L’autre terrorisme

Yémen
Les frappes au Yémen ont tué plusieurs dizaines de civils, dont des enfants. D. R.

Par A. Boumezrag – En 2025, le terrorisme n’est plus une idéologie. C’est un outil diplomatique, un argument d’investissement, un label ajustable. Il suffit de bouger une ligne dans un rapport d’experts ou de prononcer une déclaration martiale pour transformer un peuple en menace, un résistant en terroriste, une milice en partenaire de sécurité.

En ce printemps 2025, on en est là. Des terroristes selon les intérêts, des larmes selon les caméras, des morts classés utiles ou inutiles selon le drapeau qui les couvre. Mais rassurez-vous, la morale de l’histoire est sauve. Comme dans tous les westerns : à la fin, c’est toujours le plus armé qui gagne. Et le plus pauvre qui paie.

Et pendant ce temps, dans le grand théâtre des puissances, les vraies victimes continuent d’être les invisibles. Ceux dont personne ne parle, sauf en statistiques brutes : les enfants privés d’école par la guerre, les familles déplacées à jamais, les quartiers rasés par des frappes soi-disant ciblées, les femmes réduites au silence, les voix étouffées par la peur ou l’exil.

Ces vies-là ne font pas la Une, ne nourrissent pas les débats de salons feutrés où se négocient les contrats d’armement. Elles ne figurent pas dans les bilans officiels, noyées dans les chiffres abstraits des «dommages collatéraux». Pour elles, le terrorisme, c’est une réalité quotidienne, une horreur sans fin, une absurdité logistique que rien ne justifie.

Mais les puissances, elles, savent bien où placer leur énergie. Plutôt que de s’attaquer aux racines – la pauvreté structurelle, le pillage des ressources, les alliances douteuses, les interventions unilatérales –, elles préfèrent désigner des boucs émissaires, fabriquer des narratifs simplistes et efficaces.

Le véritable terrorisme, celui qui mérite notre haine universelle, ne porte pas toujours la barbe, ni la Kalachnikov. Il s’habille en costume-cravate, en uniforme militaire, en sourire diplomatique. Il se cache derrière des bureaux feutrés, des accords secrets, des intérêts économiques froids comme la mort.

Le terrorisme du 21e siècle, c’est d’abord celui des puissances qui détruisent, pillent, manipulent, et qui, en prime, nous vendent leur propre violence comme la seule vérité. Ce terrorisme-là, ce théâtre d’ombres et de violences maquillées, c’est aussi notre responsabilité collective. Et la première étape pour le combattre, c’est d’arrêter de le nommer uniquement chez les autres. On ne peut pas bâtir un monde meilleur en fermant les yeux sur celui qu’on détruit.

Au printemps 2025, le théâtre du terrorisme géopolitique continue de se jouer avec ses rôles bien définis, mais toujours aussi tragiques.

Prenons l’exemple du Sahel, où les grandes puissances occidentales affichent leur «engagement contre le terrorisme». Des milliers de soldats déployés, des milliards dépensés en opérations militaires, et pourtant, la violence continue de croître. Pourquoi ? Parce que la vraie question reste taboue : les causes profondes – pauvreté endémique, corruption, inégalités criantes – sont laissées de côté au profit d’une guerre de communication. Pendant ce temps, certaines puissances régionales, alliées stratégiques d’Occident, financent en sous-main des milices locales, alimentant un cycle sans fin.

En Ukraine, la guerre prolongée par les soutiens extérieurs, officiellement pour «défendre la démocratie», alimente un autre théâtre d’ombres. Entre aides militaires, sanctions économiques et propagande, les populations civiles paient un prix exorbitant. Les discours officiels dénoncent les «terroristes» russes, mais oublient les conséquences humanitaires dramatiques des stratégies de siège et des bombardements massifs qui détruisent villes et infrastructures civiles.

Et que dire des opérations «chirurgicales» des drones américains au Moyen-Orient, qui continuent de faire des «victimes collatérales» invisibles aux yeux du grand public ? Une enquête récente a révélé que des frappes au Yémen ont tué plusieurs dizaines de civils, dont des enfants, sans que ces pertes soient officiellement reconnues. Mais ces actes sont soigneusement camouflés sous des termes aseptisés, loin des projecteurs.

