gauche sociale-démocrate parlera de justice fiscale et d’environnement. Pendant que la gauche extrême ne parlera que d’impôts supplémentaires et de son refus de l’islamophobie….”

    “…Le temps n’est plus aux utopies ni aux programmes, mais aux réactions instinctives d’un chef face à des événements de moins en moins prévisibles….”
    .
    (…)

    Mohamed El Maadi
    2 juin 2025 - 14 h 15 min

    (…)
    Un Tunisien tué. Un Turc blessé. Cinq morts racistes en cinq mois. Et toujours pas un mot, pas une larme, pas même une indignation automatique. Il aura fallu attendre 24 heures — une éternité médiatique — pour que Bruno Retailleau daigne sortir de son bunker ministériel et gratter un communiqué. Froid, neutre, presque gêné. Comme s’il n’avait pas reconnu ses enfants.

    Car soyons lucides : ces morts ne sont pas le fruit du hasard. Elles sont les fruits pourris d’un arbre qu’on arrose en plein jour. Retailleau, avec ses discours obsessionnels sur « le grand remplacement », « l’identité en danger », « les mosquées envahissantes », n’est pas qu’un politicien droitier. Il est le haut-parleur d’un climat. Il est la légitimation officielle de la violence. Il est le souffle derrière la gâchette.

    Et dans l’ombre, une rumeur enfle. *La suspicion d’escadrons de la mort au sein même des forces de l’ordre.* Des interventions nocturnes, des bavures sans caméras, des familles qu’on intimide pour se taire. Des témoignages ? Ils existent. Ils se murmurent dans les quartiers, dans les hôpitaux, dans les commissariats. Une mère raconte qu’on lui a refusé l’enregistrement d’une plainte ; un voisin affirme avoir vu des policiers rire en quittant la scène d’un passage à tabac. Et même si certains témoignages étaient « inventés », n’est-ce pas le rôle de la presse — ou à tout le moins de la justice — de les confronter à la lumière plutôt que de les enterrer dans le silence complice

    La vérité, c’est que la France glisse lentement, méthodiquement, dans une forme de pogrom froid, diffus, administré, pudiquement racial, et toujours nié. On ne brûle plus les synagogues ou les mosquées, on élimine au compte-goutte, en isolant les cas, en psychiatrisant les victimes, en minimisant les mobiles. Le crime raciste devient un fait divers. La haine devient une politique. Et Retailleau, loin de l’apaiser, verse de l’huile sur les cadavres.

    Que reste-t-il alors ? La peur. L’attente. L’impression que le « pas de vague » protège tout, sauf les vivants. Et une certitude : quand l’État ne défend plus ses citoyens les plus vulnérables, il cesse d’être un État. Il devient un cartel, un clan, une milice en cravate.

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