A vomir : quand les juristes et les plumitifs débattent des cadavres palestiniens

Christophe Ayad
Christophe Ayad. D. R.

Par Khaled Boulaziz – Il y a une obscénité dans le ton, un crime dans les mots choisis, une complicité dans la posture. L’article publié par Le Monde le 12 juillet 2025, signé par Christophe Ayad et titré «Génocide à Gaza : pourquoi la question divise les juristes», est un sommet de cynisme journalistique déguisé en objectivité. A quoi bon ces 11 minutes de lecture, sinon pour fournir aux bourreaux de Gaza un dernier alibi linguistique, une planche de salut rhétorique face aux fosses communes de Rafah et aux crânes explosés de Jabalia ?

Plus de 60 000 morts. Des enfants affamés, des nourrissons démembrés, des mères ensevelies vivantes sous les gravats. Une terre réduite en cendres par une armée coloniale équipée par l’Occident et applaudie par ses chancelleries. Et dans ce contexte d’horreur absolue, que trouve-t-on dans Le Monde ? Une tribune travestie en enquête, un théâtre d’ombres où les juristes se demandent doctement si les conditions du génocide sont vraiment réunies.

Ce qu’ils appellent «débat juridique» est une chorégraphie macabre sur des montagnes de cadavres. Ils posent la question de l’intention. Comme si le fait de raser volontairement tous les hôpitaux, de cibler les convois humanitaires, d’empoisonner les réserves d’eau, de couper les couveuses et de priver deux millions d’êtres humains de nourriture, ne suffisait pas. Comme si on devait attendre une lettre tamponnée du bureau de Netanyahou : «Je certifie vouloir anéantir les Palestiniens.»

Mais qu’est-ce que cette presse devenue fossoyeuse de toute décence ? Ayad, en bon fonctionnaire du doute, feint l’impartialité. Il cite la Convention de 1948, interroge des juristes, convoque l’histoire. Mais jamais il n’écrit noir sur blanc ce que chaque mère palestinienne crie sous les bombes : c’est un génocide, un génocide méthodique, voulu, assumé, orchestré. Ce refus de nommer les choses n’est pas une prudence, c’est une complicité. C’est un crime moral. Pire que le silence, c’est le maquillage de l’abattoir.

Et voilà qu’entre en scène Emmanuel Macron, le prestidigitateur du cynisme, qui, lors d’une interview télévisée, lâche avec gravité : «Ce n’est pas à un responsable politique d’utiliser ce terme.» Hypocrisie nue, froide, bureaucratique. Quand l’Ukraine est bombardée, les mots fusent : crime contre l’humanité, génocide, tyrannie. Quand il s’agit de Gaza, il faudrait attendre le verdict de l’histoire, que les corps refroidissent, que les preuves soient scellées et les témoins morts. Ce deux poids et deux mesures est une souillure morale. Macron, dans sa lâcheté diplomatique, enterre Gaza sous des protocoles.

Le Monde, quant à lui, n’en est pas à son premier outrage. Depuis des mois, ce journal fonctionne comme une chambre d’écho du sionisme feutré. Il ne critique jamais frontalement les crimes israéliens : il les analyse, les nuance, les contextualise. C’est ainsi qu’on blanchit un génocide : à coup de paragraphes équilibrés, de tribunes contradictoires, de citations savamment choisies. On oppose un juriste prudent à un avocat engagé, on évoque les «deux récits», on cite la Cour internationale de justice comme si son attente était une vertu. En réalité, c’est un abandon.

Et, pendant ce temps, les enfants crèvent. Chaque jour. Des centaines de petits corps désintégrés, des cris qui ne seront jamais entendus, des visages décomposés sous les gravats. Et des journalistes français en train de déguster leur café tout en s’interrogeant sur l’adéquation entre la jurisprudence Akayesu [au Rwanda] et la situation gazaouie.

