Les agriculteurs français pâtissent de la politique algérienne d’Emmanuel Macron
Par Houari A. – Les agriculteurs français pâtissent des errements politiques de leurs dirigeants, qui placent leurs calculs politiciens étroits et hasardeux au-dessus des intérêts de la France. Un ingénieur d’affaires au Crédit Agricole, un établissement financier français, a, en effet, indiqué dans les colonnes du média spécialisé Plein Champ, que l’Algérie, «client historique» est «absente depuis deux ans», suscitant des interrogations quant à la suite de la campagne céréalière.
«L’Algérie, qui était historiquement le premier client pour le blé tendre français, n’est plus au rendez-vous depuis deux ans. En 2024-2025, aucune tonne n’a été exportée vers ce pays. Les relations diplomatiques entre la France et l’Algérie sont catastrophiques, ce qui laisse peu d’espoir quant au fait que l’Algérie privilégie encore l’origine française dans ses futurs appels d’offres. Ce retrait fragilise considérablement un débouché majeur pour le blé français», souligne l’ingénieur français.
«La campagne 2025-2026 s’annonce donc comme une année décisive après une récolte 2024 catastrophique. La France dispose à nouveau d’un volume exportable important, estimé autour de 8 millions de tonnes, sur une production qui devrait atteindre 33 millions de tonnes. Ce niveau reste inférieur aux années normales, qui tournaient autour de 10 millions de tonnes exportées», poursuit le spécialiste français, qui met en avant «le risque de se retrouver avec un stock de fin de campagne important, ce qui pèserait lourdement sur la filière».
Pour rappel, l’Algérie a pris la décision d’arrêter toute importation de blé français à partir de 2021, ce qui a constitué une mesure significative dans le cadre de ses relations commerciales avec la France. Cette décision s’inscrit dans un contexte de tensions diplomatiques et de réévaluation des relations économiques entre les deux pays, notamment après des différends politiques et économiques.
Le 8 octobre 2021, le gouvernement algérien annonçait que le pays ne renouvellerait pas ses contrats d’importation de blé en provenance de France. Cette décision a été prise dans un climat où les relations entre les deux pays étaient déjà tendues, suite aux déclarations du président français Emmanuel Macron sur la colonisation de l’Algérie, et aux critiques concernant les relations diplomatiques entre les deux nations. La France était jusqu’à cette date l’un des principaux fournisseurs de blé de l’Algérie, un secteur stratégique pour l’agriculture et la sécurité alimentaire du pays.
La décision intervenait dans un contexte où les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France s’étaient dégradées. Les déclarations de Macron sur la guerre d’Algérie, et notamment la gestion de l’histoire de la colonisation, avaient exacerbé les tensions. Mais, en dépit des tensions entre Alger et Paris, l’Algérie a toujours cherché à réduire sa dépendance envers la France, en particulier pour des produits stratégiques comme le blé. L’objectif étant de diversifier ses sources d’approvisionnement, notamment avec la Russie, le Canada et l’Ukraine, tout en réorientant une partie de ses achats vers d’autres fournisseurs moins politisés. L’Algérie veut également stimuler sa production locale de blé afin de répondre à ses besoins internes et réduire les coûts liés aux importations.
Notre pays est l’un des plus grands importateurs mondiaux de blé, et en 2020, il a importé environ 8 millions de tonnes. La France représentait environ 40% de ces importations avant l’arrêt des contrats. Environ 3,2 millions de tonnes de blé français étaient ainsi concernées chaque année, ce qui a eu un impact direct sur les marchés français ainsi fragilisés.
H. A.
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