Salah Goudjil : «Des interférences extra-partisanes imposent une direction illégitime au FLN»

Après l’ancien ministre Abdelaziz Ziari, c’est Salah Goudjil, sénateur du tiers présidentiel, qui s’exprime sur la situation interne au FLN. Cette ex-figure de proue du mouvement de redressement contre Abdelaziz Belkhadem (destitué en janvier 2013) assure que la crise au FLN a été aggravée par des interférences extra-partisanes. «Par la faute d’interférences extra-partisanes ayant imposé une direction illégitime qui, fuyant les problèmes purement internes au parti, recourt à des prises de position très graves touchant directement à la stabilité des institutions nationales. Une stabilité qu’en réalité le parti doit défendre et préserver à tout prix et dans toutes les circonstances», a-t-il écrit dans une contribution adressée aux médias nationaux. Une contribution dans laquelle il décortique la crise persistante au sein de l’ex-parti unique et formule des propositions pour mettre un terme à cette situation conflictuelle qui risque d’être fatale au FLN. Pour Goudjil, la seule voie de salut pour le parti, c’est d’aller vers une direction collégiale. «Pour éviter le pire, une solution existe et peut encore sauver le bateau FLN : c’est de revenir très rapidement à un principe cardinal ordinairement appliqué par le parti et bafoué ces dernières années, à savoir le retour à la direction collégiale. Dans cette phase transitoire, la direction aura des missions et des attributions bien précises. Composée d’anciens militants choisis parmi les sages ayant déjà occupé des responsabilités nationales au sein du parti et n’aspirant à aucune ambition politique, elle aura à diriger le parti provisoirement et doit s’atteler à rendre aux instances nationales leur légitimité», souligne Salah Goudjil qui dit comprendre et cerner la complexité du conflit et sa profondeur politique et stratégique. «Alors que tout le monde s’attendait à voir les vœux de militants enfin se réaliser» avec le départ de Belkhadem, le parti «se retrouve dans une situation plus grave», a-t-il regretté. Il dénonce les pratiques qui ont vu le jour après le 8e congrès, «caractérisées par l’égoïsme, le clientélisme et l’allégeance aux personnes au détriment des idées, par l’arbitraire et la complaisance dans la désignation aux postes de responsabilité et le bannissement du débat contradictoire, tout en recourant systématiquement au chantage, au marchandage et à l’exclusion des cadres responsables reconnus pour leur militantisme, leur compétence et leur intégrité, pour les remplacer par des intrus et opportunistes parmi les affairistes de tous bords, des pratiques qui ont été exaspérées et généralisées au lendemain du 9e congrès (mars 2009)». «Devant cette situation, la base militante n’a eu de cesse d’exprimer à sa façon, et souvent de manière brutale, son refus de voir les valeurs et principes du FLN devenir l’objet de manipulations, de compromissions et de déviations, en réclamant l’assainissement du parti pour le ramener sur le droit chemin afin qu’il soit su service de nation et concourir à la concrétisation des espoirs et des aspirations des masses populaires», a-t-il souligné. Le FLN vit, selon lui, une crise multiple. Elle est «identitaire» par le fait que l’identité du parti, sciemment dénaturée, a brouillé les repères et les référents qui unissent ses militants. Il souligne également la crise de confiance engendrée par les contradictions flagrantes entre les discours et les actes et par le non-respect des prérogatives des instances. Il parle également d’une crise d’organisation illustrée notamment par le non-achèvement de la mise en place des instances locales du parti, et ce, après de longues années, instances remplacées par des structures fictives basées sur des procès-verbaux généralement falsifiés.
Sonia B.

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