Crise économique et résistance politique

L’année 2012 se termine comme elle avait commencé, sans perspective de reprise financière, avec son lot de guerres meurtrières, de crises boursières, de pauvreté et de misère, de chômage, de révolte, de manifestations et de dépression économique, du moins de ce côté-ci du Pacifique.

L’année 2012 se termine comme elle avait commencé, sans perspective de reprise financière, avec son lot de guerres meurtrières, de crises boursières, de pauvreté et de misère, de chômage, de révolte, de manifestations et de dépression économique, du moins de ce côté-ci du Pacifique.
En Orient lointain, le «développement» économique et industriel s’est poursuivi, quoique de façon ralentie, moins exubérant que prédit. La léthargie des puissances occidentales en déclin se poursuit et s’est fait sentir sur les côtes des mers de Chine et du Japon. Le dragon chinois s’essouffle et le Parti des mandarins a récemment procédé à un remplacement de la garde (bonnet rouge – rouge bonnet) sans évidemment les mascarades électorales qui accompagnent habituellement ces changements cosmétiques ici en Occident.
L’année 2012 aura vu s’approfondir les conditions de la crise économique générale du système impérialiste mondial. La concentration de la richesse financière s’est poursuivie et aujourd’hui, à l’aube d’une nouvelle année, une poignée de ploutocrates, une fraction de 1% de la population mondiale, détient en propriété privée plus de 20% des richesses – du capital – de l’humanité. Ce processus de concentration monopolistique s’accentuera encore cette année – repoussant davantage les fractions intermédiaires des capitalistes vers la périphérie du grand marché financier international et boutant les travailleurs vers les friperies et les soupes populaires. Cette concentration financière se fera au dépend des petits capitalistes nationaux, des sous-traitants, des artisans, des grossistes et distributeurs locaux et de la petite bourgeoisie d’affaires et du commerce qui, faute de pouvoir résister à cette poussée, se retourneront pour spolier davantage la classe dite «moyenne», surtout les travailleurs – producteurs de toutes les richesses sociales – et enfin contre toutes les couches de la population indignée… impuissantes, qui le restera tant que le prolétariat négligera de jouer son rôle d’avant-garde révolutionnaire.
Les lois inexorables du développement impérialiste poussent vers l’avant ce processus inéluctable de concentration monopolistique tandis que les États bourgeois, par le mensonge, la duperie, la flagornerie, la temporisation et la répression judiciaire, carcérale, policière et militaire, vont tenter, chacun à leur manière, chacun dans leur sphère de responsabilité (municipale, départementale, régionale, provinciale, nationale et internationale), de maintenir le couvercle sur l’autoclave social sous pression. L’année nouvelle verra s’accentuer ce stratagème politique pseudo-démocratique dont se rassurent et se repaissent les «bobos» apeurés, chiens-de-garde du système.
L’année 2012 a bien préparé les conditions de déperdition qui se poursuivront en 2013. Tous les sondages le confirment, les populations sont taciturnes, pleines d’amertume et de rancune, découragées – hantées par un sentiment de fatalité – sans prise sur cette réalité souffrante. Aucune reprise économique n’est en vue, aucune n’est attendue et 2013 verra se poursuivre la longue descente aux enfers amorcée par la débâcle boursière de 2008.
Le cœur de l’empire en décrépitude
Commençons par le cœur de l’empire en «mornitude». Aux États-Unis, les deux factions opposées de la classe capitaliste monopoliste financière (Démocrate – Républicain) ne parviennent pas à s’entendre à propos de la gestion de la crise et sur la meilleure façon de sauver leur système socio-économique en décrépitude.
La solution «Ron Paul», d’isolement et de protectionnisme continental, n’est plus praticable maintenant que ce sont les ci-devant monopoles multinationaux étatsuniens qui exportent-importent les marchandises sur le sol américain où ces produits concurrencent l’exploitation de la classe ouvrière étatsunienne. Les rendements du capital spéculatif boursier sont si bas que le capital financier international cesse d’affluer vers les USA et la planche à billets inflationniste de la FED ne peut, au mieux, qu’être un pis-aller et retarder la grande embardée du dollar qui pourrait bien dévaluer drastiquement encore cette année (2013).
