Les jeunes de Jijel ont déjà voté

Les événements de Jijel n’augurent rien de bon. Le soulèvement spontané des jeunes qui s’en sont pris au siège du FLN résonne comme un avertissement clair à la classe politique, qu’elle soit au pouvoir ou dans l’opposition. Alors que le pays s’achemine cahin-caha vers des élections législatives qui s’annoncent mal, les Algériens ont eu droit à une campagne théâtrale où se mêlent la farce et le tragique, diffusée en son et en image par une chaîne de télévision soixandisarde, dont les présentateurs rococo se confondent à des candidats en complet déphasage avec une société qui répugne à regarder dans le rétroviseur. Manque de pot, les législatives algériennes ont coïncidé avec les présidentielles françaises. Et, là, il n’y a pas photo ! Au débat de haute voltige qui accompagne cette échéance importante outre-mer, on oppose, ici, un bavardage inepte, ponctué par des rafales de promesses à blanc, tirées dans des salles vides dont même les murs refusent de se faire l’écho des faux serments distribués en vrac à un public qui a faussé compagnie. Comment veut-on que les Algériens votent si le président de la République lui-même ne quitte pas son salon pour donner de la voix à une échéance dont on crie qu’elle est cruciale ? Comment veut-on que les Algériens ne boudent pas l’urne lorsque les candidats eux-mêmes chuchotent qu’ils veulent goûter aux arcanes savoureux du pouvoir en se léchant les dix doigts ? Comment veut-on que les Algériens donnent du crédit à une administration locale en charge du vote lorsqu’à leurs yeux, elle est synonyme de pots de vin et d’humiliation au quotidien ? Il y a quelques mois, il n’était pas encore trop tard pour opérer le salut…
M. Aït Amara
 

Comment (2)

    krimo2012
    30 avril 2012 - 17 h 24 min

    bravo pour votre analyse. il
    bravo pour votre analyse. il est temps que les dirigeants comprennent la colère et le profond marasme du peuple et de prendre la mesure de la situation qui est loin d’être rassurante.

    bouhamidi mohamed
    30 avril 2012 - 14 h 21 min

    A Jijel aucun responsable ne
    A Jijel aucun responsable ne connaissait le nom de Bouazizi ? Ni n’a entendu parler du « printemps » « arabe » ? ni de la phase délicate des élections ? ni des avertissements répétés de Z.Drif ? Ni même des avertissements de la pourtant Jijelienne et néanmoins indiscutable patriote Louisa Hanoun ?

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