Ce n’est pas du journalisme. C’est du lavage de sang. C’est la reconduction médiatique du massacre par d’autres moyens : le mot suspendu, le concept relativisé, l’acte dilué. C’est un enterrement en règle, avec cravate et jargon juridique. Et Ayad en est le fossoyeur.

Il faut dire les choses : les Israéliens mènent une guerre d’anéantissement ethnique à Gaza, et la presse française, dans sa majorité, est leur couverture morale. Quand un pouvoir colonial veut effacer un peuple, il a besoin de tueurs, mais aussi d’intellectuels serviles, de juristes ambigus et de journalistes comme Ayad pour semer la confusion. Ce ne sont pas des témoins : ce sont des complices.

Gaza meurt, et l’Europe disserte. Gaza hurle, et Paris tergiverse. Gaza se vide de ses enfants, et la République des Lumières compte les virgules dans les conventions. Honte à vous tous ! Vous avez troqué la justice contre la syntaxe. Vous avez troqué les hurlements contre le débat. Vous avez trahi.

Ce n’est pas un génocide en débat. C’est un génocide en cours.

K. B.

Comment (10)

    Anouar Macta
    25 juillet 2025 - 15 h 47 min

    (…)
    Le 23 juillet 2025, la Knesset israélienne a voté une motion symbolique appelant à imposer la « souveraineté israélienne » sur la Cisjordanie occupée. 71 voix contre 13. Une gifle rhétorique, déguisée en procédure parlementaire. Et les capitales arabes, comme des épouses humiliées mais résignées, ont protesté à grand renfort de communiqués diplomatiques. Rien que du vent. Car tout le monde sait que cette motion n’est pas un geste isolé, mais **une étape calculée d’un plan à long terme : tuer la question palestinienne sans faire de bruit.**

    La méthode est connue. En Europe, on l’a vue avec d’autres sujets sensibles : mariage homosexuel, GPA, immigration de masse. On introduit un débat, on dit que « le peuple n’est pas prêt », puis on répète, on banalise, on attend, et on finit par imposer. Israël applique la même technique : d’abord le mot, ensuite la chose. On parle d’annexion comme d’une hypothèse, puis comme d’une nécessité. Et à la fin, ce n’est plus une question : c’est un fait.

    Pendant ce temps, les Émirats, le Maroc, Bahreïn et d’autres États arabes continuent à normaliser comme on s’agenouille. Ils ont cru qu’en tendant la main, ils obtiendraient des concessions. Ce sont eux qui ont tout concédé. Israël n’a rien promis, et il tiendra cette promesse. Les Palestiniens ? Rayés du plan de route. Gaza ? Dépeuplée à feu et à sang. Jérusalem-Est ? Déjà annexée de facto. Et maintenant la Cisjordanie. Le piège s’est refermé.

    Ce vote n’est pas anodin. Il n’est pas symbolique. Il est stratégique. Il annonce la suite. Et **les pays arabes, déjà compromis par leurs deals secrets, n’ont plus ni levier, ni voix, ni honneur. Ils condamnent le vote, mais entretiennent les relations. Ils crient, mais ils coopèrent. Ils protestent, mais ils investissent. Ils font semblant d’être trompés, alors qu’ils ont signé les yeux ouverts.

    Face à cette déroute morale et politique, une voix reste droite : l’Algérie. Fidèle à ses principes, à sa mémoire révolutionnaire, à sa lecture du conflit. Elle **ne reconnaîtra pas Israël**, tant que les droits du peuple palestinien seront piétinés, tant que les colonies pousseront comme des champignons, tant que l’histoire sera réécrite à coups de lois et de bulldozers.

    À moins d’un basculement global — hypothèse de plus en plus lointaine — l’Algérie restera ce qu’elle est : une nation debout dans un monde à genoux.

    Brahms
    24 juillet 2025 - 7 h 36 min

    Pourquoi c’est comme ça ? C’est pourtant simple à comprendre.

