L’amnésique diplomatique Driencourt : «La France a colonisé ? Ah bon ?»

Xavier Driencourt
Xavier Driencourt dans une opération de camouflage antiraciste. D. R.

Une contribution du Dr A. Boumezrag – C’est une déclaration qui fait l’effet d’un tremblement de terre dans le monde diplomatique : Xavier Driencourt, ancien ambassadeur de France en Algérie, a récemment affirmé à la presse que la France n’a «aucune responsabilité» dans la situation actuelle de l’Algérie. Un tel aveu, presque candide dans sa sincérité, soulève quelques questions fondamentales : qu’est-ce qui a bien pu provoquer cette «découverte» tardive chez Monsieur Driencourt ? Est-ce l’oubli stratégique, une amnésie diplomatique ou un parfait exemple de la révision de l’histoire à la sauce française ?

Une amnésie sélective et pas de petite ampleur

Le phénomène n’est pas nouveau. En France, l’amnésie sélective est un art maîtrisé. De Gaulle n’a-t-il pas un jour déclaré que «la guerre d’Algérie, c’est fini» ? Oui, sauf que les mémoires ne s’effacent pas comme des photocopies ratées. Les Algériens, eux, n’ont pas la chance d’oublier en un claquement de doigts. Mais Xavier Driencourt semble nous offrir une variation raffinée du même genre de dissimulation. «La France a colonisé ?» demande-t-il, faussement étonné, presque innocent. «Ah bon ?» Oui, Monsieur Driencourt, «Ah bon».

La France, ce grand pays des Lumières, a effectivement débarqué en Algérie en 1830, non pas pour un petit séjour touristique, mais pour une occupation de plus de 130 ans. Ce n’était pas exactement un échange culturel : c’était un vol organisé de ressources, une transformation du pays en une colonie exploitée, une lutte de classes invisible mais omniprésente, une guerre de déshumanisation qui a duré jusqu’en 1962. Mais aujourd’hui, selon l’ex-ambassadeur, la colonisation serait un fantasme. C’est du passé, n’est-ce pas ?

Post-colonialisme à la française : une gestion impeccable du déni

De façon remarquablement pratique, la France semble avoir appris à gérer son passé en mode «archives fermées». La réconciliation, la mémoire, la reconnaissance des torts ? A oublier, s’il vous plaît. Parce qu’une fois qu’on a signé les Accords d’Evian en 1962, tout est réglé. Oublions donc ces souffrances collectives, ces vies brisées, ces cicatrices qui ne se referment jamais. Si l’Algérie insiste pour parler de «responsabilité», la France peut tranquillement se contenter de balayer d’un revers de la main. C’est comme si un pyromane reprochait au feu d’avoir pris de l’ampleur. Ce n’est plus la faute du colonisateur. Non, non. Il s’agit simplement de l’Algérie qui «fabule» et refuse de «passer à autre chose».

La France n’a «aucune responsabilité» sauf quand il s’agit d’intérêts économiques

Mais alors, pourquoi cette amnésie pratique de Monsieur Driencourt ? C’est bien simple : en 1962, la France n’a peut-être pas eu la mémoire nécessaire pour conclure une véritable réconciliation, mais elle n’a jamais cessé d’entretenir un lien direct, souvent lucratif, avec l’Algérie. Le partenariat économique et les accords énergétiques continuent de tisser un réseau d’influence. Il n’est donc pas étonnant que la mémoire de ce passé encombrant soit si soigneusement effacée lorsque cela dérange. Pour ceux qui pensent que l’indépendance de l’Algérie en 1962 marquait la fin de la relation coloniale, la France rappelle poliment qu’elle est toujours dans le jeu.

Les contrats de vente d’armement, les accords gaziers, les investissements français en Algérie… tout ça se fait, bien entendu, dans une atmosphère de parfaite neutralité. Une neutralité qui, à l’occasion, peut s’emmêler avec des intérêts bien plus matériels qu’idéalistes. Et si on reparle d’histoire ? Un petit haussement d’épaules suffira à faire taire les revendications.

La mémoire courte, le doigt pointé sur l’autre

Il est un fait incontestable : la France a colonisé, a torturé, a pillé, a massacré. Ces réalités historiques ne sont pas en débat. Mais l’histoire officielle, comme celle présentée par Monsieur Driencourt, nous sert une version édulcorée. Elle fait l’impasse sur les raisons profondes des tensions actuelles, sur les racines de l’inégalité persistante entre les deux pays. Au lieu de reconnaître ses erreurs, la France préfère pointer du doigt l’Algérie et lui reprocher ses défaillances économiques et politiques.

Quand un ambassadeur comme Xavier Driencourt affirme que la France n’a «aucune responsabilité» dans les maux de l’Algérie moderne, il remet la faute sur les victimes et oublie la genèse de l’histoire partagée. Un tour de magie diplomatique que seuls les maîtres du déni réussissent avec autant de brio.

