Les travailleurs algériens de Saipem dénoncent leurs dirigeants

Les travailleurs de la société italienne Saipem ont manifesté, une nouvelle fois, leur colère face au traitement qui leur est réservé de la part de leurs dirigeants italiens qu’ils assimilent à de l’«esclavage». Et c’est à travers une pancarte qu’ils ont cette fois-ci décidé de s’exprimer en choisissant de la déployer dans le quartier huppé de Sidi Yahia, sur les hauteurs d’Alger, qui offre la particularité d’être très fréquenté par les expatriés des sociétés étrangères présentes en Algérie. Les employés de Saipem qui se déclarent en grève appellent à l’intervention des pouvoirs publics pour, écrivent-ils, «mettre fin à l’esclavagisme». «Halte à l’exploitation des Algériens par les étrangers», lit-on d’ailleurs de manière très explicite dans la pancarte dressée par les protestataires pour se faire entendre des autorités. La société italienne semble être une habituée des mouvements de contestation des travailleurs. En 2009 déjà, une vingtaine d’employés avaient observé une grève de la faim durant plusieurs jours pour dénoncer la suspension de la relation de travail qui les liait à Saipem. La société italienne, impliquée jusqu’au cou dans l’octroi de commissions à des responsables haut placés pour obtenir des marchés en Algérie, s’était retrouvée, suite à cela, face à de grandes difficultés financières. N’ayant plus obtenu de nouveaux marchés auprès de Sonatrach, Saipem met donc fin aux contrats de travail de dizaines de ses employés qui se sont retrouvés à la rue sans aucune indemnisation. En sus de la baisse de ses résultats financiers, sa valeur de marché a connu une chute libre au cours de l’année 2013. Pis encore, sa dette financière a avoisiné les 6 milliards d’euros. Et les enquêtes ouvertes par la justice dans le cadre des scandales de corruption ne sont pas pour arranger la situation de Saipem en Algérie qui fait maintenant face au non-paiement de certaines factures importantes. Cela, sans parler du blocage de son compte bancaire dans lequel sommeillent quelque 80 millions d’euros. La situation de Saipem Algérie est donc devenue intenable, ce qui l’incite à licencier à tours de bras les travailleurs, sans se soucier de la législation du travail qui se retrouve bafouée sans que les autorités bougent le petit doigt.
Amine Sadek
 

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