Voici pourquoi Emmanuel Macron ne met pas l’intenable Retailleau à la porte

Emmanuel Macron
Macron sait qu'en limogeant Retailleau, il lui offrirait des points dans les sondages. D. R.

De Paris, Mrizek Sahraoui – Quand l’art de la provocation calculée sert la stratégie du martyr volontaire. Le fil est trop gros pour être invisible. En s’attaquant une nouvelle fois à l’Algérie, à travers une série de mesures visant de hauts responsables algériens, donc l’Algérie, ses institutions et son peuple, et au regard des virulentes charges portées contre le macronisme, qui, selon lui, «alimente l’impuissance» et «s’achèvera avec Emmanuel Macron», Bruno Retailleau tire lui-même la ficelle de son départ du gouvernement. En réalité, le but est de (se) fabriquer de toutes pièces un statut de victime, de martyr sur le dos de l’Algérie.

Par le biais d’une démission en bonne et due forme qu’il devra remettre au président Macron lors du rendez-vous, initialement prévu ce jeudi mais reportée sine die, probablement en raison d’éléments nouveaux? Non. Il faut de l’audace en pareilles circonstances. Il veut forcer Emmanuel Macron à réclamer sa démission immédiate pour, subséquemment, incarner le martyr sacrificiel. Telle est la grossière et cynique mise en scène de l’agité ministre de l’Intérieur, qui fait de la provocation un outil de promotion personnelle.

Bruno Retailleau orchestre son départ du gouvernement, lequel risque de ne pas finir cette législature. Chacun sait que sa présence dans l’équipe gouvernementale, qu’il justifie par «l’intérêt général» et la peur d’un gouvernement composé de la «gauche mélenchonisée», sert moins à assurer la sécurité des Français qu’un véritable marchepied pour ses ambitions dans la quête de l’Élysée.

Par sa décision d’interdire le séjour, la circulation et les soins à 44 personnalités algériennes, une action qui s’inscrit dans ce théâtre de rue à deux sous, décision intervenue au moment même où le président Tebboune scelle des relations plus que parfaites avec l’Italie, par ses attaques répétées contre l’Algérie, ses institutions, des repoussoirs commodes pour flatter les tenants des thèses identitaires et nationalistes, Bruno Retailleau, fils d’un officier ayant sévi en Algérie, veut séduire les écuries de Bolloré. A travers sa cabale anti-algérienne, le ministre de l’Intérieur, cheval des oligarques pléonexes, veut définitivement ancrer sa légitimité dans les milieux nostalgiques de l’OAS, offrant au passage à l’extrême-droite sa candidature en guise de bouclier «sécuritaire» contre «l’immigration invasive». Le voilà donc qu’il transforme la xénophobie, le racisme en capital politique, tout en espérant capter l’électorat du Rassemblement national, dont il critique «l’inexpérience» de son chef, Jordan Bardella.

En choisissant le journal Le Figaro et le magazine Valeurs actuelles, sanctuaires de l’ultra-conservatisme français, le vassal de François Fillon veut faire d’une pierre plusieurs coups. D’abord, il adresse un message à la galaxie médiatique d’extrême-droite, pilier des réseaux bolloristes. Un message selon lequel le chef des Républicains est l’incarnation de cette droite utile, ferme, jamais docile, bien évidemment avec l’espoir de rallier tout le spectre de l’électorat réactionnaire. Retailleau mise sur un scénario simple : se faire exclure par Emmanuel Macron et, ainsi, se poser en victime devant l’échiquier politique raciste, l’électorat sur lequel fondent tous leurs espoirs les maîtres de l’œuvre du projet secret Périclès.

Sauf que personne n’est dupe.

M. S.

 

Comment (10)

    Luca
    25 juillet 2025 - 16 h 58 min

    Il n’y a pas d’élections en France , c’est une parodie d’élections…, il n’y a pas de sondage, pas de politique, pas de pluralisme, pas de progrès et encore moins de compétition. Tout est bloqué, truqué, en état de d’hyperregresion

    Anti-BOBARDS
    25 juillet 2025 - 12 h 22 min

    Parlons-en de L’AVENIR.

    frança la PUANTE, dont la majorité son peuple vit misérablement n’intéresse guère personne en Algérie. Même la 5e colonne commence à admettre cette réalité.

    L’un des chefs historique de notre glorieuse RÉVOLUTION n’avait-il pas dit à son bourreau Bigeard ? : « Vous avez le passé, et NOUS L’AVENIR ».

    Anonyme
    25 juillet 2025 - 11 h 48 min

    Macron/ Retailleau, c’est du « je te tiens, tu me tiens par la barbichette » !
    Ils sont condamnés à rester « pacsés » jusqu’en 2027:

    – le premier pour garder une relative majorité au centre avec les L.R. , et assurer une fin de mandat « honorable » en bloquant à l’extrême droite le couple Le Pen / Bardella, à gauche les redoutables contestataires de LFI.