Ces exemples confirment ce que la chronique dénonce : le terrorisme, dans le prisme des puissances, est une notion instrumentalisée, ajustée selon les intérêts du moment et rarement abordée dans sa complexité humaine et politique.

C’est cette réalité qu’il faut accepter de regarder en face si l’on veut enfin sortir de ce cercle infernal.

A. B

Comment (8)

    Brahms
    14 juin 2025 - 13 h 35 min

    Tous ces gosses n’ont rien demandés à ces crapules de sémites pour se faire liquider.

    Un enfant doit être protégé par la Convention de Genève mais comme ce sont des sémites, ils jouent sur les mots, les prétextes et ont des relais en France sur les chaines d’infos pour masquer la réalité du terrain.

    Ils font passer tout le monde pour des terroristes.

    Abou Stroff
    8 juin 2025 - 7 h 25 min

    je pense que nous assistons au passage d’un monde unipolaire dominé par l' »hyper-puissance » américaine vers un monde multipolaire où les usa ne seront plus qu’une super-puissance parmi d’autres super-puissances, d’où la crise observable qui secoue plusieurs le monde dans sa quasi-entièreté.

    or, « La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître : pendant cet interrègne on observe les phénomènes morbides les plus variés. » (A. Gramsci)

    moralité de l’histoire: il n’y en a aucune, à part que le terroriste des uns est le résistant des autres, chacun continuera à voir midi à sa porte, la crise perdurera et personne ne sortira du « cercle infernal » où les « phénomènes morbides les plus variés » continueront ne cesseront d’émerger tant que la crise ne sera pas dépassée.

    wa el fahem yefhem

    Mohamed El Maadi
    7 juin 2025 - 19 h 36 min

    (…)
    L’analyse d’A. Boumezrag sur la transformation du terrorisme en un outil diplomatique et économique — un « label ajustable » selon les intérêts — trouve un écho saisissant dans l’expérience algérienne. Cette expérience, paradoxalement reconnue par les services secrets occidentaux mais dédaignée ou ignorée par leurs élites politiques, révèle une approche d’une rare sophistication que le grand public peine à comprendre.

    Contrairement aux interventions militaires superficielles ou aux narratifs simplistes que dénonçait Boumezrag, l’Algérie a su mener une guerre contre le terrorisme bien plus complexe, articulée autour d’une compréhension intime du fonctionnement mental, historique et économique des organisations terroristes. C’est là tout le « secret » que détient l’Algérie : elle ne s’est pas contentée de combattre les actes, mais a cherché à pénétrer la logique interne, les motivations profondes, les mécanismes d’instrumentalisation de ces groupes.

    Les services algériens ont su décrypter la manière dont ces organisations sont parfois des marionnettes de jeux géopolitiques plus larges, alimentées par des intérêts extérieurs, économiques et stratégiques. Cette approche globale, alliant psychologie, histoire et intelligence économique, a conféré à l’Algérie une avance significative. Plusieurs attentats perpétrés en Europe ont en effet été identifiés et prévenus par les services algériens — parfois même par des mises en garde restées sans réponse ou ignorées par certains pays occidentaux.

    Cette connaissance fine et pragmatique a permis à l’Algérie non seulement de réduire la menace sur son propre territoire mais aussi d’éviter des drames ailleurs, devenant un acteur-clé de la lutte antiterroriste mondiale, quoique souvent en coulisses.

    Ce paradoxe — cette reconnaissance technique et opérationnelle d’un savoir-faire algérien, conjuguée à une marginalisation politique sur la scène internationale — illustre parfaitement ce que dénonce Boumezrag : la fabrique et l’usage instrumental du terrorisme par des puissances qui préfèrent entretenir la confusion plutôt que de promouvoir des solutions durables.

    Le monde gagnerait pourtant à s’appuyer sur cette expérience concrète, à dépasser les postures idéologiques pour intégrer la complexité du phénomène, à écouter les voix qui connaissent « la tête » des terroristes, leurs tactiques, leurs appuis occultes.

    Mais cette écoute dérange. Parce qu’elle met à nu les contradictions des politiques étrangères, les doubles jeux des alliances, et l’échec patent d’une approche militaire seule. Parce qu’elle rappelle aussi que la guerre contre le terrorisme est aussi une guerre contre ceux qui le manipulent.

