Pour une Cour pénale africaine indépendante : une nécessité face à la partialité de la CPI

CPI
Les juges de la CPI ne sont pas maîtres de leurs décisions. D. R.

Une contribution de Saïd Trabelsi – Depuis la création de la Cour pénale internationale (CPI) en 2002, la justice internationale était censée avoir marqué une étape majeure dans la lutte contre l’impunité des crimes les plus graves. Cependant, la CPI fait face à de nombreuses critiques, notamment de la part de plusieurs pays africains qui y voient un instrument partial, largement dominé par les puissances occidentales. Ce sentiment de méfiance devra conduire l’Union africaine (UA) à réfléchir à la mise en place d’une Cour pénale africaine autonome, capable de juger les crimes internationaux sur le continent avec équité et indépendance.

La CPI : un tribunal partial dominé par l’Occident

La CPI a été créée dans le but de poursuivre les auteurs de crimes de génocide, crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes d’agression lorsque les juridictions nationales sont incapables ou refusent de le faire. Pourtant, dès ses débuts, la Cour a fait preuve de partialité. En effet, la majorité des procédures engagées concernent des dirigeants ou acteurs africains, alors que d’autres régions du monde, également concernées par des conflits graves (Moyen-Orient, Asie, Amérique latine), semblent largement épargnées.

Cette focalisation africaine renforce le sentiment d’injustice. Des figures comme Omar El-Bachir (Soudan), Laurent Gbagbo (Côte d’Ivoire), Joseph Kony (Ouganda) ou encore Uhuru Kenyatta (Kenya) ont été poursuivies, tandis que les pays occidentaux, leurs alliés ou leurs agents présumés ont rarement été inquiétés. Cette asymétrie confirme le fait que la CPI est un instrument géopolitique au service des intérêts occidentaux.

Par ailleurs, la composition même de la CPI, son financement, ainsi que la majorité des juges et procureurs issus de pays occidentaux, renforcent la conviction d’une domination extérieure. Les interventions politiques des puissances occidentales, coupables d’utiliser la CPI comme un levier de pression diplomatique, participent à la dégradation de la crédibilité de la Cour auprès des Etats africains.

Les conséquences pour l’Afrique

Cette perception de partialité a eu plusieurs conséquences négatives pour l’Afrique et la justice internationale. D’abord, elle alimente la méfiance des Etats africains envers la justice internationale, ce qui complique la coopération indispensable pour l’efficacité des procédures pénales internationales. Plusieurs pays africains ont retiré leur adhésion au Statut de Rome (qui a créé la CPI), ou menacé de le faire, remettant en cause la légitimité même du tribunal.

Ensuite, cette situation contribue à une forme d’impunité de fait. Certains dirigeants ou acteurs africains engagés dans des conflits violents et des violations massives des droits humains peuvent se sentir protégés ou instrumentalisés, alors que d’autres sont jugés à des fins souvent plus politiques que strictement judiciaires.

Enfin, ce climat fragilise la construction d’une justice africaine crédible et souveraine, une justice qui devrait être capable de s’appuyer sur les valeurs et les réalités du continent.

La nécessité d’une Cour pénale africaine indépendante

Face à ces enjeux, la mise en place d’une Cour pénale africaine indépendante apparaît comme une urgence politique et juridique. Une telle institution offrirait plusieurs avantages décisifs.

1. La souveraineté judiciaire du continent

La Cour pénale africaine permettrait à l’Afrique de prendre en main la justice pénale internationale concernant son territoire. Elle incarnerait la souveraineté du continent dans un domaine essentiel, celui de la lutte contre l’impunité. Ce tribunal africain serait conçu et géré par des Africains, dans le respect des cultures juridiques locales, des particularités politiques et sociales.

2. Une justice plus légitime aux yeux des populations africaines

L’un des défis majeurs de la justice internationale est la légitimité perçue par les populations concernées. Une Cour africaine, née des institutions du continent et comprenant mieux les dynamiques internes, devrait susciter un plus fort soutien populaire. Elle ne serait pas vue comme une entité extérieure imposée par des puissances étrangères.

3. Une justice mieux adaptée aux réalités africaines

La complexité des conflits africains, avec des racines historiques, ethniques, économiques et sociales particulières, nécessite une approche juridique nuancée. La Cour africaine pourrait intégrer ces dimensions dans ses procédures et ses jugements, contribuant ainsi à une justice plus complète et juste.

