La vraie histoire d’Amar Saïdani : propulsé député après un tripotage des chiffres (V)

«Ne s’avouant pas vaincu, Amar Saïdani est allé se plaindre à son ami de la SM, le commandant El-Hachemi. Ce dernier l’embarqua aussitôt dans sa voiture et fit le tour de tous les quartiers d’El-Oued afin que la population voie que Saïdani est soutenu par les services et par l’armée, et que, de ce fait, son éjection du FLN local n’allait pas se passer comme ça», raconte la même source. Et c’est le secrétaire général du FLN de l’époque, Boualem Benhamouda, qui trancha le litige en envoyant le 5 mai 1996 une lettre solennelle au wali d’El-Oued (n°80/96) l’informant officiellement qu’Amar Saïdani n’est plus le mouhafedh FLN d’El-Oued et qu’il ne représente dorénavant que lui-même. Mais c’était sans compter sur la capacité de rebondir de Saïdani. Menacé par l’affaire des coups et blessures contre la personne de Youcef Brahimi (nous y reviendrons dans un prochain article) et accusé par le FLN d’avoir dilapidé la caisse locale et fait disparaître pratiquement tout le parc roulant dont les voitures des membres du bureau politique, Saïdani allait profiter d’un autre coup de pouce de son «ami» des services. Au-delà de se tenir debout à son procès, le commandant El-Hachemi va l’aider à devenir député au détriment du candidat local de l’ex-Hamas. «Il faut dire que son score électoral était éloquent dans toute la wilaya : 2 500 voix», se rappelle la même source. Un score qui reflétait l’état de popularité de Saïdani, vomi par la population locale. «Le résultat était tellement sans appel que Saïdani s’est effondré dans un centre de dépouillement ; il fut évacué vers l’hôpital pour apaiser son diabète», assure notre interlocuteur. Mais qu’à cela ne tienne. Un tour de passe-passe administratif et voilà que Saïdani se voit propulser député après deux jours de scandale et de tripotage des chiffres et un recours non validé de son concurrent de l’ex-Hamas. Huit ans plus tard, il présida par on ne sait quel autre miracle aux destinées de l’Assemblée nationale populaire. Ainsi, le passé d’Amar Saïdani est aussi trouble que le personnage lui-même. Mensonge, trahison, brutalité, népotisme, hogra, affairisme… la liste est tellement longue que cette tentative de défricher le «CV» de Saïdani n’a fait qu’entrevoir la partie émergée de l’iceberg. Nous détenons encore d’autres éléments sur les agissements de ce sinistre personnage, devenu par la force des choses le porte-parole du président de la République sans qu’on sache pourquoi et comment. Et s’il y a une histoire qui peut résumer l’opportunisme vil de Saïdani, c’est ce qu’il a fait à son propre père, Mouldi. Un modeste monsieur aimé et respecté qui s’est voûté le dos dans les mines d’Oum El-Araeis sans tenter de profiter du système. A son décès, son fils lui fit établir un certificat d’appartenance permanente à l’Organisation nationale des moudjahidine en tant qu’ancien maquisard.
Hani Abdi
(Fin)

 

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