Georges Ibrahim Abdallah met en garde : Retailleau et Darmanin sont dangereux
Par Nabil D. – Le militant libanais, injustement emprisonné durant quarante longues années en France, a affirmé que «la bourgeoisie française et sa justice ne sont pas différentes des autres justices de n’importe quel autre pays. Face à un militant révolutionnaire, soit elles parviennent à le mettre à genoux, soit elles le maintiennent en prison». «Elles ne le libèrent que lorsque le rapport de force change, c’est-à-dire lorsque la bourgeoisie se rend compte que le coût de la détention du militant commence à être plus élevé que les potentiels dégâts que pourrait provoquer sa libération», a-t-il appuyé, dans un entretien au quotidien communiste français L’Humanité.
«Quand il s’agit des intérêts de l’Etat, la séquence judiciaire n’est en réalité qu’une couverture, qu’un cérémonial. Les raisons de la libération du prisonnier se trouvent ailleurs. Ce n’est pas une spécificité française», a-t-il expliqué, en soulignant qu’il y a «bien sûr eu des pressions américaines». «Mais la question essentielle est le rapport à la lutte. Preuve en est l’attitude du procureur qui se pourvoit en cassation après la décision de me libérer», a-t-il poursuivi, en précisant que «son appel n’est pas suspensif». «Autrement dit, il le fait pour la forme, pour dire aux Américains qu’il suit le dossier jusqu’au bout», a fait remarquer Georges Ibrahim Abdallah, convaincu qu’une fois qu’il est au Liban, le procureur «ne peut plus rien faire».
Appelant les jeunes Français à «s’impliquer dans les luttes», le militant libanais a mis en garde contre un «processus de fascisation en cours». «Ce n’est pas une petite affaire. Il s’insinue partout y compris dans les lois. Si la jeunesse refuse d’aller voter, c’est parce qu’elle est dégoûtée de ces dirigeants politiques. Si la jeunesse, les prolétaires, les masses populaires, les déclassés, les précaires ne s’organisent pas, la fascisation va devenir la norme», a-t-il averti, en pointant du doigt Bruno Retailleau et Gérald Darmanin, qui veulent «construire des super-prisons» et «recréer les quartiers de haute sécurité». «C’est le signe de ce que ces gens sont prêts à faire», a-t-il noté. «Voilà les perspectives de la bourgeoisie. C’est très dangereux. Quand on constate ce type d’attaques, ce n’est pas en faisant des courbettes qu’on fera face», a alerté Georges Ibrahim Abdallah.
«Aujourd’hui, en France, l’Etat abandonne toutes ses prérogatives, qu’il s’agisse de la sécurité, de l’éducation, de l’écologie. La fascisation va poser des problèmes à celles et ceux qui luttent car elle finira par envahir tous les aspects de la vie et à tous les niveaux. Les communes ont leur propre police, qui elle-même aura ses propres milices, qu’on appelle les vigilants. Ceux-là vont surveiller les étrangers», a-t-il prédit, sur la base d’un pertinent constat.
N. D.
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