L’agent Robert Ford : parrain de Zouabri en Algérie, patron d’Al-Joulani en Syrie
Par Kamel M. – Dans un entretien au journal français Le Monde, l’ancien «ambassadeur» des Etats-Unis en Algérie nous apprend qu’il a rencontré Abou Mohamed Al-Joulani plusieurs fois à Damas, depuis janvier dernier. Robert Ford a salué, au passage, le retrait du nom du putschiste d’Al-Nosra de la liste des terroristes dont la tête est mise à prix par les Etats-Unis et la rencontre du président américain avec le nouveau «président» syrien à Riyad, en Arabie Saoudite, en marge de sa tournée dans le Golfe. «Notre préoccupation majeure n’est pas la tenue d’élections dans ce pays», a notamment soutenu l’ancien «conseiller politique» à l’ambassade des Etats-Unis à Alger dans les années 1990.
L’arabophone Robert Ford nous explique ainsi que Washington compte apporter son soutien à Al-Joulani indéfiniment. En tout cas, jusqu’à ce qu’il ait les coudées franches pour signer les accords d’Abraham avec Israël, après qu’il aura procédé à un nettoyage ethnique en Syrie avec la bénédiction de l’administration Trump, qui fera mine de n’avoir rien vu. Le second objectif des Américains est de faire s’entretuer les islamistes d’Al-Nosra-Al-Qaïda, d’un côté, et de Daech, de l’autre. Deux groupes terroristes créés par la CIA à des moments charnières différents et pour des missions tout aussi différentes.
Leur contrat étant arrivé à terme, les services secrets américains s’emploient à les faire disparaître par une opération d’autodestruction qui leur épargnera de mobiliser leur arsenal outre-Atlantique où toutes leurs actions ont fait capot, de l’Afghanistan à l’Irak, en passant par la Somalie. La méthode est désormais rodée : la guerre proxy et la cyberguerre ont pris le dessus sur les interventions militaires directes, coûteuses et risquées pour les soldats américains, dont les hauts faits de guerre n’existent que dans les fictions hollywoodiennes.
L’officier de la CIA Robert Ford est réapparu en décembre 2024, après l’offensive des groupes islamistes armés à la solde d’Israël et de la Turquie, où ces derniers avançaient vers la capitale Damas. L’équivalent américain des Français Xavier Driencourt, Bernard Bajolet et autre Bernard Emié avait expliqué, sur la chaîne de propagande qatarie Al-Jazeera, le pourquoi du comment de cette attaque fulgurante dans un pays qu’il connaît bien pour y avoir été détaché par son gouvernement en tant, là aussi, qu’ambassadeur de façade.
«Nous devons garder à l’esprit les limites de ce que l’intervention étrangère peut réaliser dans les guerres civiles qui éclatent dans des pays tiers», avait-il affirmé, en faisant semblant de n’y être pour rien et en rappelant les «leçons du Vietnam et des attaques du 11 Septembre». «Les Etats-Unis ont dû apprendre ces mêmes leçons à nouveau en Irak», avait-il souligné.
L’ancien faux ambassadeur des Etats-Unis en Algérie, dont le bureau était devenu, durant la décennie noire, lorsqu’il était conseiller politique auprès de la chancellerie américaine à Alger, une annexe pour les dirigeants islamistes du FIS – l’un d’eux, Anouar Haddam, atterrira d’ailleurs à Washington – et les chefs terroristes, était revenu à la charge et avait changé de discours, sur le même canal subversif qatari, pour servir de contrepoids à la réunion de la Russie, de l’Iran et de la Turquie à Doha, la veille de la chute de Bachar Al-Assad.
Ce dangereux agitateur, qui a semé le chaos là où il est passé – Bagdad, Alger et Damas – était invité sur les plateaux de télévision américains durant le mouvement de contestation en Algérie en 2019, pour mettre son grain de sel à nouveau dans la situation interne de l’Algérie, poussant à la chute de l’Etat et à l’adoubement échoué d’un nouveau pouvoir à la solde des Etats-Unis et d’Israël.
K. M.
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