La France sans mémoire, mais pleine de solutions… à vendre

Il est vrai que la France, après avoir laissé un héritage colonial lourd, a su se débarrasser de sa culpabilité en un tour de main. Mais ne vous y trompez pas : ce n’est pas l’histoire qui est oubliée, c’est la responsabilité. Xavier Driencourt, et avec lui toute une classe politique, préfère ignorer les souffrances d’un peuple et les causes historiques pour se concentrer sur les bénéfices du présent.

Au final, c’est toujours le même refrain : «La France a colonisé ? Ah bon ?» Voilà la réponse diplomatique officielle. Elle n’a pas de visa pour se souvenir, mais a un passeport pour continuer à «aider» l’Algérie. Sans responsabilité, bien sûr.

Parmi ces histoires souvent oubliées, on trouve les massacres de Sétif (1945), la déportation des Algériens vers des îles du Pacifique et bien d’autres atrocités qui, en effet, méritent d’être reconnues. Cette facette de l’histoire est tragiquement trop souvent réduite à des silences institutionnels et à une amnésie collective.

Il est essentiel de rappeler qu’en plus des massacres de civils algériens lors des révoltes, de l’exploitation des travailleurs, de l’assimilation forcée et des violations des droits humains systématiques, certains Algériens ont été déportés dans des îles du Pacifique, un aspect moins souvent évoqué dans les discours historiques.

Les déportations dans le Pacifique : un crime oublié ?

Après les révoltes de 1871 (la révolte des Kabyles, notamment) ou encore la répression des indépendantistes, des milliers de prisonniers algériens ont été envoyés dans les îles du Pacifique sous des conditions extrêmement dures. Ces déportations avaient pour but de réduire au silence toute forme de résistance et de les «neutraliser», en les envoyant loin de leur terre natale, dans l’isolement absolu. De nombreux Algériens ont été envoyés en Nouvelle-Calédonie, où ils ont été contraints au travail forcé. En réalité, ces déportations ne concernaient pas seulement des prisonniers politiques, mais également des innocents, des gens des villages, des familles entières. On parle ici de destruction de vies, de cultures, de communautés. Les conditions de vie étaient déplorables, et des milliers de déportés ont perdu la vie loin de leur pays.

Une des plus grandes tragédies humaines liées à la colonisation française est celle des déportations vers les îles du Pacifique. Car si la France ne se souvient plus de ses actes, il y a des peuples qui ne peuvent oublier. De 1871 jusqu’aux années 1920, des milliers d’Algériens ont été envoyés par la force, comme des prisonniers de guerre, sur ces îles, souvent dans le cadre d’une répression brutale contre toute forme de résistance, mais aussi pour effacer physiquement ceux qui, en Algérie, osaient résister à l’occupant.

Tant de vies brisées et d’espoirs anéantis. Ces déportations n’étaient pas seulement un moyen d’éliminer des leaders politiques ou des révoltes populaires : elles étaient aussi une tentative d’anéantir une identité culturelle, en dispersant les peuples colonisés, en les éloignant de leur terre, et en les condamnant à l’oubli. Car en déportant, la France a non seulement pris des vies, mais a aussi effacé des communautés entières.

Aujourd’hui, on parle souvent de la mémoire de la Guerre d’Algérie, mais ces déportations sont encore largement ignorées, comme si la France n’avait jamais eu de rôle dans ces souffrances, ou comme si les Algériens déportés étaient des ombres dans l’histoire coloniale. Mais pourtant, les îles du Pacifique restent une cicatrice pour les descendants de ceux qui ont été envoyés là-bas.

Quel rôle dans la réconciliation ?

Xavier Driencourt, qui ose aujourd’hui balayer d’un revers de la main toute responsabilité coloniale de la France, oublie volontiers de mentionner ce genre de drames humains. Après tout, pourquoi parler des déportations quand on peut se concentrer sur les avantages géopolitiques de la relation franco-algérienne aujourd’hui ? Pourquoi se souvenir des «occupants légitimes» que la France a massacrés et déportés, alors qu’il suffira d’évoquer des «accords de coopération» et des intérêts économiques mutuels ? Après tout, l’Histoire a ses détails.

Les déportés algériens dans les îles du Pacifique, eux, ne demandent qu’une reconnaissance de leur souffrance et une réparation de ce qui reste une partie cachée du passé colonial français. Mais comme toujours, les mémoires sont sélectives. Et les déportations ? Elles ont été effacées dans les mêmes poussières d’oubli qui balayeront sous le tapis toute responsabilité envers les autres victimes du colonialisme.

Alors, qu’en est-il du devoir de mémoire ? La France pourra-t-elle un jour admettre son rôle dans les déportations des Algériens ou les effacer de son histoire, comme elle l’a fait pour tant d’autres pages sombres ? Xavier Driencourt ne se souvient pas. Peut-être que les Algériens, eux, n’oublieront jamais.

