Manipulations

Attentat terroriste délibéré et organisé ou assaut spontané de la foule qui voulait imiter les manifestations populaires contre l’ambassade des Etats-Unis au Caire, en réaction au film anti-islam l’Innocence des musulmans ? Les officiels américains sautent d’une version à l’autre pour tenter d’expliquer ce qui s’est réellement passé le 11 septembre 2012, à Benghazi, dans le nord-est de la Libye, quand le consulat américain a été attaqué entraînant la mort de quatre diplomates, y compris l’ambassadeur. Comme cela arrive souvent dans ce genre de situation, où les manipulations s’entrecroisent, les informations les plus contradictoires ont circulé autour d’un fait encore impensable la veille : l’ambassadeur américain en Libye qui avait joué un rôle de premier plan dans le renversement de Mouammar Kadhafi, et qui pensait être en sécurité partout dans ce pays, a été tué par ses alliés d’hier, et à Benghazi même. La CIA ignorait-elle qu’un tel fait pouvait se produire ? La Maison Blanche a officiellement démenti qu'elle était informée à l’avance sur cette attaque. La preuve, elle a toujours insisté sur le fait que la Libye est un pays stable. Obama, lui-même, ne manquait pas de tirer fierté, pour sa campagne électorale, de la guerre faite à la Libye avec «succès». Le 11 septembre de Benghazi est venu rappeler que c’est plutôt le chaos qui domine en Libye, près d’un an après la disparition de Kadhafi. Le gouvernement installé à Tripoli avoue ne pas être en mesure de mettre la main sur les auteurs de ce que l’on peut appeler l'attentat de Benghazi. Le désarmement des milices paraît impossible et toutes sortes d’armes terrifiantes sont en circulation libre et sortent de Libye. Le drame libyen n’est pas terminé.
Ramdane Ouahdi