    Les Qataris ne bougent pas car ils sont dans l’investissement en Europe et Amérique, ils comptent leurs milliards de dollars et titres de propriétés (hôtels de luxe, club de football où le Président du Qatar était prêt à acheter un joueur de football de Chelsea pour 350 millions d’€ avec un salaire XXXL).

    Les AL SAOUDS sont issues de tribu juives et gèrent dans le monde leurs 1331 milliards de dollars.

    S’agissant des Palestiniens malheureusement ils sont restés à l’époque de 1967.

    En clair, ils pensent gagner la guerre avec des kalachnikovs face à Israël qui a une aide indéfectible des USA ainsi que des bédouins de la bédouinerie qui financent la sécurité d’Israël via des achats d’armes américaines sophistiquées et dont les bases américaines sont aux Qatar à Dubaï, prêtent à bondir.

    Par conséquent, face à des avions de combats ce n’est pas une kalachnikov qui fera l’affaire sachant que GAZA est assis sur des stocks de gaz de sorte qu’Israël ne se gênera pas pour liquider toute la résistance.

    Le droit, c’est de la littérature fasse à des puissants et si vous attendez après l’ONU, ils risquent d’attendre 02 siècles sans voir le début de quelque chose.

    Enfin, vous voyez bien que Benjamin Netanyaou n’a aucun souci dans ses déplacements aux USA malgré le mandat d’arrêt international, il est carrément au dessus de la loi alors que le moindre citoyen lambda qui braquera une banque serait très vite arrêté et jeté en prison pour de très longues années.

    Anonyme
    23 juillet 2025 - 20 h 36 min

    On est loin des accords d Oslo
    C est . tristement. risible non?

    Les Chiens Gris De L'Ouest Aboient, L'Algérie Avance
    23 juillet 2025 - 18 h 41 min

    L’idéologie sioniste a perdu la bataille médiatique car la majorité des habitants de cette planète a compris à qui elle avait affaire. Le sionisme d’aujourd’hui est le nazisme d’hier. Les 2 courants suprématistes et ouvertement racistes sont étroitement liés. Ils se nourrissent de la haine. C’est cette haine qui mènera inéluctablement à sa destruction. Une anomalie historique et géographique.
    L’entité criminelle sioniste est un monstre qui a été créé par les occidentaux. Ce monstre doit être mis totalement et définitivement hors d’état de nuire.

    Anonyme
    23 juillet 2025 - 17 h 52 min

    Christophe Ayad !!! En lui accolant le ……………..DÉBAT sur «  de quoi LE genocide des Êtres palestiniens est il le nom ? « , On a la Réponse , toute la Réponse !!!
    Autant demander à une Hyène Rieuse de reconnaître qu elle est Une Charognard ..

    Dr Kelso
    23 juillet 2025 - 17 h 32 min

    Je reprends encore une fois mon commentaire :
    @Anonyme 2021/09/08 :
    «Le respect du droit universel de l’autodetermination des peuples vivants sous occupation etrangere est un droit inalienable et faisant partie de la charte des Nations unies ONU..qui autorisent aussi les peuples vivants sous occupation etrangere d utiliser tous les moyens pour arracher leur liberte et leur independance totale… ….» →→→ y compris la lutte armée.
    Enfin : David Ben Gourion :
    «Si j’étais un leader Arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C’est normal ; nous avons pris leur pays. Il est vrai que Dieu nous l’a promis, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre dieu n’est pas le leur.
    Il y a eu l’antisémitisme, les Nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu’une seule chose : nous sommes venus et nous avons volé leurs terres. Pourquoi devraient t-ils accepter cela ?»

