La dernière guerre ?

Iran
Et si l’Iran tombe, qui osera encore se dresser ? D. R.

Par Mohamed El-Maadi – L’Iran a répondu. Froidement, méthodiquement. Mais cette fois, la réplique n’a pas calmé le jeu. Elle l’a fait exploser. Les Etats-Unis ne veulent plus seulement «contenir», ils veulent finir. En quittant le G7 précipitamment, Trump a envoyé un message au ton martial : évacuez Téhéran ! Le scénario est en route. Ce ne sont plus des frappes ciblées qui se préparent, mais une guerre de décapitation. L’objectif : chasser définitivement les mollahs du pouvoir.

Certains en viendront à théoriser, avec l’obsession complotiste des moments critiques, que ce fut depuis toujours le «grand plan israélo-iranien». Que les mollahs ont permis à Israël de prospérer, d’étendre sa sphère d’influence, de justifier sa militarisation. Comme si, en jouant au contre-pouvoir, l’Iran avait légitimé son propre bourreau.

Ce même raisonnement tordu qu’on applique à l’Algérie : si elle a des ennemis, c’est parce qu’elle refuse de se soumettre. Et, donc, en refusant l’ordre établi, elle en devient le problème. Refuser l’injustice devient suspect. Défendre une cause devient une trahison camouflée.

Mais revenons à l’essentiel : Washington entre dans la guerre. Et c’est probablement l’élément que Tel-Aviv espérait secrètement depuis longtemps. Le moment où le parrain américain fait le sale boulot. Il ne s’agit plus de faire plier le régime iranien, il s’agit de le liquider.

Alors, quid de la Russie ? Quid de la Chine ? La réponse est tragique : rien. Aucun des deux n’ira jusqu’à la guerre pour sauver Téhéran. Pas sans un enjeu vital. Moscou est occupé en Ukraine. La toile d’araignée israélienne y a déjà fait des ravages. Pékin, lui, risque gros, mais il négociera. Il perdra l’accès aux matières premières iraniennes mais ne sacrifiera pas sa stabilité intérieure pour un régime qu’il n’a jamais totalement compris.

L’Iran a donc le dos au mur. S’il ne sort pas maintenant l’arme que tous soupçonnent sans oser y croire – le «lapin atomique» –, alors tout est terminé. Ce ne sont plus des centrifugeuses qu’on vise, mais le cœur même du régime. On prépare une Syrie en version chiite, un Irak en version persane : démembrement, insurrections, proto-Etats ethniques.

Le pire ? L’Iran a peut-être trop attendu. Il a cru au temps long, aux alliances floues, aux équilibres imaginaires. Il a cru qu’en jouant la prudence, il survivrait. Mais l’histoire est cruelle avec les retardataires. Elle offre rarement une seconde chance à ceux qui n’ont pas su frapper quand il le fallait.

Nous y sommes. Pas dans une guerre de plus. Dans la guerre décisive. Celle qui peut enterrer une vision alternative du monde. Celle qui peut faire basculer définitivement l’ordre régional. Celle qui, si elle est perdue, fera de la souveraineté une nostalgie et de la résistance une fable.

Et si l’Iran tombe, qui osera encore se dresser ?

M. E.-M.

Comment (3)

    Sur l’Iran 🇮🇷
    20 juin 2025 - 11 h 23 min

    Sans être un Spécialiste de ces Sujets
    Ce qui protège l’Iran 🇮🇷
    Ce n’est pas la bombe nucléaire ☢️
    Ce qui protège l’Iran 🇮🇷 En ce moment Ce sont , sa Resilence , son Unité, ses Technologies , ses Ingénieurs, ses Professeurs , ses entreprises et son industrie militaire
    Ce qui protège l’Iran 🇮🇷 En ce moment c’est la Menace que pose son programme avancé de Missiles Balistiques
    .
    A mon avis
    l’Iran peut DISSUADER militairement des Acteurs Régionaux Aggressifs et hostiles comme Tel Aviv mais Il est trop tard voire contre-productif que l’Iran se dote de la bombe nucléaire ☢️
    L’Iran peut DISSUADER économiquement le camps Occidental contre une Escalade avec une perturbation du Traffic du Détroit d’Ormuz
    .
    L’Avenir pour L’Iran dépendra de la Solidité de ses Relations Énergétiques et de Défense avec ses Voisins Asiatiques y-compris le Pakistan , la Turquie et les pays du pourtour de la Mer Caspienne.
    L’Iran devrait Normaliser ses relations dans le Golfe Persique et avec l’Arabie Saoudite
    L’Iran doit sauvegarder sa Souveraineté dans l’Equilibre de ses relations avec les États Unis , l’Europe d’un cote et la Russie ou la Chine de l’autre.
    .

    SAM
    20 juin 2025 - 11 h 06 min

    Un article fort, mais à force de prophétiser la fin, on oublie de parler des leviers.
    L’Iran est menacé, c’est vrai. Mais la souveraineté ne dépend pas d’un seul État.
    Elle renaît partout où des peuples décident de ne plus se soumettre aux règles des autres.
    L’Algérie, avec son histoire, ses ressources, et sa position géostratégique, n’a pas besoin d’attendre la chute d’un empire pour exister.
    Elle doit bâtir son propre cap.
    Pas se lamenter sur la dernière guerre, mais préparer la prochaine souveraineté.

    Abou Stroff
    20 juin 2025 - 10 h 04 min

    Et si l’Iran tombe, qui osera encore se dresser ? s’interroge M. E.-M.

    réponse gratuite: si le régime des mollah tombe, il restera toujours le peuple iranien et si le peuple iranien prend en main sa destinée, il peut défendre sa souveraineté et sa résistance constituera un moment de l’histoire à se rémémorer.

    en termes crus, je persiste et signe: avec ou sans netanyahou, avec ou sans les mollahs, le projet sioniste continuera à s’imposer tant que les régimes musulmans (des régimes racistes basés sur la religion) et l’entité sioniste (un régime raciste basé sur la religion) ne seront pas « déconstruits » par les peuples (quelle que soit leur religion) qui subissent l’asservissement et l’exploitation du Grand Capital dont le régime sioniste et les régimes musulmans, dans leur quasi majorité, ne sont que les « représentants régionaux ».

    moralité de l’histoire: il n’y en a aucune, à part, que le plan Yinon étant en marche, il ne reste aux peuples (quelle que soit leur religion) de la région qu’à remettre en cause l’ordre établi par les régimes qui les enfument grâce, notamment, à la religion.

    wa el fahem yefhem

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.