Dominique De Villepin résiste et défie l’omerta imposée par Netanyahou à la France
De Paris, Mrizek Sahraoui – Parce qu’il a clairement nommé le génocide commis à Gaza et plaidé la discrétion comme voie de sortie de la crise diplomatique entre la France et l’Algérie, Dominique De Villepin subit les tirs coordonnés des médias, à la fois sous-traitants et caisses de résonance de la propagande de l’armée israélienne et hostiles à l’Algérie. Il fait aussi l’objet d’attaques et de harcèlement inouïs de la part du lobby sioniste, ainsi que des élites et du personnel politique qui se sont couchés devant le plus grand criminel du XXIe siècle. Mais même vilipendé, attaqué, harcelé, menacé, De Villepin résiste et défie l’omerta imposée par Netanyahou à la France
C’est de notoriété, Dominique De Villepin n’est pas à proprement parler un ami de l’Algérie. Ni il est celui des musulmans de France, encore moins des étrangers. Mais il est perçu par beaucoup, Français compris, comme un potentiel candidat capable de redresser la France, redorer le blason de la diplomatie française, pour l’heure sans boussole, et faire barrage à l’extrême-droite conquérante, désormais à quelques ruelles de l’Elysée.
Une voix libre qui émerge dans le chaos géopolitique ambiant. Un électron libre qui dérange. A 71 ans, l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac, dont l’histoire retient sa retentissante opposition à la guerre en Irak, en 2003, s’impose à nouveau comme une conscience morale face aux crises qui secouent le monde, en général, et un vis-à-vis fiable dans la question des relations franco-algériennes, en particulier.
Loin des calculs partisans, ses prises de parole, ciselées, incisives et sans concession, lui attirent autant la faveur et la ferveur populaires – sondage après sondage, De Villepin, plébiscité, gagne des points – que les foudres des élites dévoyées, que du large spectre du paysage politique totalement soumis à Israël, allant du parti macroniste à l’extrême-droite, en passant par son camp, la droite, qui, petit à petit, épouse les mantras des racistes et des nostalgiques des temps sombres.
De Villepin a de quoi attirer l’attention. Dans toutes ses sorties médiatiques, très nombreuses ces derniers temps, il a dénoncé sans ambages la politique du génocidaire Netanyahou à Gaza. Il est l’une des rares personnalités politiques françaises à avoir eu l’audace de s’insurger contre le plan israélien de déportation de la population de Gaza, ni plus ni moins synonyme d’une épuration ethnique. Il a également rejeté la rhétorique sécuritaire du gouvernement de l’entité sioniste, celle que vient régulièrement marteler le porte-parole de l’armée israélienne sur les chaînes d’information françaises. Tout en soulignant que les victimes civiles palestiniennes – près de 60 000 morts, un chiffre en deçà de la réalité, selon une étude indépendante, qui situe le nombre à plus de 100 000 morts – révèlent une logique d’anéantissement déguisée en lutte antiterroriste.
Avec courage et en dépit de la criminalisation de toute voix solidaire du peuple palestinien, l’ancien chef du gouvernement sous Chirac a porté la cinglante accusation de crimes contre l’humanité à l’encontre du régime d’apartheid de Tel-Aviv. Il est également parmi les rares à proposer des sanctions contre l’entité sioniste : suspension immédiate de l’accord commercial entre l’UE et Israël, embargo total sur les armes fournies par les pays occidentaux, traduction du gouvernement israélien devant la Cour pénale internationale. Cet appel contraste avec l’immobilisme de l’UE, dont il a régulièrement fustigé le silence coupable et l’alignement servile sur Washington et son allié sioniste.
Sur le dossier des relations franco-algériennes, Dominique De Villepin plaide en faveur de la voie de la sagesse face au bellicisme de Bruno Retailleau, qui vient d’inventer un gros bobard sur les passeports délivrés à nos compatriotes par le consulat de Toulouse. Entre les calculs bassement électoralistes, préjudiciables aux intérêts de la France, du ministère de l’Intérieur et de ces mentors, et les silences résonnant et non moins coupables d’une gauche en lambeaux, Dominique De Villepin pourrait être l’incarnation d’une troisième voie : celle du courage qui nomme les crimes, de la diplomatie qui préfère le dialogue d’égal à égal aux coups de menton sans l’ombre d’un effet.
M. S.
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