Le piège
Par Kamel Moulfi – Trente ans après le contre-choc pétrolier de 1986, le paysage économique de l’Algérie est resté, dans ses grands traits, inchangé. Le pétrole et le gaz continuent de déterminer toute l’activité économique et sociale, et ont une influence décisive sur la sphère politique. Tant que les cours du baril de pétrole sont à la hausse et les revenus que procurent les exportations d’hydrocarbures, élevés, tout le monde semble content. En 2016, la même question qu’en 1986 se pose : comment s'en sortir ? Par l’endettement extérieur ? Personne en Algérie, hormis évidemment les rapaces qui en profitent, ne veut revenir aux circonstances dramatiques des années 1990 et la situation dans laquelle s’est trouvé notre pays de ne pas pouvoir rembourser et d’être obligé de livrer au Fonds monétaire international (FMI) une partie de sa souveraineté, précisément celle qui permet de diriger l’économie en fonction de l’intérêt national. On connaît la suite : fermeture d’entreprises, licenciements, chômage de masse, hausse des prix des produits de première nécessité, libéralisation débridée… Un lot de misères aggravé par le terrorisme qui a couvert des opérations de prédation quasi légales. Si la domination économique des ressources hydrocarbures sur tout le pays est restée à peu près inchangée, la démarche pour en sortir doit impérativement éviter de tomber dans les sables mouvants de l’endettement extérieur qui enfoncera plus notre pays. Au contraire, ce sont les revenus mêmes du pétrole et du gaz, notamment la partie redistribuée à la population, qui doivent contribuer à mettre fin à leur hégémonie sur l’économie. Les dettes contractées dans les années 1980 et 1990 ont été remboursées par anticipation sans évaluation des objectifs auxquels elles devaient servir. Le pays a-t-il vraiment mis à profit les sommes colossales que s’étaient empressées de nous prêter les banques étrangères et des institutions financières internationales comme la Banque mondiale ? Qui le sait ? Les prêteurs sont rentrés dans leurs comptes, principal et intérêts. Et nous, qu’avons-nous fait ?
K. M.
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