    En 2025, alors que le terrorisme continue d’être brandi comme un épouvantail pour justifier des interventions et des alliances opaques, il est urgent que l’expérience algérienne cesse d’être un secret bien gardé. Car seule une compréhension authentique, débarrassée des jeux d’intérêts, pourra enfin briser le cercle vicieux d’une violence à géométrie variable.

      Abou Stroff
      8 juin 2025 - 15 h 22 min

      « l’Algérie a su mener une guerre contre le terrorisme bien plus complexe, articulée autour d’une compréhension intime du fonctionnement mental, historique et économique des organisations terroristes. » Dites vous !

      Si nous admettons que le terrorisme islamiste est, essentiellement, un instrument aux mains de la mouvance islamiste dont l’objectif ultime est l’érection d’une « dawla islamia », alors, il nous faut reconnaître, dans un premier temps, que l’Algérie, grâce à la mobilisation de son armée, de ses services de sécurité et des patriotes en armes, a pu venir à bout du terrorisme islamiste en lui infligeant une défaite remarquable.

      Ceci étant souligné, posons nous une question à un doro suivante :

      si le terrorisme islamiste a été, effectivement vaincu en Algérie, la mouvance islamiste indigène a t elle, effectivement, renoncé à son objectif ultime, i. e. l’érection de sa « dawla islamia » ?

      réponse gratuite : je pense, contrairement à l’enthousiasme affiché par M. E-M, que le terrorisme islamiste n’étant pas une fin en soi, sa défaite en Algérie est un épiphénomène à l’échelle mondiale étant donné que son support idéologique, i. e. la mouvance islamiste, demeure un allié incontournable des puissances impérialo-sionistes.

      En termes simples, « la fabrique et l’usage instrumental du terrorisme » par les puissances impérialo-sionistes» ne relèvent pas, contrairement à ce qu’avance M. E-M, de l’entretien d’une ………………. confusion, mais s’intègre parfaitement, dans la stratégie de démantèlement des Etats nationaux qui ne répondent pas aux desiderata des ……………. puissances impérialistes.

      En termes crus, « une compréhension authentique » du terrorisme islamiste dévoilerait la convergence d’intérêts entre l’impérialisme, le sionisme et …………. la mouvance islamiste dont le terrorisme islamiste n’est que le bras armé et mettrait en lumière le jeu trouble des Etats qui infligent des défaites au terrorisme islamiste, tout en flirtant, à outrance, avec la mouvance islamiste.

      Wa el fahem yefhem

    ATTENTION ! Ceci est aussi un terrorisme!
    7 juin 2025 - 1 h 16 min

    ATTENTION !
    Une grave et dangereuse tromperie est en préparation ! (Informez au maximum !)
    ———-
    Les produits exportés d’Europe vers l’Afrique (particulièrement depuis la France vers ses « ex colonies ») seront mélangés à de la farine d’insectes. C’est l’UE qui a décidé pour les consommateurs Européens très hostiles! Pour analyser les effets premiers sur la santé, la France envisage de prendre les Africains pour cobayes en incorporant (sans signalement) cette farine dans tous les produits alimentaires exportés vers l’Afrique !
    Voir l’article intitulé « L’UE ouvre la porte aux farines d’insectes dans notre alimentation » sur le site « Géopolitique Profonde »
    https://geopolitique-profonde.com/actualite/technologie/lue-ouvre-la-porte-aux-farines-dinsectes-dans-notre-alimentation/

    Koleriq
    5 juin 2025 - 10 h 10 min

    L’inventeur du concept de « judéo-nazi » est Yeshayaou Leibowitz,
    talmudiste et philosophe israélien.

    zembla
    5 juin 2025 - 9 h 42 min

    Il y a un fait indéniable ,si la Russie avait respecté les frontières de l’Ukraine nous n’en serions pas là

    Anonyme
    5 juin 2025 - 9 h 39 min

    Le faible, quel pauvre personne! Les arrogants et le brailleurs les bavardeurs les parleurs les aboyeurs les drogués dans le train de la guerre les massacres où les yeux se cachent et les bouches se ferment! Le diabolique barbare criminel et monstrueux génocidaire OCCIDENT! Malheur à toi

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