Exploitation illégale des richesses du Sahara Occidental : mise en garde aux citoyens européens

Sahara Occidental
Les citoyens européens pourraient être concernés par des sanctions. D. R.

Par Houari A. – L’Association pour la surveillance des ressources naturelles au Sahara Occidental (AREN) exprime sa «profonde préoccupation» face aux tentatives en cours au sein de la Commission européenne de conclure de nouveaux accords avec le Maroc incluant le Sahara Occidental, en contournant ouvertement et gravement l’arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) du 4 octobre 2024.

«Cet arrêt historique a clairement affirmé que le Sahara Occidental est un territoire séparé et distinct du Maroc, et que tout accord international ou commercial impliquant ses terres, ses eaux ou ses ressources naturelles requiert le consentement du peuple sahraoui, par l’intermédiaire de son représentant légitime, le Front Polisario», dénonce l’AREN dans une déclaration parvenue à notre rédaction.

«Le peuple sahraoui est aujourd’hui forcément divisé entre des camps de réfugiés vivant dans des conditions humanitaires extrêmement difficiles et le territoire contrôlé par le Maroc par la force, dans le cadre d’un conflit politique en cours, placé sous la supervision des Nations unies», note l’AREN. Elle rappelle que «des violations systématiques des droits humains y sont documentées, les ressources naturelles sont exploitées sans le consentement de leurs propriétaires légitimes, et des restrictions sécuritaires, militaires, économiques, culturelles et sociales sont imposées, limitant le droit du peuple sahraoui au développement et à l’autodétermination».

«Le peuple sahraoui détient le droit exclusif de gérer ses ressources naturelles, et toute exploitation sans son consentement constitue un pillage documenté et criminalisé au niveau international. La poursuite de la signature d’accords économiques incluant ces terres sans le consentement du peuple sahraoui constitue non seulement une violation du droit international et du droit européen, mais renforce un fait accompli imposé par la force, sapant les perspectives d’une solution juste et durable conformément aux résolutions de l’ONU», met en garde l’association. «La poursuite de telles politiques menace non seulement la stabilité de la région, mais porte également atteinte à la crédibilité de l’Union européenne, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de ses frontières», avertit-elle.

«Depuis près de cinquante ans, le peuple sahraoui vit dans une situation exceptionnelle et prolongée, privé de son droit à l’autodétermination, reconnu par les résolutions des Nations unies, et soumis aux politiques de fait accompli imposées par le Maroc», relève encore l’AREN, en soulignant que le soulèvement de Gdeim Izik en 2010 «a envoyé un message clair au monde». Ce message est que «les Sahraouis vivent dans des conditions difficiles qui restreignent leurs libertés fondamentales, les empêchent de contrôler leurs ressources et les excluent de la détermination de leur avenir».

«Tout accord incluant les ressources du Sahara Occidental signifierait que l’argent des contribuables de l’Union européenne serait utilisé pour soutenir une des parties dans un conflit politique en cours, supervisé par les Nations unies, en dehors de la légalité internationale et de ses résolutions», objecte l’AREN, selon laquelle «persister dans de tels accords sans le consentement du peuple sahraoui constitue non seulement une violation manifeste des arrêts de la CJUE, mais risque également de saper la confiance des citoyens européens». Ce, «en donnant l’impression que l’UE finance des violations des droits humains et le pillage de ressources dans un territoire disputé».

«Les institutions de l’UE, en particulier le Parlement européen, ont déjà approuvé dans le passé des accords similaires qui ont été par la suite annulés par la justice. Il a été révélé que cela s’était produit dans un contexte de grave infiltration au sein du Parlement européen, connue sous le nom de Marocgate, révélant l’influence indue exercée par les réseaux de lobbying marocains», pointe l’AREN, en mettant en garde «clairement» qu’«insister pour conclure des accords en violation du droit européen et international pourrait exposer les institutions de l’UE, et donc les contribuables européens, à des actions judiciaires». Ce qui les obligerait à verser une compensation substantielle au peuple sahraoui, en tant que partie légitime exclue de ces accords.

«Les organisations de la société civile européenne sont appelées non seulement à faire preuve de solidarité avec le peuple sahraoui dans sa lutte légitime pour l’autodétermination, mais aussi, et surtout, à protéger le droit européen et international et à défendre les valeurs fondamentales de l’Union européenne», exhorte l’AREN, en insistant sur le fait que «s’engager dans des accords qui incluent le Sahara Occidental sans le consentement de son peuple porte atteinte à la crédibilité des institutions européennes».

«Ainsi, la responsabilité de la société civile européenne est aujourd’hui d’empêcher l’Europe de devenir complice de violations qui sapent son intégrité, et de réaffirmer que le respect du droit et de la justice doit prévaloir sur tous les intérêts politiques et commerciaux», poursuit l’AREN, tout en réaffirmant sa disposition à coopérer avec ses partenaires européens «pour promouvoir la transparence et préserver les valeurs partagées».

«La complicité avec des politiques de fait accompli dans un conflit politique en cours sous la supervision des Nations unies ne crée ni paix ni stabilité, elle sème au contraire les germes du chaos et de la méfiance», étaye l’AREN, en concluant que «le respect du droit et de la justice reste le seul chemin vers un avenir commun, fondé sur les mêmes valeurs qui ont présidé à la création de l’Union européenne».

H. A.

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