Voir loin

Au seuil du cinquantième anniversaire de son indépendance, dans deux semaines, l’espoir demeure de voir l’Algérie renouer avec la stratégie de développement national qui fit sa force mais qui, malheureusement, n’est pas allée jusqu’à son aboutissement. Dans les souvenirs des Algériens, deux images de leur pays cohabitent, l’époque où presque tout allait bien (la sécurité et l’emploi, particulièrement) et celle qui suivit, encore fraîche dans la mémoire, celle du chômage, de l’insécurité, du terrorisme, des fléaux sociaux ; bref, quasiment l’abîme. L’ambition nationale portée par l’élan libérateur durant les premières décennies après l’Indépendance a laissé place à un mimétisme destructeur et contraire à l’intérêt du pays en matière de démarche économique. Amar Takjout, dirigeant syndical dans un secteur, le textile et cuirs, autrefois prospère puis réduit en miettes par l’importation, a été témoin de la descente aux enfers de notre économie. Dans l’interview qu’il a accordée à «algeriepatriotique», il appelle, à juste titre, à rompre définitivement avec la politique passée qui était préjudiciable au secteur du textile. Il faut, à son avis, relancer le secteur de l’industrie manufacturière qui est pourvoyeur d’emplois. Autrement dit, une démarche de ré-industrialisation dans une vision à long terme. L’Algérie en a de nouveau les moyens.
Lazhar Houari