Les liquidités entravent l’émancipation de la Bourse d’Alger

Seize années après sa mise en place, la Bourse d’Alger ne compte aujourd'hui que seulement trois titres, un nombre insignifiant, selon des opérateurs économiques, qui expliquent cette situation par d'énormes liquidités monétaires et le peu d'attractivité du climat des affaires. La Bourse d'Alger (la SGBV), créée en 1997, est en fait la plus petite place boursière de la région MENA, avec une capitalisation de seulement 13,3 milliards de DA (180 millions de dollars) en 2012, soit moins de 0,1% du PIB du pays. A titre d’exemple, plus de 300 sociétés sont cotées à la Bourse du Caire, totalisant une capitalisation de 86 milliards de dollars, soit 46% du PIB égyptien. La Bourse de Casablanca compte 76 cotations pour plus de 60 milliards de dollars (67% du PIB marocain) alors que 52 sociétés, d’une valeur de 10 milliards de dollars (24% PIB), sont cotées à la Bourse de Tunis. Selon une récente étude élaborée conjointement par la Cosob, la SGBV et le Pnud, la taille réelle de l'économie algérienne mériterait une capitalisation boursière de 40 milliards de dollars avec 150 sociétés cotées.
Le frein d'un marché monétaire trop actif !
Le Forum des chefs d’entreprises (FCE) estime que le marché bancaire et monétaire est trop diversifié pour laisser émerger la Bourse. «On ne recourt pas au marché financier quand le marché monétaire est aussi actif et aussi présent», a déclaré Réda Hamiani, président du forum. Par ailleurs, l’expérience du Groupe Alliance Assurances représente, pour M. Hamiani, un «contre-exemple» qui incite les industriels, à la recherche de financement, à «plus de réserves». Le patron d’Alliance Assurances, Hassen Khelifati, est, en revanche, très satisfait de son expérience à la Bourse d'Alger. «Notre entrée en Bourse relève d'un choix stratégique, qui nous a permis de nous rapprocher du grand public et de réaliser notre augmentation de capital par un moyen moderne de financement.». L’assureur privé a enregistré une hausse de son chiffre d'affaires de15% en 2011 par rapport à l'année 2010. Le groupe industriel Cevital, annoncé comme un candidat potentiel à la Bourse d’Alger, a laissé entendre que son entrée en Bourse restait tributaire de la concrétisation d’un certain nombre de ses projets. «Lorsque nous aurons les autorisations pour ces projets, nous aurons besoin à ce stade-là de lever des capitaux» sur le marché boursier, a déclaré à l’APS un responsable de la direction générale de ce groupe privé. L’entreprise avait déjà utilisé les services de la Bourse d’Alger dans le cadre d’une émission obligataire dont la dernière tranche a été remboursée en janvier 2012. La réglementation «tatillonne», les «obstacles à l’investissement privé», la «prépondérance de l’informel dans le secteur privé au moment où l’accès à la Bourse suppose une transparence totale» constituent, en outre, de vrais obstacles devant les entreprises désirant entrer en Bourse, résume la même source. De son côté, le président de la Chambre algérienne du commerce et de l’industrie (CACI), Tahar Kellil, estime que l'explication est à chercher du côté des banques. «Les banques doivent jouer leur rôle car elles sont censées conseiller leurs clients d’intégrer la Bourse. Maintenant, si les entreprises n’iront pas à la Bourse malgré la réforme annoncée du marché financier, cela veut dire que les banques de la place ne jouent pas le jeu», a-t-il déduit. Par ailleurs, M. Kellil a invité les entreprises publiques, financièrement solides à «donner l’exemple» et aller en Bourse.
R. E.
 

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