Manœuvres marocaines contre l’aide aux réfugiés sahraouis : entre lobbying, gesticulations et désillusions

PAM réfugiés sahraouis
David Baisely, directeur du Programme alimentaire mondial (PAM). D. R.

Par Hocine Belaid Las d’essuyer, jour après jour, les revers auprès des institutions internationales et européennes, concernant la prétendue marocanité du Sahara Occidental, comme l’a rappelé, encore récemment, l’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Amar Belani, le Maroc poursuit, tout de même, sa politique de désinformation et d’intimidation, en se focalisant encore, et toujours, sur la question de l’aide humanitaire et le nombre de réfugiés sahraouis retenu comme base de travail pour les opérations de planification de cette aide par les agences onusiennes qui en ont la charge.

La stratégie poursuivie inlassablement par le Maroc, tout au long de ces dernières années, vise à focaliser l’attention de l’opinion internationale et celle des institutionnels européens et onusiens sur la question du recensement des réfugiés sahraouis en instrumentalisant, de manière grossière, les allégations infondées de détournement de l’aide humanitaire qui est leur est destinée.

Le modus operandi est toujours le même : monter des opérations de désinformation en ayant recours à des personnes peu recommandables et vénales (eurodéputés de l’extrême droite, notamment et lobbyistes patentés) pour lancer à travers des publications et plateformes douteuses des informations mensongères sur le détournement de l’aide humanitaire afin de faire pression sur la Commission européenne, les organismes onusiens et les donateurs.

Cette fois-ci, le Maroc a franchi une nouvelle étape, en interpellant sèchement, via son ambassade à Rome, le directeur exécutif du Programme alimentaire mondial (PAM), comme l’illustre la note verbale, postée en bas d’article, pour remettre en cause, de manière cavalière, la véracité de l’estimation chiffrée des réfugiés sahraouis vivant dans les camps de Tindouf et ceux bénéficiaires de l’aide du PAM.

En effet, ébranlée par la publication de la fiche-pays Algérie, en sa qualité de pays abritant les réfugiés sahraouis, l’ambassade du Maroc à Rome a rejeté dans une correspondance officielle, adressée le 6 juillet 2020 à cette agence onusienne, le chiffre de bénéficiaires de l’aide du PAM qui s’établit à 152 768, en parfaite cohérence avec l’estimation établie, conjointement en mars 2018 sur des bases scientifiques, par le Haut-Commissariat pour les réfugiés, l’Unicef, l’OMS et un consortium d’ONG européennes travaillant dans les camps depuis plus de vingt ans,  et fixant le nombre de réfugiés au 31 décembre 2017 à 173 600 personnes.  Cette étude a d’ailleurs fait l’objet d’un rapport officiel transmis au secrétaire général des Nations unies.

En effet, le chiffre contesté par le Makhzen et retenu par le PAM correspond au pourcentage de la population sahraouie des camps souffrant d’insécurité ou d’insuffisance alimentaire (88% des estimations du HCR) et donc éligible à l’aide humanitaire qu’il fournit.

Rappelons que le PAM avait, sur la base de ces chiffres, arrêté un budget programme triennal pour cette aide humanitaire (2019-2020), d’un montant de près de 59 millions de dollars américains.

Le nouveau chiffre indicatif du HCR a, donc, été arrêté comme chiffre de planification par les agences onusiennes et les autres donateurs, dans le cadre de l’assistance humanitaire fournie aux réfugiés sahraouis. Ce chiffre est utilisé, depuis, comme base de planification, par l’ensemble des pourvoyeurs de l’aide humanitaire aux camps de réfugiés, y compris le PAM et l’Union européenne, comme l’atteste, notamment, le rapport du PAM d’août 2018 sur la question et la réponse de l’ancien commissaire européen à l’aide humanitaire à une question parlementaire, à ce sujet, en date du 2 juillet 2019.

