Supporters décédés au stade du 5-Juillet : Tebboune ordonne la mise en place d’une commission d’enquête

5-Juillet championnat d'Algérie accident
L'accident s'est produit lors du match de samedi au stade du 5 juillet. D. R.

Sur instruction du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, une commission d’enquête a été mise en place pour déterminer les circonstances de l’accident tragique survenu, samedi soir, au stade du 5-Juillet et ayant fait des morts et des blessés parmi les supporteurs, indique dimanche un communiqué des services du Premier ministre.

«Suite à l’accident tragique survenu samedi soir 21 juin 2025 au stade du 5-Juillet, et ayant fait des morts parmi les supporteurs, puisse Allah les entourer de Sa miséricorde et accorder aux blessés un prompt rétablissement, et sur instruction du président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, une commission d’enquête a été mise en place pour déterminer les circonstances de cet accident tragique, les manquements, et les responsabilités et poursuivre les personnes impliquées», précise le communiqué, ajoutant que cette commission «soumettra son rapport dans les plus brefs délais en vue de prendre les mesures légales nécessaires pour éviter la reproduction de tels accidents tragiques».

«Cette commission est composée de représentants des ministères de l’Intérieur, de la Justice, de l’Habitat et des Sports, ainsi que des services compétents relevant du commandement de la Gendarmerie nationale, de la Direction générale de la Sûreté nationale, et de l’Organisme national de contrôle technique de la construction, en plus des dirigeants du Mouloudia club d’Alger», conclut la même source.

R. N.

Commentaires

    Alif
    22 juin 2025 - 19 h 04 min

    Un accident dramatique survenu dans un stade a coûté la vie à plusieurs supporters. À leurs familles et à leurs proches, vont toutes nos pensées et nos condoléances les plus sincères. Ce genre de tragédie exige du respect, de la compassion, mais aussi de la lucidité sur les responsabilités et les mécanismes institutionnels en jeu.

    Car au-delà de l’émotion légitime, une question structurelle se pose : pourquoi, dans un État censé disposer de multiples institutions spécialisées, faut-il encore attendre que le président ordonne l’ouverture d’une enquête ? Pourquoi, face à un événement aussi grave, le réflexe immédiat est-il de scruter la réaction du chef de l’État, comme si rien ne pouvait se faire sans lui ?

    Dans certains pays, on confond autorité avec contrôle absolu. À chaque problème, à chaque accident, à chaque plainte, c’est vers le président que tout se tourne. Les poubelles ne sont pas ramassées ? Il faut qu’il intervienne. L’eau est coupée ? Il doit s’exprimer. Un accident dans un stade ? On attend qu’il donne des instructions.

    Ce réflexe est devenu la norme. Il traduit une dérive institutionnelle grave : l’idée que seul le chef de l’État peut agir, que rien ne peut fonctionner sans son feu vert, que les institutions ne sont là que pour exécuter, non pour décider.

    On appelle cela le micromanagement politique. C’est une forme de gouvernance qui centralise tout, qui infantilise les administrations, et qui concentre l’attention et les attentes sur une seule personne. Le président devient ainsi l’interlocuteur unique de tout un pays, qu’il s’agisse des moutons de l’Aïd, des jeunes chômeurs, ou de la distribution des logements sociaux.

    Ce n’est pas une caricature. C’est la réalité. Le président commente les prix des moutons, promet des emplois aux jeunes, et intervient dans les dossiers de logement comme s’il était le maire d’une commune ou le chef d’une wilaya. Il gère les urgences du quotidien, au lieu d’assumer sa fonction de chef d’État, porteur de vision, garant des équilibres et stratège du long terme.

    Cette manière de gouverner est largement liée au profil même du président. C’est un gestionnaire. Un haut fonctionnaire. Un préfet élu président. Mais un pays, surtout vaste, complexe, et situé dans une zone géopolitique instable, ne se gère pas comme une préfecture. Il exige un leadership politique, une hauteur de vue, une capacité à structurer les institutions et à déléguer la responsabilité.

    Or, dans ce modèle, les institutions sont vidées de leur substance. Les ministres attendent les ordres. Les juges attendent les instructions. Les collectivités locales n’osent rien entreprendre sans validation du sommet. L’ensemble de la machine se grippe. Elle devient lente, inefficace, incapable de faire face à une crise de grande ampleur.

    Pire encore, en l’absence de perspective politique, le pouvoir dérive vers une logique sécuritaire. On encadre, on contrôle, on réprime. La prévention, le dialogue, la réforme s’effacent devant l’ordre et la peur de l’imprévu.

    Mais un pays ne peut pas se permettre cela. Il a besoin de dirigeants qui gouvernent avec confiance dans leurs institutions, qui assument la complexité du monde, et qui savent que l’autorité ne réside pas dans l’omniprésence, mais dans la capacité à déléguer, à anticiper, et à construire une vision collective.

    Un président doit être un homme d’État. S’il se contente d’être un gestionnaire, alors c’est tout l’État qui devient fragile.

    Et ce jour-là, ce ne seront plus les moutons, les logements ou les emplois qu’on perdra. Ce sera la maîtrise de notre avenir.

    —- Au bord de la dépression. Pas à cause de l’émotion. À cause de la lucidité.

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