4. Une garantie contre la politisation et l’ingérence occidentale

L’autonomie de la Cour pénale africaine limiterait les risques de manipulation politique par des acteurs extérieurs. En prenant ses décisions sur la base des faits et du droit, sans pression externe, cette Cour renforcerait la crédibilité de la justice pénale internationale sur le continent.

Défis et perspectives pour la création d’une Cour pénale africaine

La création d’une Cour pénale africaine indépendante ne va pas sans défis. Sur le plan institutionnel, il faudra assurer une harmonisation des droits pénaux nationaux africains, garantir la formation et l’indépendance des juges, ainsi qu’un financement durable. Il sera également nécessaire de définir clairement la relation entre cette Cour africaine et la CPI, notamment pour éviter les conflits de compétence.

L’Union africaine a adopté en 2014 le protocole relatif à la Cour africaine de justice et des droits de l’Homme, qui pourrait constituer la base juridique pour l’instauration d’une Cour pénale africaine. Par ailleurs, plusieurs experts, ONG et responsables politiques africains militent activement pour ce projet, conscient de son importance stratégique.

Conclusion

L’Union africaine se trouve à un carrefour décisif en matière de justice internationale. La dépendance à la Cour pénale internationale, instrument occidental partial, ne répond plus aux exigences de souveraineté, de justice et de légitimité du continent africain. La création d’une Cour pénale africaine indépendante, affranchie de l’influence occidentale, constitue une étape indispensable pour restaurer la confiance dans la justice internationale et affirmer la capacité de l’Afrique à résoudre ses propres conflits dans le respect du droit et des droits humains.

Au-delà d’un simple enjeu juridique, cette Cour africaine serait un symbole fort d’émancipation politique, un vecteur de paix et de stabilité sur le continent. Pour que la justice soit vraiment universelle, elle doit être également plurielle et respectueuse des particularismes régionaux. L’Union africaine a donc aujourd’hui l’opportunité historique de réinventer la justice pénale internationale à travers le prisme africain, pour un monde plus équitable.

S. T.

Universitaire

Comment (8)

    Anonyme
    1 août 2025 - 16 h 08 min

    C est vrai ce que je dis AP, il y a pas un président dans le monde qu on appelle tonton. Ben oui prouvez moi le contraire ? 🇩🇿❤️

    Anonyme
    1 août 2025 - 16 h 01 min

    On me riait au nez et ont me prenez pas au sérieux probablement qd je parlais de la CPI 2 déjà à l époque pour Sarkozy et BHL en Lybie. Ça faisait partie de Kes souhaits comme un siège permanent pour l Afrique et l Algérie en tt que principal acteur et avec véto mais ça viendra un jour inch Allah mais faut continuer les efforts consentis par l Algérie et surtt teber la feuille de route bien établie car elle est et reste imparable. En tt cas eux n y pourrons rien ma seule crainte vous la connaissez elle est interne. Je compte sur Tebboune et Chengriha pour le moment pays et son peuple et Tebboune pourra compter sur son conseiller anonyme à distance. Ne vous ai je pas dit que nous allons rendre Tebboune bcp plus populaire que Boumedienne ou l émir Abdelkader et à l extérieur de l Algérie aussi certains présidents et pays de ce monde l envieront mais il faut absolument teber la feuille de route et consolider les premières étapes avant que le volet 3 de cette feuille de route prenne le relais, il a déjà commencé timidement, on attend pas on continu et le mot d ordre est tjrs en cours, on est partout et prend tout et ceci jusqu’à nouvel ordre. On reste sur ça pour le moment. Je sais ce que je dis, en voulez-vous une preuve ou un exemple ? Alors soit, aucuns présidents en Algérie ou dans le monde a été appelé ( rami);tonton Tebboune et il le mérite il est soucieux de son peuple simple embrasse dans la tête les siens et apprécie sa jeunesse.
    Voilà pourquoi je compte sur lui pour continuer cette feuille de route si importante pour le pays et son avenir et qui profitera à tt le monde et Tebboune en sera plus que remercier et pas seulement par son peuple mais nous y sommes pas encore , nous sommes dans la bonne voie sauf si en interne ça sabote ces efforts et cette feuille de route mais cette dernière a tt prévue et les écrasera et tous comme ils sont si ils essaient de nuire ou de lui faire obstacle, les autres puissances extérieures et même les plus grandes n y pourront rien car elle n’a rien écarter et surtt eux à l extérieur bien plus dangereux que ceux qui sont en internes et qui cherchent juste leurs propres profits ou ceux des autres contre le pays. 🇩🇿. Tebboune a compris bcp de choses et a pris de la bouteille mais il n est pas seul et c’est important que Chengriha l ANP l accompagne sur ces réformes et le développement du pays, il y va de la sécurité nationale et de l avenir du pays donc le leur aussi. L Algérie est trop grande et trop belle en vérité pour la laisser à des tricheurs et des gangsters et nous l avons vu par nous même que ça ne réussit ni aux voleurs et ni au peuple et à ce beau pays que nous chérissons tous mais que nous devons soigner et tous et à commencer par en haut. Franchement tout le monde est content en Algérie de voir de belles plages organisée propres et sans voyous parkings sauvages et autres mafia de janvier plage, vous voyez c est d utilité publique et cette Algerie qu on construit peut que satisfaire son peuple et les autres aussi qui viennent nous rendre visite. C était juste un p’tit exemple mais j avais écris l an dernier que tt ça se préparer d avance et pas au dernier moment. Je suis content pour mon pays et les siens et merci Tebboune pour ce changement qui fera du bien à tt le monde. J ai fini AP .