Par rapport aux estimations de 2007, le nouveau chiffre du HCR représente une augmentation de presque 40%, ce qui correspond, logiquement, à une progression naturelle due à la croissance démographique de cette population, que le Maroc souhaite figer, au même titre que son obstination quant à la fiction de la «marocanité» du territoire, en feignant ignorer que ces réfugiés se sont déplacés, depuis 1975, parce que forcés et contraints suite à l’occupation militaire brutale par le Maroc de leur territoire et les exactions qui s’en ont suivies.

Poursuivant son immixtion grossière et inappropriée dans la méthodologie et les principes qui guident le PAM dans son action, en accusant cet organisme de partialité et en cherchant à lui dicter ses propres éléments de langage, le Maroc persiste dans son déni de la réalité, quant au nombre de bénéficiaires en exigeant de le maintenir à 90 000 (comme s’il avait une quelconque capacité à le faire) et à vouloir contester le statut du Croissant-Rouge sahraoui, en sa qualité de partenaire incontournable dans l’acheminement de cette aide à ses bénéficiaires.

Profondément affectée et paniquée par cette augmentation substantielle des bénéficiaires sahraouis récipiendaires de cette aide du PAM et ne se contentant pas de franchir les limites de la courtoisie et de la correction qu’exige toute correspondance diplomatique, la représentation du Maroc à Rome accuse injustement les responsables du PAM, son personnel et ses partenaires de partialité et de confusion dans la perception des chiffres.

Combe du cynisme, cette même représentation diplomatique qui se prévaut et réclame le respect des «normes d’éthique et de déontologie» cherche à réduire drastiquement l’aide prodiguée aux réfugiés sahraouis (qu’elle aimerait affamer), tout en jurant, hypocritement et la main sur le cœur, que «le royaume du Maroc reste fortement attaché à l’amélioration de la situation humanitaire» des réfugiés sahraouis à Tindouf !

Enfin, cette dernière couleuvre est d’autant plus dure à avaler que le Maroc aura du mal à influencer le staff actuel du Programme alimentaire mondial, connu en tant qu’agence onusienne par son impartialité et dirigé par un directeur exécutif de nationalité américaine, à la carrière politique et diplomatique confirmée et au leadership affirmé, tant au plan national qu’international.

H. B.

La note verbale

Comment (4)

    Anonymo
    21 juillet 2020 - 18 h 05 min

    Le Maroc cherche toujours a user des méthodes corrompues pour marquer des points en utilsant la fin justifie les moyens. Et chaque personne doit comprendre que le Maroc est sur le Mode attaque a tout azimuts.

    Anonyme
    18 juillet 2020 - 11 h 52 min

    Le Maroc est au bord du gouffre … la politique « visionnaire » de l Algérie et de la Rasd est en train de porter ses fruits … Les marocains ne dorment plus apres toute ces victoires diplomatique qui rendent l’annexion du Sahara par le Maroc quasi impossible!
    Savourons notre victoire !

    Aures
    17 juillet 2020 - 21 h 13 min

    La place jemaa el fna est connue mondialement pour ses clowneries et pitreries à l’image d’un peuple et d’une couronne qui n’ont rien d’autre à offrir que le ridicule lorsqu’ils ne passent pas leur temps dans leurs hobbies favoris innés et acquis ; la jalousie, le mensonge , la trahison. Il faut reconnaître que les marocains sont d’honnêtes jaloux, d’honnêtes menteurs, d’honnêtes traîtres. En somme ils sont d’ honnetes malhonnêtes que les autres ne comprennent pas. …
    Bien à vous.

    Les manœuvres marocaines sont idiotes
    17 juillet 2020 - 16 h 22 min

    Les marocains ne savent pas que c’est grâce aux aides étrangères que le polisario garde son impatience et accepte de négocier autrement la guerre de libération reprendra de plus belle et le Maroc la perdra bi idn Allah. Les marocains oublient que ce sont les aides étrangères qui font vivre les milliers de prisonniers marocain que leur roi dieu refuse de récupérer par mépris inconsiderations vis à vis de son propre peuple.

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