Le royaume du bluff
Par Mohamed El-Maadi – Le Maroc se rêve en puissance régionale. Il se fantasme en modèle africain. Il s’imagine médiateur des crises, allié fiable de l’Occident, locomotive du Maghreb. Mais derrière les façades repeintes de Rabat et les discours creux de Davos, c’est un royaume essoufflé, fragile, qui court à crédit derrière sa propre légende
Socialement, le pays vacille. Le chômage des jeunes dépasse les 30%, les zones rurales sont à l’abandon et les émeutes sporadiques disent ce que la presse muselée ne peut plus cacher : la misère est partout, l’injustice aussi. Chaque projet «royal» vanté dans les médias n’est souvent qu’un mirage bétonné, sans redistribution, ni dignité.
Economiquement, le Maroc vit à crédit. Une dette publique qui frôle les 100% du PIB, une dépendance chronique aux aides européennes, une monnaie faible, une agriculture sacrifiée à l’export et une industrie sous perfusion étrangère. Le royaume vend ses infrastructures, hypothèque ses ressources, et appelle cela modernisation.
Militairement, malgré les parades et les achats tapageurs de drones israéliens ou turcs, le Maroc reste structurellement dépendant. Pas de doctrine autonome, pas de souveraineté technologique, pas de profondeur stratégique. Une armée de vitrine pour régime d’image.
Et sur le plan diplomatique, c’est l’impasse : le Maroc croit compenser son absence de vision par un trop-plein d’alliances. Il dit soutenir la paix tout en signant avec Israël et en enterrant la cause palestinienne. Il parle souveraineté mais fait écrire ses discours à Washington et Tel-Aviv.
Le drame, c’est que la monarchie a fait le choix du court terme : plaire à l’Occident, servir Israël, séduire les lobbies. En échange de quoi ? De promesses. Mais aucune puissance ne respecte un Etat qui vend tout pour être aimé. Le Maroc ne peut être ni un allié solide ni un arbitre crédible. Son alignement n’est pas stratégique : il est mercenaire.
La question palestinienne, en cela, est révélatrice. En trahissant Gaza pour quelques drones et une reconnaissance bidon de souveraineté sur le Sahara, Rabat a détruit ce qui restait de son capital symbolique. Il s’est aliéné les peuples, les résistances, les justes. C’est un suicide politique. Car les régimes qui tournent le dos à la justice finissent toujours par y être confrontés.
Le Maroc espère la grandeur. Mais celle-ci ne s’achète pas. Elle se construit. Et aucune pyramide pharaonique bâtie sur des dettes, des illusions et des renoncements ne tiendra face à la vérité brute d’un peuple humilié et d’une région en éveil.
M. E.-M.
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