A. B.

Comment (15)

    Anonyme
    15 mai 2025 - 17 h 02 min

    Je vous avais dit il y a longtemps sur ce site que ce type rencontrait et rencontre bcps d algériens Franco algériens et un peu du restant de l ancienne colonie française, il chôme pas et surtt contre l Algérie et pourtant c est un retraité. Ben oui il pense renverser la situation avec ces nouveaux tirailleurs mais en vain, Ha bon ?

    foulon1
    15 mai 2025 - 16 h 00 min

    Cet ancien ambassadeur de France en Algérie, cet homme, Xavier Driencourt, est entré par la grande porte en Algérie et a été accueilli à bras ouverts par les élites algériennes du pouvoir et s’est gavé.

    La France envoie des rats en Algérie. Les dirigeants algériens les accueillent et les nourrissent en les gavant ; après, ne t’étonne pas d’être enfumé par ces rats. une fois que la gamelle est vide L’histoire se répète et ces histoires sont répétitives.

    Si tu attends des excuses en gavant des rats, ça n’a pas de sens, et attendre ou quémander son histoire et qu’il s’excuse, tu es tombé bas. Ce n’est pas à la victime de s’agenouiller, mais à celui qui a fait le mal de le faire…

    Je suis contre les excuses récupérées. Depuis 1830, l’argent et l’or et les biens volés, et toutes tes archives, et récupérer l’argent pour les victimes des essais nucléaires et renvoyer tous les corps des cimetières mis en place par les colons et renvoyer les corps dans leurs demeures et rendre les terres à ton peuple et couper une bonne fois pour toutes les relations définitives avec ces rats !

    Nasser
    15 mai 2025 - 14 h 52 min

    A mon avis c’est la France officielle (entendre tous les dirigeants qui se sont succédé depuis 1962, sauf Chirac) qui a un gros et grave problème psychologique!
    Ils ont de graves problèmes de conscience qui leur détruit l’esprit. C’est l’Histoire diabolique de leur pays, de leurs aïeuls des monstres assassins, qu’ils n’arrivent pas à « oublier », à « cacher », à « effacer », et qui les rongent comme un cancer; qui la pousse à la folie; même s’ils s’efforcent à se montrer faussement humain ! “Le diable est diable parce qu’il se croit bon”.
    Laissons les se morfondre face à leur conscience putréfiée! « L’Œil » les poursuivra jusqu’à leur tombe!
    L’Algérie, la victime, n’a pas à s’improviser leur Psychologue ou Psychiatre! Elle n’a pas à leur montrer le chemin de la guérison en leur demandant de « faire ceci ou cela », de « reconnaître ceci ou cela »!

    Sans détour
    15 mai 2025 - 14 h 18 min

    Il se met en scène avec 3 indigènes pour dire regarder nous sommes universaliste mais ils doivent aller ensuite ramasser les poubelles et peindre des façades .

      Anonyme
      15 mai 2025 - 16 h 55 min

      Ramasser les poubelles n’est pas un sot métier. C’est celui qui ne travaille pas qui mérite l’opprobre.

        Sans détour
        15 mai 2025 - 17 h 52 min

        Comprendre mon com que le fainéant driencourt qui à toujours sué que de la gueule ne le fera jamais (ramasser les poubelles).

        Luca
        15 mai 2025 - 19 h 04 min

        Alors la moitié des fonctionnaires français méritent l’opprobre mr anonyme, les trois tiers des élus dans votre pays. Parler de travail et de compétition en france , c’est comme croire que le coup de boule de Zidane n’était pas prémédité 4 jours à l’avance, ou croire au côté victime de la france et de son système ahahahah ahahahah

    Allô Helsinki
    15 mai 2025 - 14 h 05 min

    Bec de lièvre et cul de poule .
    Du deux en un

    Anonyme
    15 mai 2025 - 14 h 03 min

    L’on se demande s’il n’existe pas une seule journée dans l’année de sa pov life ou il pourrait parler d’autre chose que de l’Algérie.

    Tefoulon
    15 mai 2025 - 12 h 57 min

    Mademoiselle Driencourt entourée d’hommelette ! Quelle surprise !

    Luca
    15 mai 2025 - 12 h 35 min

    l’Algérie n’a aucun maux , il y a grâce à dieu , une mer en elle et le système français, système très très très malfaisant…, malfaisant à en vomir et à en maudire ce pays qui accumule les embrouilles les échecs, les mensonges et les sur mensonges

      Anonyme
      15 mai 2025 - 16 h 56 min

      C’est beau de rêver !

        Luca
        15 mai 2025 - 19 h 06 min

        Je sais en france on cauchemarde mr anonnyme, ce n’est pas les USA ou ALGÉRIA

    Luca
    15 mai 2025 - 12 h 30 min

    Une lope française , deux Marocains et un malien

    Anonyme
    15 mai 2025 - 10 h 26 min

    Le bouffon de manuel! Il consacre sa mis à l’écart à des . con comme sa mère qui l’a élevé comme un porc ! le jour où il réalise que c’est vrai débile, non seulement au plan politique mais surtout diplomatique. Huit ans comme ambassadeur à Alger et il n’a rien pigé de ce pays magnifique et magnanime avec un peuple sans égal de pa rsa dignité et sa gloire . Driencour s’affiche avec des inconnus ou des soumis à laculuture franchouillarde qui se résume dans les fesses de dati la maquerelle du makhzan

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