    Nasser: "Cour pénale africaine indépendante : Surtout pas ! Trop de corruption en Afrique!
    1 août 2025 - 15 h 00 min

    « Cour pénale africaine indépendante : une nécessité face à la partialité de la CPI »?
    Surtout pas!!
    Toute « organisation » dite « internationale » est sujet à manipulation !!Il y aura toujours des pressions, des mains baladeuses pour les dévier ! Si elles sont africaines ce sera pire! Elle deviendront vite un instrument de pression, de manipulation et de corruption. Les exemples ne manquent pas: dont l’UA et la CEDEAO….Il y a encore des Etats-liges et trop de corruption!

    Anonyme
    1 août 2025 - 14 h 47 min

    Ça viendra inch’Allah , rappelez vous je n arrêtais pas de parler de créé une CPI 2 pour les punir ces chiens sur votre site et il y a longtemps. Tout mes souhaits collectifs trouveront leurs chemins inch Allah. La feuille de route n est pas que pour l Algérie, c’est un tout.

    Moskos dz
    1 août 2025 - 14 h 20 min

    Très bonne initiative,seule une cour pénale Africaine pourra juger le commandeur commandé et si bien protégé par l’occident pour crimes narcotiques et contre le peuple Sahraoui.

    Anouar Macta
    1 août 2025 - 13 h 28 min

    L’idée d’une Cour pénale africaine est légitime et réalisable, mais elle ne pourra fonctionner sans une crédibilité internationale adossée à un poids économique et institutionnel réel. Tant que l’Afrique ne maîtrise pas les leviers du pouvoir global — réseaux, banques, influence médiatique —, sa justice restera vulnérable.

    On l’a vu avec la CPI : efficace contre les ennemis du système dominant, mais paralysée dès qu’un allié occidental est visé. Les règles changent, les pressions s’activent, et l’universalité du droit se dissout.

    En attendant, des instruments existent. Une Charte panafricaine pourrait rendre contraignants les jugements de la Cour africaine, y compris à l’encontre d’entreprises, qui se verraient exclues des marchés du continent en cas de condamnation.

    Les instances internationales sont les outils des occidentaux impérialistes.

      🇩🇿 Fodil Dz
      1 août 2025 - 15 h 06 min

      Une Cour pénale africaine indépendante face à la cpi, instrument partial au service des occidentaux. Je suis pour.
      L’Union Africaine devrait y réfléchir sérieusement. Mais on sait tous que le chemin sera long car il y a encore beaucoup de nations traîtres qui sont de véritables relais de la stratégie occidentalo-sionistes au sein de l’organisation panafricaine. Il suffit de se rappeler ceux qui ont tenté vainement d’accorder un statut d’observateur au sein de l’UA à l’entité sioniste génocidaire …

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