    – le second pour rester visible et audible dans le Gouvernement et pour ramper tant bien que vaille jusqu’aux portes des élections présidentielles, le poids de sa présidence à la tête des L.R. n’étant pas encore suffisant pour remporter la majorité électorale requise pour le sacre Elyséen.

    Moralité: Le pire des maux est celui dont on a besoin !

    Anouar Macta
    25 juillet 2025 - 11 h 47 min

    (…)
    Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, joue l’Iznougoud du Beauvau : un homme obsédé par le pouvoir, prêt à tout pour renverser le calife Macron, quitte à sacrifier la sécurité des Français. Sa stratégie est limpide : provoquer sa propre éviction, se poser en victime et renaître en héros. Derrière cette mascarade, le bilan est catastrophique.

    En dix mois, Retailleau promet l’ordre et la fermeté. En réalité, il accumule les échecs. La délinquance explose : homicides +25 %, violences sexuelles +10 %, tandis que la drogue circule librement — consommation et trafic en hausse de 10 % et 6 %. Sa fameuse loi anti-narcotrafic, brandie en étendard, est une coquille vide face aux mafias bien installées.

    Sur le dossier de la drogue, l’échec est abyssal. Alors que les drogues dures inondent le territoire, provoquant une recrudescence des fusillades, Retailleau reste étrangement silencieux. Sa proximité affichée avec le Maroc — principal pourvoyeur désormais — alimente des soupçons. Certains dans son propre camp murmurent que cette relation a pu freiner sa main, empêchant une action ferme contre les réseaux mafieux. Pendant ce temps, quartiers et Français paient le lourd tribut de cette paralysie.

    Plutôt que d’assumer, Retailleau crache sur Macron, dénonçant un « macronisme » réduit à un homme et accusant le président d’« impuissance ». Une attaque grossière et calculée, destinée à provoquer son départ et à endosser le costume de martyr. Mais le vrai sacrifié, c’est la sécurité publique.

    Sa posture anti-algérienne, loin d’être une politique réfléchie, est une manœuvre électoraliste pour séduire une droite dure nostalgique de l’OAS. Il instrumentalise la peur et la xénophobie pour capter un électorat d’extrême droite, dévoyant sa mission première.

    Au Beauvau, on dénonce un ministre ventriloque, dont les mots guerriers masquent une gestion désastreuse. Retailleau n’est ni héros, ni martyr. C’est un calculateur qui sacrifie la cohésion nationale à ses ambitions personnelles.

    La France mérite un ministre qui arrête de jouer à Iznougoud et commence enfin à faire son travail.

    Anonyme
    25 juillet 2025 - 10 h 57 min

    Arrêtez de rêver il ne sera ni viré ni démissionnaire.

      Anonyme
      25 juillet 2025 - 13 h 52 min

      On s’en tape.
      Lui ou un(e) autre c’est le même tarif.

    bruno retailleau use et abuse de la ruse pour arriver à ses fins : succéder à emmanuel macron à l’élysée. L’objectif de l’actuel locataire de beauvau est d’apparaître aux yeux des français comme le seul incarnant cette droite traditionnelle et conservatrice capable de l’emporter face au candidat de la gauche et de l’extrême gauche. Pour cela, il envisage toute éventualité concernant la personnalité qui représentera le rassemblement national lors de la présidentielle de 2027. Si marine le pen se retrouvait dans l’impossibilité de se présenter et que l’extrême droite choisissait le jeune et inexpérimenté jordan bardella, retailleau n’aurait même pas besoin d’appeler à cette union des droites comme le fit l’ex républicain ciotti. Il capterait ainsi le maximum de voix des droites réunies et également celles des macronistes issus du centre et de la droite. Il joue son va-tout sur la décision de justice qui scellera le sort de marine le pen. Pur calcul politique.

    Anonyme
    25 juillet 2025 - 10 h 17 min

    Les articles de Mrizek SAHRAOUI nous régale toujours très percutant.
    Merci monsieur MS

    Il va bien falloir que bruno retailleau justifie sa présence dans le gouvernement bayrou une fois sa candidature pour la présidence 2027 actée par son parti. Toutes ses attaques contre l’Algérie, son peuple et ses institutions servent son agenda politique. On appelle ça du machiavélisme. Le degré zéro de la politique politichienne. Ouaf ouaf ouaf!

    🇩🇿 Fodil Dz
    25 juillet 2025 - 10 h 05 min

    emmanuel macron doit sa survie politique à la droite et l’extrême droite. Ce gouvernement bayrou c’est comme un pansement sur une jambe en bois et retailleau sert de paravent au « beethoven de la gouvernance ». Le macronisme ne survivra pas au départ de l’élysée de son locataire actuel.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.