    Qu’en pense le roitelet de pacotille PD 6 l’autoproclamé emir el mou’minin?
    Qu’en pense le président fantoche du comité el quds?
    La trahison coule dans les veines de cette dynastie de tyrans qui ont usurpé le pouvoir au maroc. Traîtres de père en fils sans oublier la bâtardise qui est venue s’y greffer. Fils du traître tyran hassan 2 et petit-fils du traître tyran thami el glaoui. De royal, cette famille prédatrice en a que la prétention.
    L’imposture ne peut que perdurer quand on a pour peuple une majorité d’esclaves serviles obéissant au doigt et à l’œil à un système archaïque et moyenâgeux.

    Qu’en pense le roitelet de pacotille PD 6 l’autoproclamé emir el mou’minin?
    Qu’en pense le président fantoche du comité el quds?
    La trahison coule dans les veines de cette dynastie de tyrans qui ont usurpé le pouvoir au maroc. Traîtres de père en fils sans compter la bâtardise qui est venue s’y greffer. Fils du traître tyran hassan 2 et petit-fils du traître tyran thami el glaoui. De royal, cette famille prédatrice en a que la prétention.
    L’imposture ne peut que perdurer quand on a pour peuple une majorité d’esclaves serviles obéissant au doigt et à l’œil à un système archaïque et moyenâgeux.

    Dr Kelso
    23 juillet 2025 - 17 h 11 min

    Excellente contribution.
    Il s’agit uniquement strictement et exclusivement d’une question de DÉCOLONISATION.
    La victoire est au bout du fusil.
    Allah yrahmoum
    FREE PALESTINE
    FREE GEORGES IBRAHIM ABDALLAH

    Abou Stroff
    23 juillet 2025 - 16 h 53 min

    « Il faut dire les choses : les Israéliens mènent une guerre d’anéantissement ethnique à Gaza, et la presse française, dans sa majorité, est leur couverture morale. Quand un pouvoir colonial veut effacer un peuple, il a besoin de tueurs, mais aussi d’intellectuels serviles, de juristes ambigus et de journalistes comme Ayad pour semer la confusion. Ce ne sont pas des témoins : ce sont des complices. » souligne K. B..

    tout est dit dans ce texte-synthèse et, me semble t il, il n’y a pas lieu de développer une quelconque prose rythmée et de quelconques envolées lyriques pour caractériser une « nettoyage ethnique » qui doit déboucher sur une annexion pure et simple de Gaza à l’entité sioniste, vestige colonial doublé d’un régime raciste basé sur la religion.

    à ce titre, les médias mainstream français au même titre que les médias mainstream de toutes les puissances impérialo-sionistes jouent leur rôle d’ « intellectuels organiques » au service du Grand Capital dont l’entité sioniste n’est qu’une extension au niveau de la région du moyen-orient.

    moralité de l’histoire: je reste persuadé que le projet sioniste continuera à s’imposer tant que les régimes arabo-musulmans (des vestiges coloniaux doublés de régimes racistes basés sur la religion) et l’entité sioniste (un vestige colonial doublé d’un régime raciste basé sur la religion) ne seront pas « déconstruits » par les peuples (quelle que soit leur religion) qui subissent l’asservissement et l’exploitation du Grand Capital dont le régime sioniste et les régimes arabo-musulmans ne sont que les « représentants régionaux ».

    en termes crus, la libération du peuple palestinien du joug du sionisme est inséparable de la libération des peuples (quelle que soit leur religion) de la région, du joug du Grand Capital dirigé, au moment présent, par les impérialistes américains.

    PS: quant au constat: « Gaza meurt, et l’Europe disserte. Gaza hurle, et Paris tergiverse. Gaza se vide de ses enfants, et la République des Lumières compte les virgules dans les conventions », je pense qu’il n’y a rien de surprenant dans l’attitude du régime français, à moins que la réalité que nous (les êtres humains) façonnons, soit perçue comme une réalité où les intérêts de tout le monde convergent avec les intérêts de tout le monde et où tout le monde recherche le bonheur de tout le monde, bref, un monde des Bisounours.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.