La réélection en 2012 du Noir Obama confirme que la section favorable à un fascisme à «visage humain» maintient sa domination sur l’appareil d’État et tient toujours en respect la section virulente qui souhaiterait l’imposition d’un fascisme ouvert et radical sans fards ni égards envers les souffrances dégradantes des ouvriers pressurés, surexploités (les salaires d’une fraction substantielle du prolétariat étatsunien sont en deça des besoins vitaux pour la reproduction simple de leur force de travail).
Obama et sa clique savent bien que les conditions sont trop risquées pour imposer le fascisme ouvert et affiché, car un minimum de 310 millions d’armes (une par habitant), dont moult fusils d’assaut, sont essaimés de par le pays tout entier. Ses tentatives de surfer sur la vague du massacre de Newtown pour désarmer le peuple américain feront long feu. Des centaines de milliers d’ex-militaires entraînés à la guerre errent, désœuvrés, au cœur des cités saccagées (contre 1,5 million de soldats en service). Le tiers de la population étatsunienne vit dans quelques mégalopoles surpeuplées, soit 105 millions d’individus armés qui pourraient s’engager dans une guérilla urbaine impossible à maîtriser. La composition sociale, ethnique, démographique et la répartition géographique de l’immense population américaine essaimée sur ce gigantesque continent diversifié ne permet pas l’imposition d’un fascisme ostentatoire.
Les Noirs (13% des effectifs) forment un groupe en marge de la société des WASP. Les Latinos, qui constituent 15% de la population étatsunienne, forment également un groupe à part, scindé du noyau central des blancs-anglicans-mystiques-puritains eux-mêmes fragmentés. Le cinquième des habitants des États-Unis ne parlent pas anglais à la maison, indice de leur non-intégration au melting pot yankee. Les contingents d’immigrants ayant fraîchement percé les frontières cloîtrées de l’empire disloqué ne se font plus imposer l’utopique «rêve» américain éludé.
S’ajoutent à tous ces frustrés la masse des chômeurs enragés (12% de la main-d’œuvre active), les miséreux toujours plus nombreux (15% de la population), alors que ces fous du capital, au Congrès à Washington, proposent de couper dans la charité et les services publics pour donner davantage aux riches sous le fallacieux prétexte que ces cadeaux en taxes et en impôts permettront de créer des emplois que le dernier des ouvriers a vu depuis longtemps délocalisés vers des cieux éloignés. L’Amérique allait mal en 2012, ce sera pire en 2013.
L’Europe de l’Euroland
En Europe, l’année 2012 a vu tous les pays se ranger sous la botte de la faction monopoliste franco-allemande qui commande à Bruxelles la gouvernance du capital financier de l’Euroland. Les ouvriers grecs sont plongés dans la misère pour avoir refusé de rembourser la dette souveraine de l’État grec chargé d’assurer la pérennité de la classe des armateurs ayant planqué leur fric en Suisse. La révolte hellénique ayant été contenue, les autres peuples de l’Euroland seront désormais soumis au régime des fourches caudines et ceux qui se rebifferont seront expulsés du sérail bruxellois.
En 2013, la planche à billets de l’Euroland tournera rondement sous la baguette des banquiers nourrissant la futile espérance de ne pas être entraînés jusqu’au fond de l’abime par la débâcle américaine imminente.
En 2012, la grande bourgeoisie française a laissé tomber son ami Sarkozy, l’hystérique pantin incapable de dissimuler le visage malandrin du Grand capital français en déclin (les «tondeurs de coupons» comme Lénine les appelait). Un minimum de compassion feinte s’imposait au «marquis de» Sarkozy. Au moment où le peuple est soumis à l’austérité sévère, il n’est pas de bonne manière d’exposer le désintéressement de la cour des Grands du Régime qui poursuivent le transfert de leur argent vers les paradis fiscaux et le voisin helvétique avant que la crise s’abatte sur l’Hexagone déconfit. Hollande saura donner le change… le temps de compléter l’arnaque sous la supervision de la Banque centrale européenne… après la crise de 2013, il sera temps d’aviser et qui sait de retourner voter.
L’Afrique et le monde arabe
L’Afrique, toujours considérée par les riches comme la prostituée de service, est intimée de se soumettre à son nouveau proxénète (chinois), et pour ce faire, en 2012, le continent a été soumis à de terribles guerres fratricides. Dans de nombreux pays néocoloniaux les intérêts économiques des anciennes métropoles se sont heurtés aux agios du nouveau «capot» et comme chaque fois lors de tels ébats, les néo-colonies doivent se réaligner (la précédente altercation avait vu se confronter le social-impérialisme soviétique et l’impérialisme étatsunien). Ce sont les estafettes et les généraux d’opérettes africains qui sont appelés à trancher quelle faction de la bourgeoisie compradore «nationale» empochera les miettes. Là-bas, sur le continent du chocolat, du minerai et du bois, l’année qui vient (2013) sera identique à l’année qui s’éteint (2012). L’intégrisme musulman aura bon dos encore cette année – dans les pays du Sahara du moins.
