Assassinat de Matoub Lounès le 25 juin 1998 : à quoi joue Berbère Télévision ?
Par Houari A. – A voir la façon avec laquelle Berbère Télévision a commémoré le 27e anniversaire de l’assassinat du chantre de la chanson engagée amazighe, Matoub Lounès, on croirait que celui-ci n’a jamais été un Algérien, mort dans et pour sa patrie, ravi à tous ses concitoyens épris de liberté, pour avoir combattu, les armes à la main et le mal du pays au cœur, les hordes sauvages du GIA, financées et armées par la France. Cette France dont, justement, les médias ont servi de support exclusif à Berbère Télévision dans son rappel de cet événement tragique qui a bouleversé toute l’Algérie.
La chaîne d’expression kabyle n’a pas fait le choix de reprendre intégralement la couverture des médias français par hasard. Elle a concentré toute son émission sur les reportages partiaux, accusatoires et orientés des chaînes parisiennes qui avaient dépêché leurs «journalistes» à Tizi Ouzou pour y décrire des scènes de guerre et des émeutes menées par des «Kabyles privés de leur langue», après la publication d’un décret portant sur l’arabisation. La manipulation des outils de propagande français était flagrante, tant le décret ne visait aucunement à étouffer la culture berbère, mais à imposer l’arabe dans les administrations publiques, en remplacement du français, langue coloniale.
Berbère Télévision a diffusé en boucle les images des manifestations à Tizi Ouzou, qui avaient suivi l’assassinat du chanteur Matoub Lounès, jumelées à des rassemblements de «la communauté kabyle de France», pleurant le «rebelle tué par le pouvoir», aux cris de «Zeroual assassin !» A Paris comme à Tizi Ouzou, le micro est tendu à ceux qui allaient, quelques années plus tard, devenir les nervis du MAK, les zélotes de la secte que dirige le gourou Ferhat Mehenni, et que les caméras françaises ne pouvaient rater, interrogé qu’il sera dans un bar parisien, son lieu de prédilection depuis qu’il a posé ses valises dans la capitale française.
La chaîne Berbère Télévision s’adonne à un jeu trouble près de trois décennies après la mort de Matoub Lounès, tombé sous les balles assassines des groupes islamistes armés, remettant au goût du jour l’abominable «qui tue qui ?», cette thèse sournoise répandue par la DGSE, le service français de l’action extérieure, et portée par François Gèze, Patrick Baudoin et une panoplie de félons algériens qui continuent, à ce jour, à couler des jours heureux sous le maussade ciel parisien.
Non seulement Berbère Télévision déshonore la mémoire de Matoub Lounès, mais elle démontre surtout qu’elle constitue une menace pour la sécurité, l’unité et l’intégrité de l’Algérie. Si certains doutaient encore de l’œuvre de division et de discorde insidieux que ce média mène depuis sa création, son rôle de relais pour le séparatisme du MAK vient d’être définitivement confirmé.
H. A.
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