L’avocat Damien Viguier : «Les médias français sont les porte-voix de leurs maîtres dans l’affaire syrienne»
L’avocat français Damien Viguier a expliqué pourquoi des Syriens, assistés par un collectif international d’avocats, ont déposé des plaintes pénales devant la Cour de justice de la République française contre le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, pour complicité de crimes commis en Syrie. A la question de savoir si l’opinion française ne risque pas de comprendre cette action comme une démarche de propagande visant à soutenir le régime syrien, Me Viguier assure qu’une chose pareille ne risque pas de se produire en France car «tout est sous contrôle et verrouillé». «Les médias français parlent d’une seule voix, celle de leurs maîtres», atteste-t-il, en précisant que ce n’est pas le collectif qui se plaint, mais qu’il ne fait que «conseiller et assister» les familles syriennes victimes de la barbarie des terroristes soutenus par la France. Pour cet avocat, la fin de cette action est «d’obtenir la condamnation et la sanction» du ministre des AE, expliquant qu’il existe une procédure en ce sens, permettant à des particuliers de faire entendre le préjudice qu’ils subissent du fait d’un ministre dans l’exercice de ses fonctions ; celle-ci a été instaurée à l’époque du scandale du sang contaminé. Loin d’être naïf, Me Viguier dit ne pas être en mesure de se prononcer sur le fait que la plainte va oui ou non être acceptée par la commission des requêtes de cette Cour, dont il ne doute pas du poids, seulement pour lui, il est déjà bien que ces gens qui ont souffert trouvent une voie pour crier cette souffrance. «Tout ce que j’espérais est déjà là. C’est-à-dire que les gens qui, là-bas, ont souffert des agissements de notre ministre, ont trouvé une voie pour crier cette souffrance. C’est un exutoire. On les a délogés, on a détruit leurs maisons, on a mis le chaos dans leur pays, et en plus il faudrait leur expliquer que ceux qui en sont les responsables ne seront pas inquiétés, que leur plainte ne peut pas être entendue, parce qu’elle n’aurait aucune chance de conduire… à quoi finalement ? L’intéressé encourt plusieurs fois la perpétuité. Croyez-vous que je sois naïf au point de croire qu’il sera condamné au maximum ?» explique-t-il. Concernant les faits dont Laurent Fabius est accusé, l’avocat donne une liste de qualifications qui recouvrent ces faits : menaces de mort, violation de domicile, dégradation et destruction, mutilation, assassinat, séquestration, enlèvement, détention et atteinte à l’intégrité du cadavre à raison de sa supposée non-appartenance à une religion déterminée. A la question de savoir en quoi Laurent Fabius serait coupable de ces faits, l’avocat répond : «pour complicité», en affirmant du point de vue juridique que l’argument est «absolument sérieux». «Berriat Saint-Prix définissait la complicité comme "l’action d’exciter à commettre un délit". C’est ce qu’a fait Laurent Fabius. A des moments où d’ailleurs le conflit semblait pouvoir trouver une issue diplomatique, il a réactivé le chaos par des déclarations tonitruantes d’une violence invraisemblable. Du jamais vu», dénonce-t-il. Interrogé sur comment il peut y avoir une complicité entre les auteurs des crimes en Syrie et le ministre des AE français qui se livre à des déclarations, il explique que parmi les cas de complicité, en droit, il y a la provocation par abus d’autorité. Selon lui, l’abus a consisté à détourner le prestige dont il était affublé pour l’orienter vers des fins inavouables. Il a œuvré à faire perdre toute légitimité et à rejeter même dans l’illégalité un chef d’État étranger, et avec lui les forces de l’ordre, police, armée, justice, de tout un pays ; ce faisant, il appelait à la révolte et tendait formellement à donner toute légitimité et même toute légalité aux actes de désobéissance et jusqu’aux crimes et aux délits commis au nom et sous les «ordres» d’une prétendue rébellion contre ce chef d’État, son armée, son administration et sa population. Laurent Fabius a été, du moins ce que soutiennent les plaignants, la [cause] des crimes dont ils ont souffert. En autorisant la désobéissance, il rendait la protection de la population d’autant plus difficile. Pour rappel, ce même collectif a envoyé une lettre ouverte au président français François Hollande, lui affirmant que ses informations sur la Syrie sont fausses et dont Algeriepatriotique a fait état dans un article précédent (voir le lien ci-dessous).
Mohamed El-Ghazi
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