Désobéissance tolérée

Par Kamel Moulfi – Le secteur du commerce de détail met régulièrement l’autorité de l’Etat au défi. A l’occasion de l’Aïd El-Adha, c’est carrément une humiliation que les commerçants ont infligée au gouvernement. Les perturbations dans les grands centres urbains – c’était flagrant – ont commencé la veille avec la rareté du pain. Les prix, pour leur part, se sont envolés au nom du principe de l’offre et de la demande derrière lequel le ministère du Commerce cache l’impuissance de ses services de contrôle à faire face aux infractions à la loi. En fait, l’Etat ne joue pas son rôle dans la protection du citoyen abandonné à la voracité d’une catégorie de marchands qui trouvent dans ces circonstances la possibilité de s’enrichir facilement. Si on ajoute le fait que tout cela se déroule dans l’informel, c'est-à-dire en violation de toutes les lois et donc en échappant particulièrement aux obligations fiscales, on mesure encore mieux l’étendue de la démission des pouvoirs publics dont les représentants savent tout et laissent faire. Le laxisme, motivé parfois par la crainte de l’émeute que la répression d’une infraction peut entraîner, produit des résultats catastrophiques dans un autre domaine, celui des accidents de la route. Là, également, ni la loi ni les amendements destinés à la rendre plus sévère, encore moins les discours, n’empêchent ce fléau de prendre des proportions de plus en plus grandes. C’est comme si la désobéissance civile était tolérée dans le secteur du commerce de détail et sur les routes. Le cadre de vie aussi, c’est-à-dire l’hygiène et la salubrité, mais pas seulement ces aspects, subit des agressions caractérisées dans l’indifférence des agents de l’Etat. On finirait par croire que la consigne donnée au personnel chargé de faire appliquer la loi est de ne rien faire, au point où, dans les rares cas où l’autorité de l’Etat se manifeste, les personnes concernées trouvent que ce n’est pas «normal» et se croient dans leur droit de protester. Il y a encore beaucoup de chemin à faire pour arriver à l’Etat de droit que le citoyen souhaite voir s’instaurer.
K. M.
 

Comment (3)

    Anonyme
    18 octobre 2013 - 12 h 13 min

    Quand les responsables de
    Quand les responsables de l’État respecteront eux-mêmes leurs propres lois qu’ils promulguent, le citoyen prendra l’exemple, mais quand l’État donne le mauvais exemple, comment voulez-vous que le citoyen ne suivent pas dans cette mauvaise direction. Le régime du clan d’Oujda veut garder le pouvoir absolument, il a peur de la moindre émeute, ce régime a instauré en Algérie un système de gouvernance corrompu, l’anarchie, la loi du plus fort, un régime de profiteurs, d’affairistes sans scrupule, de renégats et j’en passe, l’Algérie est devenue ou seul la corruption, l’anarchie ont force de loi. Le simple citoyen lui doit se soumettre au diktat des corrompus et des incivils, pire il tentera de prendre l’exemple à son tour pour avoir sa petite part. Tout le monde tente de grignoter à sa manière, parce qu’en haut lieu on vole des dizaines de milliards de $, depuis 1999, avec l’arrivée de Bouteflika non élu, mais imposé au peuple algérien.Voilà ce qui se passe dans un régime anti démocratique, chacun fait sa loi.

    jezzar
    18 octobre 2013 - 11 h 24 min

    À l’origine, la mafia est
    À l’origine, la mafia est organisée, elle a un chef et des exécutants ; mais plus la pauvreté va croître dans la Sicile de la fin du XIXe siècle, plus les « mafias » vont prospérer et s’organiser, plus elles vont être nombreuses et s’affronter pour le contrôle des territoires et des revenus. Six caractéristiques définissent une mafia :
    1. Structuration de l’organisation qui suppose un engagement réciproque de ses membres et un certain nombre de règles internes.
    2. La violence qui est à la fois utilisée pour accéder à des richesses et pour protéger l’organisation par l’intimidation.
    3. La mafia a aussi un rôle social. Les mafieux cherchent à avoir des rôles importants dans des activités de médiation sur le plan politique, social ou économique, en particulier pour la jonction entre la sphère légale et illégale.
    4. Un ancrage territorial. Ainsi tout en ayant des activités internationales, les mafias cherchent à garder des liens sur leurs territoires d’origine.
    5. La coexistence entre les activités légales et illégales entre l’ensemble des ressources de l’organisation. Seule l’Italie, confrontée de longue date aux phénomènes mafieux, a défini le crime d’association mafieuse.
    6. Le lien avec les classes politiques et les institutions, soit à l’échelle régionale, soit à l’échelle nationale. Grâce à cette interpénétration, elle arrive à accéder à certaines ressources, dont des marchés publics. Elle arrive dans certains cas à agir en toute impunité judiciaire parce qu’elle monnaie son soutien à la classe politique à travers l’influence qu’elle exerce sur la société.

    Abou Stroff
    18 octobre 2013 - 8 h 33 min

    la culture dominante d’une
    la culture dominante d’une formation sociale est la culture de la classe dominante. en d’autres termes, à travers divers moyens et media, la culture de la classe dominante et les valeurs qu’elle véhicule sont acceptées comme culture et valeurs « naturelles » auxquelles adhèrent toutes les autres couches sociales, y compris celle qui sont dominées (voir les formations sociales capitalistes avancées où les valeurs de la bourgeoisie, classe dominante, sont appréhendées comme les valeurs intangibles par toutes les couches sociales, y compris les SDF). dans la formation sociale algérienne où le système basé sur la distribution de la rente (matérialisation d’une valeur produite au sein du marché mondial et qui « subventionne » l’économie domestique) est le système dominant, les valeurs dominantes sont les valeurs des couches rentières. de ce fait, l’Etat se résume à une couche sociale (ou à plusieurs couches sociales) qui monopolise la distribution de la rente et considère que l’algérie et les algériens lui appartiennent. cette couche dominante fait face à des couches clientes réduites à un ensemble de « tubes digestifs ambulants ». la formation sociale algérienne se reproduit ainsi grâce au travail des « autres » et cet aspect primordial permet de comprendre la culture et les valeurs dominantes. en effet, la valeur essentielle qui domine la formation sociale algérienne peut se résumer dans le slogan: « ragda ou t’mangi ». ce slogan permet de comprendre la démission de l’Etat (en supposant que l’Etat et le pouvoir en place sont une seule entité) puisque ce dernier, à travers les couches qui le dominent, n’a qu’un objectif: la paix sociale à tout prix pour que la prédation (la privatisation de la rente, en particulier) se fasse sans accrocs. le même slogan permet de comprendre le comportement des couches clientes qui sont de fait infantilisées par la distribution de la rente, laquelle les déresponsabilise vis à vis de leur environnement en particulier et du système au sein duquel elle végètent, en général. moralité de l’histoire: dans une société moderne, les couches sociales dominantes (la bourgeoisie) sont la référence de base des couches dominées qui aspire à grimper l’échelle sociale. dans une société basée sur la distribution de la rente, les rentiers sont la référence. or, les rentiers algériens actuels véhiculent toutes les valeurs qui contrarient le progrès et le développement de la formation sociale algérienne. la question qui se pose aux patriotes algériens est d’une simplicité maladive: comment neutraliser les couches rentières et détruire le système rentier qui bloquent toute émancipation de l’algérie et des algériens?

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