En Afrique du Sud néo-apartheid, avec l’année trépassée (2012), l’admirable prolétariat noir surexploité a amorcé sa rupture radicale d’avec la bourgeoisie noire compradore – obséquieuse et corrompue. Le combat interracial étant terminé, l’année qui s’amorce verra la lutte de classes – toutes couleurs confondues – s’envenimer.
En 2012, la France s’est enfoncée un peu plus avant dans sa politique d’intervention parmi ses néo-colonies (la zone du franc CFA) avant que d’être repoussée par le nouvel adjudant. En 2013, le prolétariat africain devra prendre du poids avant de pouvoir s’emparer de la direction des révoltes néocoloniales bourgeoises pour en faire cette fois d’authentiques révolutions socialistes.
En 2012, les «printemps» arabes ont terminé de livrer leur quota de billevesées. La récupération a été complétée au cours de l’année, ce qui signifie que l’année qui vient n’augure rien de bien pour les nouveaux roitelets, présidents, pharaons et larbins élus «démocratiquement» – oripeaux prétentieux couvrant la détresse extrême de ces populations abscons qui auront plus que jamais besoin d’une révolution ouvrière.
Au Proche-Orient le Hezbollah au Liban a maintenu ce pays hors du conflit en Syrie. En 2013, la Turquie paiera la rançon «kurde» de son immixtion dans la tourmente syro-iranienne, d’autant que la Turquie n’a pas été ceinte de la couronne de nouveau gendarme de l’empire au Proche-Orient. En Syrie, le nouveau gendarme des États-Unis dans le Golfe persique a poursuivi son agression contre le gouvernement syrien et la guerre civile n’a connu ni vainqueur ni répit. La Russie y défend sa néo-colonie ce qu’elle n’avait pas réussi en Serbie. Le Pentagone laisse ses alliés locaux mener le bateau à vau-l’eau. À vrai dire les Américains ne souhaitent pas un règlement rapide de cette guerre civile où ils sont peu engagés, car après Bachar al Assad destitué il ne restera plus rien devant les mollahs iraniens et l’Amérique n’est pas pressée de pousser sa politique d’agression dans cette région en ces temps de dépression (PIB-USA = – 2,4%).
Comme en 2012, les sionistes israéliens entre deux complots contre leurs rivaux, entre trois assassinats contre Ghaza et quatre constructions de maisons pour colons, poursuivront leur tragique réalignement stratégique… Quelle sera la misérable puissance de tutelle qui héritera de cette charge déshonorante quand les États-Unis se seront enfuis de ces malappris ? N’attendez aucune réponse définitive à cette énigme au cours de cette année du calendrier de l’Hégire (1434).
Le prétendant au trône doit se commettre
Ce n’est pas non plus en 2013 que l’Irak, l’Afghanistan et le Pakistan sortiront de la terreur imposée de l’extérieur. La situation ne fera qu’empirer, les morts s’additionner, et les USA s’exfiltrer de ce guêpier qu’ils ont créé alors que l’ineffable Stephen Harper (Canada) jouera le matamore avec son armée de matadors emmurée dans Kaboul l’encerclée à former de futurs soldats pour les taliban !
En 2013, les menaces – les mêmes qu’en 2012 – s’abattront sur l’Iran sanctionné qui n’a d’autre choix que de résister et de menacer de fermer le détroit d’Ormuz en cas d’agression planifiée. L’économie mondiale ne pouvant se payer une telle agonie, la guerre contre l’Iran n’aura pas lieu, même après l’élection du bouffon à la Knesset sioniste.
En 2013, la Chine est intimée de s’afficher. Sommée par le grand capital international elle ne pourra s’éclipser plus longtemps de ses responsabilités et elle devra tenir son rang de superpuissance économique, industrielle et financière mondiale. En 2013, surveillez la Chine, c’est là que s’écrira quelques pages caractéristiques du nouveau règne du Dragon à moins que le puissant prolétariat chinois ne déjoue les ambitions de ses patrons.
Robert Bibeau

 

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